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vendredi 22 octobre 2021

Le murmure des hakapiks - Roxanne Bouchard

La lame tranche la chair en lanières fine, puis en petits morceaux. [R.B.]

J'ai littéralement été happé par cette lecture policière et madelinienne qui se déroule en grande partie dans le froid du nordet des Îles-de-la-Madeleine. Ce polar québécois constitue la troisième intervention de l'enquêteur d'origine mexicaine Joaquin Moralès admirablement créé par Roxanne Bouchard. L'histoire, en deux volets, fait intervenir l'agente de Pêches et Océans Canada Simone Lord rencontrée dans La mariée de corail. Elle doit monter à bord du Jean-Mathieu qui, en partance de Cap-aux-Meules, se dirige vers une chasse au loup marin du côté de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard avec un inquiétant équipage. Simone doit, à titre d'observatrice, valider les pratiques de chasse alors que le mauvais temps monte. Parallèlement, Moralès, qui vient de retirer son alliance, prend quelques jours pour une expédition de ski de fond longeant le Saint-Laurent. Ces deux personnages, réunis en pensée, vont être précipités dans une aventure pleine de tension et d'angoisse et on vivra la chasse aux phoques d'une particulière façon. Roxanne Bouchard nous fait humer l'air du large comme le huis-clos du chalutier. J'ai adoré cette inquiétante aventure. 

Il fait si froid que tout est immobile : la glace a coincé son petit bout de plage depuis un moment et la marée, apparemment au jusant, fait ressortir  les pointes dures des blocs bleutés. Le ciel est transparent. [R.B.] 

Le vent, aux Îles-de-la-Madeleine, ne se heurte à rien. Il glisse contre les dunes, traverse les lagunes et enveloppe les gens, puis emporte avec lui le superflu du bavardage vers le large. [R.B.] 

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Bouchard

Roxanne

La mariée de corail

12/10/2020


 

mercredi 6 octobre 2021

Les buveurs de lait sont des mutants et autres révélations étonnantes de la biologie - Guy Drouin

Pendant des millénaires, les êtres humains ont eu recours aux mythes pour expliquer le monde qui les entourait. [G.D.]

Cet été, j'ai été confronté à cette lecture biologique, un ouvrage de vulgarisation sur l’évolution, la génétique et leurs effets parfois surprenants. J'ai lu Les buveurs de lait sont des mutants et autres révélations étonnantes de la biologie de Guy Drouin. J'y ai pris beaucoup de plaisir, un plaisir lié à la découverte, à l'apprentissage de nouvelles connaissances. C'est un ouvrage présenté comme un texte de vulgarisation teinté d'humour. Disons que l'humour est assez secondaire, mais cela n'en constitue pas l'objectif. En ce qui concerne la vulgarisation, il m'a semblé que l'auteur était parfois avare d'images pour bien faire passer ses idées et les concepts qu'il nous présente. Je suis assuré n'avoir pas été le seul à être largué dans quelques passages. Puis, bizarrement, alors que c'est un ouvrage qui porte principalement sur l'évolution et que l'auteur nous invite plus d'une fois à considérer l'aspect fondamentalement aléatoire de ce processus d'évolution, il se laisse aller dans quelques phrases, dans quelques paragraphes, à donner à l'évolution un pouvoir de décision ou un sens allant vers une fin, vers un objectif.

[L’évolution] doit procéder en modifiant ce qui existe tout en s’assurant que les changements apportés ne sont pas délétères. [G.D.]
Étant donné que cette mutation s’est produite il y a environ 30 000 ans et que le climat en Asie de l’Est était chaud et humide à cette période, il est possible qu’elle ait été sélectionnée pour mieux résister à la chaleur. [G.D.]

J'avoue que cela m'a troublé, même s'il ne s'agissait probablement que de simple abus de langage. Un texte de cette nature devrait, selon moi, faire bien attention à ne pas suggérer ce type d'idées et en revenir systématiquement au hasard et à la nécessité.

