mardi 26 février 2019

Sérotonine - Michel Houellebecq

C'est un petit comprimé blanc, ovale, sécable. [M.H.]
Je dois l'avouer d'office, j'ai de la difficulté avec Houellebecq.  Je reconnais la puissance de sa plume, son talent d'écriture, sa verve imaginative, et, plus d'une fois, je m'attarde sur une phrase pour y constater la beauté de la construction, le style assumé ou la potentialité poétique. Mais, et ce mais est majeur, je suis incapable de côtoyer pendant tout le cours d'un roman, soit-il merveilleusement écrit, un personnage, comme celui créé par Houellebecq, misogyne, raciste, adolescent attardé, qui ne voit une femme que comme un être voué au don de soi jusqu'à sa dissolution, comme une pourvoyeuse de sexe. Houellebecq a sur la société un regard critique et cynique, cela pourrait, en un certain sens, par sa lecture, devenir une contribution à ma perception du monde, mais cet avis critique sur la collectivité est tordu, réduit à moins que rien quand, d'un coup de plume, il crache sur la moitié du monde.
[...] les années d'études sont les seules années heureuses, les seules années où l'avenir paraît ouvert, où tout paraît possible, la vie d'adulte ensuite, la vie professionnelle n'est qu'un lent et progressif enlisement. [M.H.] 
Mais pourquoi m'entraîner vers ces scènes passées, comme disait l'autre, je veux rêver et non pleurer, ajoutait-il comme si on avait le choix [...] [M.H.]
Il était architecte, me dit-il. Un architecte raté, précisa-t-il. Enfin, comme la plupart des architectes, ajouta-t-il. [M.H.]
Toute chose existe, demande à exister, ainsi des situations s'assemblent, parfois porteuses de puissantes configurations émotives, et une destinée finit par s'accomplir. [M.H.] 

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jeudi 7 février 2019

La vallée des Dix Mille Fumées - Patrice Pluyette

Tout porte à y croire : en pleine retraite monsieur Henri se remet à naître. [P.P.]
C'est cette renaissance de Monsieur Henri que Pluyette décrit. Il la dépeint avec une certaine distance, avec un point de vue d'observateur neutre, un peu comme le regard que porte monsieur Henri lui-même sur l'univers qu'il redécouvre, qu'il expérimente, qu'il catégorise, qu'il classifie, qu'il répertorie selon une taxonomie spécifique. Monsieur Henri s'ouvre au monde et le contemple comme une première fois. Ce sera le plafond de sa chambre jusqu'aux différentes pièces de sa demeure, son jardin et la variété des plantes qui s'y trouve, et puis l'aventure du chemin qui se dresse devant lui. Monsieur Henri est un explorateur qui, soutenu par son médecin et son nouveau voisin, veut défricher jusqu'aux plus hauts volcans. Voilà un roman hors norme plein d'ironie qui présente l'histoire d'une aventure, la narration d'un périple, le conte d'une investigation du monde et de soi. J'ai aimé me laisser mener ainsi selon les goûts et les découvertes de ce personnage particulier qu'on pourrait rapprocher de Bouvard et Pécuchet dans certains de leurs aspects.
Une manière de poursuivre une idée longtemps est d'écrire un roman... [P.P]
Tous les parkings ne se ressemblent pas et il y a plusieurs sortes de moines en général. [P.P.]
Nous pouvons dire qu'il déploie une énergie débordante à se reposer, à ne rien faire, ne se levant qu'à des fins fonctionnelles jusqu'à la cuisine, la salle d'eau en face, allant du lit à la fenêtre et de la fenêtre au lit pour s'occuper des volets, s'aventurant dans l'escalier seulement le week-end histoire de couper avec la semaine. [P.P.]
[Il] ne s'ennuie pas pour autant, car la littérature remplit, satisfait pleinement, rend vivant - donne envie de lire et de vivre. [P.P.]

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La fourmi assassine