vendredi 22 novembre 2019

Nous qui n'étions rien - Madeleine Thien

En un an, mon père nous a quittées deux fois. [M.T.]
S'agit-il de synchronicité, de coïncidence ou d'une certaine intertextualité avec l'histoire qui s'écrit ces jours-ci? J'étais plongé dans la lecture de ce magnifique roman influencé par la musique de Bach et un mystérieux assemblage de calepins réunis dans Le Livre des Traces, dans ce récit personnel et familial où une narratrice mathématicienne se met à la recherche de soi et de ses racines prenant pour décor l'aventure chinoise, de la révolution culturelle aux événements de Tiananmen quand les journaux télévisés rapportent de similaires agitations à Hong Kong.

C'est par les yeux de celles et ceux qui le vivaient que nous sont racontés le soulèvement et les manifestations de la place Tiananmen. Cela s'incarne ainsi d'une façon plus intense et il est impossible, ensuite, de porter le même regard sur cet élément d'histoire comme sur l'actualité qui en prend la forme.

C'est la quête de Marie et celle d'Ai-Ming pour reprendre contact avec leur passé qu'on retrouve dans Nous qui n'étions rien, mais c'est également une odyssée chinoise où les malaises, les douleurs et les rêves d'une multitude de personnages attachants, dont plusieurs sont musiciens, nous sont révélés à l'aide d'une plume qui semble s'inspirer de la pensée chinoise comme de la musique. Elle présente une admirable fluidité.
Wen lui avait raconté des histoires sur le désert, sur le camarade Oeil de verre et sur son père, l'Oiseau du silence. Vrille lui parlait de Grande Mère Couteau, de Dame Dostoievski et de Zhuli. [M.T.] 
- Vous seriez surpris du peu de gens qui savent raconter une histoire, disait le Vieux Chat. [M.T.]
Si tu aspires à ce qui n'est pas en toi, Jamais tu n'obtiendras ce que tu désires. [M.T.]
Le 18 mai 1996, je regardais la télévision tout en essayant de résoudre un problème ardu (Supposons que D est un nombre entier positif qui n'est pas un carré parfait. Prouvez que la fraction continue de √D est périodique.) quand le téléphone a sonné. [M.T.]
 À l'intérieur de la pureté du do se cachait un éventail d'harmoniques riches et l'écho des autres do, comme un homme vêtu de plusieurs habits ou une grand-mère portant tous ses souvenirs en elle. [M.T.]
Je conservais les papiers de mes parents dans le placard de ma chambre et, sur le mur, une citation de Cantor : L'essence des mathématiques, c'est la liberté. [M.T.]
Était-ce son imagination, ou y avait-il une question soigneusement pliée dans cette question? [M.T.]
La seule façon de traverser la rivière est de chercher les pierres avec ses pieds. [M.T.]
Devant, le chemin est loin et long, mais je chercherai de long en large. [M.T.] 

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