Le temps est donc venu de reléguer les réponses de nos diverses religions au statut de curiosités historiques et politiques. Ce sont des hypothèses qui ne sont pas testables, ni nécessaires. [G.D.]

vendredi 10 septembre 2021

Le deuxième mari - Larry Tremblay


Un mois avant la date fixée pour son mariage, Samuel ne sait rien de la femme avec qui il va s’unir pour la vie.
 [L.T.]

Larry Tremblay nous offre ici une inversion des rôles qui porte à réfléchir sur ce que l’on considère être de l’ordre culturel et appris dans le milieu, sur ce que l’on admet trop facilement pour être inamovible et de la nature des choses. Le procédé peut paraître simpliste, mais il est bien mené de la première ligne à la toute fin et le choc se répartit sur l’ensemble de la lecture de ce court conte. Samuel vit dans un univers où les femmes dominent. Il devient le deuxième mari d’une femme beaucoup plus âgée que lui. Il devra abandonner ses désirs d’études et de carrière. Il n’est pas question de religion, bien que celle-ci puisse être le support de tels comportements de la société fictive que Larry Tremblay décrit. Il met en scène les mécanismes qui permettent la domination d’un sexe sur l’autre. Voilà une fable simple, mais efficace. 

Un enfant paralysé par la peur vient de s’emparer de l’homme adulte qu’il est. [L.T.]


dimanche 27 juin 2021

La raison vient à Carolus - David Turgeon

L’eau montait dans la cave, et en attendant le plombier j’avais remonté à l’étage quelques boîtes de carton vulnérables, qui avaient été autrefois empilées à même le sol. [D. T.]

C’est, en partie, à haute voix que j’ai lu La raison vient à Carolus. Il me semble que cela m’a permis d’apprécier de façon encore plus significative la magnifique écriture de Turgeon. Le narrateur, au hasard d’un dégât d’eau, découvre, redécouvre et explore un ensemble de boîtes qui lui viennent directement de l’enfance, de la mémoire et d’un ami aujourd’hui disparu, Carolus. Mais, ce mystérieux et solitaire ami, ne serait-ce pas une part de lui-même, une zone de son enfance qu’il aurait voulu remiser dans quelques interstices à l’abri du souvenir. Ce Carolus, double de lui-même, a laissé des traces écrites à la manière d’un journal multiforme et ce sont ces pistes que suit le narrateur dans le dédale de ses remembrances, qui lui font revivre des épisodes de vie à la manière des madeleines d'un certain Proust. 

[…] jouer était, semble-t-il, notre occupation principale, ou plutôt non, pas forcément notre occupation principale, mais notre façon maîtresse d’appréhender le monde, notre premier point d’ancrage dans la réalité. [D.T.]
Carolus et moi, nous tenions têtes aux assauts du monde. Nous refusions que la cruauté et l’abjection dictassent le cours des choses. Nous bâtissions contre leur joug des abris faits de mots et de dessins […]. [D.T.]

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Turgeon

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26/05/2021

Turgeon

David

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03/11/2021

Turgeon

David

Simone au travail

17/11/2017


 

mercredi 26 mai 2021

Les bases secrètes - David Turgeon

 

Au moment où commence cette histoire, Irénée Manche vient d’entendre, au loin, la sonnerie de sa porte. [D.T.]

Comment qualifier ce roman qui prend pour socle la littérature et l'écriture, dont le décor n'est autre que le monde littéraire et ses acteurs, où le lecteur est invité à assister à la fabrication même du roman en se faufilant dans des recoins dont on ne sait s'ils appartiennent à l'histoire principale ou à l'une de ses multiples branches ? Est-ce un roman à tiroirs ou un roman à clef, une aventure littéraire ou l'exercice d'un déploiement des potentialités narratives ? C'est, selon moi, quelle que soit la catégorie officielle dans laquelle on tenterait de le classer, un roman où l'invention est en première place, où le lecteur, bien volontaire, se laisse bousculer de belle façon, avec une intelligente plume qui manie à merveille les pleins et les déliés.   

J'ai aimé m'aventurer dans le labyrinthe construit pour ces personnages issus du monde de l'édition, de salons du livre ou de rencontres d'auteurs. J'ai assisté heureux à cet amour naissant entre un ex-philosophe maladroit et une mystérieuse chanteuse. Dans cette mise en abyme que constitue Les bases secrètes, je me suis guidé du mieux que je pouvais à l'aide de la carte que m'offrait l'auteur et j'en sors riche d'un nouveau voyage. 

Il est remarquable, constate Irénée, que la carte parvienne, sur une superficie comparativement limitée à suggérer toute la complexité du monde représenté; un état de l’univers dépourvu de sens, de finalité, mais pourtant riche de formes et de potentiel; un espace de narration infini au sein duquel toutes les routes se valent. La cartographie, conclut-il avec joie dans le soir qui s’installe, ouvre à un monde plus vaste que le monde lui-même. [D.T.]

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03/11/2021

Turgeon

David

Simone au travail

17/11/2017

dimanche 16 mai 2021

L'évasion d'Arthur ou La commune d'Hochelaga - Simon Leduc

 « La neige tombe pus, è pousse. » [S.L.]

Simon Leduc, par ce premier roman, nous livre une multitude de regards, parfois désabusés, parfois amusés, sur des habitants trop souvent ignorés de l'est du bas de la ville de Montréal. Il nous raconte par des événements choc l'émergence d'un projet révolutionnaire, à la fois anarchiste et nihiliste. C'est, entre autres, par les expériences de vie d'Arthur, ce petit garçon de 10 ans, que nous nous insérerons dans une école désaffectée, foyer du mouvement, pour voir comment s'organise un certain idéal libertaire. L'évasion d'Arthur ou La commune d'Hochelaga est une oeuvre construite tel un roman choral, les chapitres sont tour à tour rédigés selon les perspectives des divers acteurs: Arthur, ses parents dépassés, les bums de l'école, des policiers... Cela donne lieu à plusieurs niveaux de langage, à des sections écrites à la première personne (pas toujours la même) ou encore par un narrateur externe. Nous sommes face à une fresque qui s'inscrit dans l'hyperréalisme ou le dépasse carrément pour s'aventurer dans le merveilleux à la manière d'un conte. Cela peut être déstabilisant. Toutefois, on gagne à se laisser porter par l'histoire et à vivre un moment avec cette bande de personnages brisés et amochés, mais toujours vivants.

Oh non! Dis-nous pas qu'il a fallu. Pas ce verbe-là. Falloir. Ça se dit même pas à la première personne. Je faux. Nous fallons. C'est presque plus du français. Pis l'impersonnel, c'est contre-révolutionnaire. [S.L.]

C'est peut-être ce qu'il y a de plus beau à la commune, son secret le mieux gardé : l'annexion du fleuve à son vaste territoire de rêve. [S.L.]

Arthur n'est pas une boule qui gigote, c'est une ombre dont l'innocence s'échappe. [S.L.] 

dimanche 24 janvier 2021

L'avenir - Catherine Leroux

Dix jours après l’arrivée de Gloria, le voisin est tué en pleine rue. [C.L.] 

Catherine Leroux, dont j’avais apprécié les histoires anonymes de solitudes regroupées autour de la mort d’une mystérieuse Madame Victoria ou encore le style assumé dans la traduction réussie du magnifique Nous qui n’étions rien de Madeleine Thien, nous transporte ici dans un Fort Détroit imaginé, un Fort Détroit survivant et demeuré francophone, un Fort Détroit abandonné où les quelques habitants tentent de faire revivre des lieux à la dérive. C’est donc à l’intérieur de cette surprenante uchronie que Gloria, en deuil de sa fille, est à la recherche de ses petites-filles depuis disparues. Dans ce milieu violent, dur et a priori inhospitalier, Gloria va trouver une étonnante solidarité faite de bienveillance et de liberté. C’est cet équilibre parfois précaire entre la rudesse du lieu et la coopération de certains de ses occupants qui apporte à cette histoire du futur l’espace nécessaire pour qu’une subtile lumière puisse s’insérer. L’avenir, c’est aussi un regard sur le temps, sur notre rapport ambigu avec demain, sur notre perception de l’enfance et les relations intergénérationnelles. L’avenir, c’est aussi une lueur d’espoir.

La ville des révoltes, des faillites, des injustices et des balles perdues, la ville des mauvais sorts, des pyromanes, des esprits frappeurs. [C.L.]

Un mobile en disques vinyle flotte au vent ; en passant dessous, elle perçoit un subtil air de blues qui s’en échappe. [C.L.]

[...] la frénésie du doute, le supplice de l’impuissance accélèrent sa présence au monde. [C.L.]

Qu’est-ce qui disparaît lorsque meurt un ami ? [...] Une des choses qu’on perd, pense Salomon, c’est celui qu’on était avec cette personne, les parties de nous qu’elle faisait exister. Dans le cas d’un ami aussi ancien, on est également dépouillé du souvenir de ce qu’on a été. Plus personne, désormais, ne se rappelle le Salomon de vingt ans, amoureux fou, demandant à César d’être son témoin à un mariage qui n’aurait pas lieu. Plus personne ne peut décrire le garçon de treize ans qui jouait aux dés dans la rue pour payer ses leçons de musique, qui fuyait les brutes du secondaire, qui lançait des roches à la police. Plus personne ne se souvient de la tête qu’il faisait lorsqu’à cinq ans on l’avait assis pour la première fois devant un piano droit. [C.L.]

[...] pour la première fois, il a compris ce qui poussait Bègue vers les livres : la sensation de découvrir une réalité jusqu’alors impossible à concevoir mais qui, une fois saisie, s’avère présente depuis longtemps, pesant sur l’esprit comme seules les vérités qu’on ignore peuvent le faire. Les mots font apparaître les choses qui sont déjà là. [C.L.]

Appréciation 3,5/5

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mercredi 25 novembre 2020

Un dimanche à ma fenêtre - Christian Vézina

Si j'avais écrit ce livre, il eût été bien différent. Bien sûr, je suis l'auteur de ces textes, mais je les ai écrits pour les dire, sans autre but que de les lire à la radio le dimanche matin... [C.V.]

Que de beaux souvenirs surgissent à la lecture de ces chroniques, je les entends encore dans le cadre de l'émission Dessine-moi un dimanche diffusée sur les ondes de Radio-Canada. Plus d'une fois, j'ai été tenté de les réécouter, plus d'une fois, je me suis dit que j'aimerais bien relire ces textes inspirés, ces billets jouant avec la langue, la poésie et l'humour sur des thèmes aussi variés que l'imagination sans retenue de leur auteur. Les intitulés de ces chroniques font foi de l'éclectisme de la démarche, en voici quelques-uns : Et que dire de ce fromage?, Un pluriel singulier, Le mépris, Les mots, Art ne prend pas d'accent circonflexe, Déménager, Nostalgie, Y réfléchir et l'imaginer, ...

Pertinence de l’impertinence, le rebelle est insupportablement nécessaire. [C.V.]

Comprends-tu, chose, la nostalgie c'est comme l'eau : si on n'y reste pas trop longtemps c'est une cure de jouvence! Autrement on en sort tout plissé! [C.V.]
J'ai lu ce recueil loin de chez moi, j'y ai trouvé le réconfort des bons mots chuchotés à mon oreille avec le désir de se laisser porter par la parole, les idées, les tournures et un verbe sans prétention.

Appréciation : 3,5/5

dimanche 22 novembre 2020

Ornithologie - Mathieu K. Blais

Un jour, un oiseau est venu mourir sur ma galerie. [M.K.B.]

J'ai été attiré par le titre et le concept tel que je l'avais compris. J'aimais l'idée de retrouver dans le comportement des oiseaux des réflexions sur la vie, sur ma vie, d'y trouver une symbolique qui se détache du commun, une métaphore sociétale ancrée dans le personnel qui s'amuse sur les ailes des mots. J'ai peut-être réussi à y voir un peu de cela, mais malheureusement de façon éparse dans les quelques pages du recueil. Est-ce que ma disposition à lire de la poésie n'était pas entière? Mes attentes et mes désirs ne relevaient-ils pas plus de l'imaginaire et du rêve face à un auteur que je ne connaissais pas? J'ai, en partie, vécu une légère déception, mais, parfois, au croisement de deux phrases, sur le seuil d'une envolée, en tournant une page, j'ai sympathisé avec une tournure et j'ai repris ma marche dans l'expectative d'une nouvelle rencontre. 
J’habite une ville d’oiseaux fantôme. [M.K.B.]
Je ne suis nulle part. C’est une destination de rêve où il n’y a rien à faire ni à voir. [M.K.B.]
Le bleu du ciel n’est pas une couleur.
Le bleu du ciel est un symptôme. [M.K.B.]
On est à peine un bruit de fond. Le monde une faute de frappe. [M.K.B.]

J’emprunte toujours les mêmes raccourcis. C’est un labyrinthe rudimentaire. Je ne marche pas dans la ville, je marche dans ma mémoire comme dans la vallée de l’ombre. [M.K.B.]

Appréciation : 3/5 

lundi 12 octobre 2020

La mariée de corail - Roxanne Bouchard

Le bruit mouillé qui réveille Angel Roberts, c'est celui de l'eau qui se déchire sous le poids d'une cage qui tombe. [R.B.]

Je ne connaissais pas les écrits de Roxanne Bouchard. Je n'ai pas lu la première enquête du sergent Joaquin Moralès, Nous étions le sel de la mer, qui avait pourtant reçu une critique enthousiaste, mais j'ai été conquis par cette deuxième incursion dans l'univers gaspésien. Cette majestueuse Gaspésie est présente tout au long des pages captivantes de ce polar maritime. Elle s'immisce dans le texte par la mer, par les odeurs et les algues, par le maquereau et le homard, par les gens qui foulent son sol et naviguent ses eaux, par l'organisation de la pêche, par le parc Forillon, par la route de Rivière-au-Renard à Haldimand ou le sentier de l'Anse-aux-Amérindiens jusqu'au Bout-du-Monde. Plus qu'un décor, son charme envoutant vient magnétiser l'écriture et la mer fait miroiter à chaque fois des éclats de soleil. Il y a, bien sûr, une enquête. Elle concerne la disparition d'une capitaine de homardier, mais il y a aussi l'évolution difficile d'une relation père fils et celle de leurs couples respectifs.

C'est à un magnifique voyage que nous convie l'auteure qui nous fait vibrer au rythme des marées et de sa passion pour les gens de mer.

Le soleil étend sur la mer des copeaux d'or. [R.B.]

Il se penche sur le télescope, observe la nuit qui attend l'aube, se redresse. La Gaspésie est un pays sans trêve. [R.B.]
La veille, il a regardé les pêcheurs lancer la ligne, la rembobiner, et ce geste seul, chorégraphique, lui a paru complet en soi. Comme ces disciplines asiatiques qui consistent à répéter sans fin le même mouvement, en l’intégrant dans son corps afin de libérer l’esprit. Un taï-chi de bord de mer, pour démêler les fils noués de ses idées. [R.B.]
Le vent baisse lentement avec la fin de l'après-midi, comme fatigué par sa journée de travail à fouetter la mer, à brasser l'écume, à tenir les vagues en éveil. Moralès sent l'humidité grasse du salange sur sa peau, dans ses cheveux, contre le bas encore mouillé de son pantalon. [R.B.]
Au-delà des fenêtres, l'horizon s'étend dans la nuit, la mer éparpille les tessons lumineux de la lune comme autant de fragments insaisissables qui scintillent, illusoires, à sa surface. [R.B.]

Appréciation : 4,5/5 

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Roxanne

Le murmure des hakapiks

22/10/2021