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mercredi 29 décembre 2021

Chroniques de jeunesse - Guy Delisle

À 16 ans, c'est le premier entretien que je passe pour décrocher un travail d'été. [G.D.]

La Coleco, rue St-Ambroise à Montréal
Guy Delisle  nous entraîne encore ici dans une oeuvre personnelle, mais qui, cette fois, est plus tournée vers ses racines que vers sa découverte du monde. C'est son expérience d'emploi étudiant dans une usine de pâtes et papier à Québec qu'il nous relate. Bien que cela se veuille très personnel, nous sommes probablement plusieurs à reconnaître dans ce choc de culture des éléments qui rappellent notre propre parcours. C'est en cela que ces chroniques réussissent à raconter quelque chose d'intime tout en ayant une résonance plus universelle. Pour ma part, en me plongeant dans cette lecture, c'était les décors de la Coleco, une usine de jouets du quartier Saint-Henri dans le Sud-Ouest de Montréal qui s'étalaient devant moi. J'y ai passé quelques mois à l'été 1972, je crois. Mon objectif était de me payer ma première flûte traversière. Comme Delisle le fera un peu plus tard et comme il le décrit si bien dans ses chroniques, je découvrais le monde du travail et le choc éprouvé en se rendant compte que, pour certains, ce cadre de travail dans la chaleur et dans le bruit, c'était le cadre d'une bonne partie de leur vie. Delisle fait revivre ces moments en finesse et en toute simplicité. Voilà tout l'impact de ce récit illustré.

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Delisle

Guy

Chroniques birmanes 

06/05/2016

Delisle

Guy

Chroniques de Jérusalem 

24/12/2014

Delisle

Guy

Shenzhen 

31/03/2015

dimanche 15 août 2021

La Castafiore, Nouvelle biographie très enrichie et toujours non autorisée ! - Albert Algoud

Depuis que je suis enfant, la Castafiore n’a jamais cessé de m’intriguer. [A.A.]

J’ai déjà mentionné, il me semble, avoir un faible pour l’intertextualité, pour les oeuvres qui s’interpellent au-delà des genres, au-delà des auteurs, au-delà des normes. La Castafiore d’Albert Algoud emprunte sans détour ce chemin et se permet un grand jeu de balles rebondissantes entre réalités et fictions, entre personnages de papier et personnages historiques, entre auteurs et créatures imaginées. On ne peut prétendre lire cette biographie éclatée sans s’esclaffer, sans vanter plus d’une fois l’inventivité fantaisiste de l’auteur. L’argument est simple, la Castafiore est un personnage historique qui cache un secret qui sera révélé sous la plume d’Algoud dès les premières pages. La Castafiore est le dernier des castrats. L’auteur appuie cette divulgation sur divers indices, mais c’est surtout l’impact que cela aura eu sur la vie mouvementée du rossignol milanais qui nous est raconté tout au long de cet ouvrage fortement documenté. De sa naissance à sa métamorphose, de sa vie avant Tintin à sa première rencontre avec Hergé, de son entourage, le pianiste Wagner et la fidèle Irma, au monde politique et artistique, on croisera avec Bianca Castafiore plusieurs personnages signifiants de l’histoire. Algoud nous instruit du rôle surprenant de la Castafiore dans la résistance sous l’Occupation, en particulier dans le réseau Pinson. On en apprendra sur sa relation avec Edgar P. Jacobs, mais aussi avec Blake ainsi que Mortimer, avec des artistes importantes, telle Joséphine Baker ou Anna Marly, avec le monde du pop art et du rock, Andy Warhol et Lou Reed, son rapport difficile avec Fidel Castro, jusqu’à ses dernières apparitions où le rossignol allonge son ombre sur le monde. Cette biographie constitue un voyage trépidant et je m’en serais voulu de ne pas en avoir été. 

Fantasque fantôme issu d’un opéra de papier, moderne Nadja, étonnante piétonne, passereau qui passe, éternelle en-allée, diva hybride que nulle morale ne bride, c’est vers la Beauté que ta voix immatérielle nous guide ! [A.A.]

«  Mourir n’est rien quand on a connu tant de félicité », lui murmura-t-il en arabe et en expirant. » [A.A.]

vendredi 9 juillet 2021

Sapiens, a graphic History, The Birth of humankind - Y.N.harari, D.Vandermeulen, D.Casanave

About 14 billion years ago, matter, energy, time and space came into being in what is known as the Big Bang. The story of these fundamental features of our universe is called physics. [Y.N.H]

J'avais lu l'essai Sapiens, une brève histoire de l'humanité et ce parcours macroscopique de l'histoire du genre humain m'avait beaucoup plu. J'y avais reconnu le talent de vulgarisateur de Harari. Cette aptitude, il la met ici, encore une fois et de merveilleuse façon, à contribution en s'alliant avec des habitués du médium de la bande dessinée pour nous offrir une joyeuse adaptation en roman graphique de son oeuvre maîtresse. On ne peut que conclure que le mandat a été respecté. Ce n'est pas une simple transcription en BD, c'est plutôt une nouvelle mise en scène autour d'une partie du contenu de l'essai qui porte le même nom. Yuval Noah Harari devient lui-même un personnage de l'aventure. Il s'agit là d'un artifice intéressant. Cette quête à propos de l'histoire de l'humanité, des origines jusqu'au procès de cet homo sapiens nomade qui a semé la mort lors de ses déplacements, nous transporte des premières pages jusqu'à la toute fin de ce premier volet.

Je demeure en attente de la suite.

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Harari

Yuval Noah

Homo Deus, une brève histoire de l’avenir

29/05/2019

Harari

Yuval Noah

Sapiens, une brève histoire de l’humanité 

05/08/2016



dimanche 30 mai 2021

Tintin et le trésor de la philosophie - Philosophie magazine (Sven Ortoli, rédacteur en chef)

Tintin parcourt le monde au gré de ses aventures, mais il sillonne aussi les territoires de la philosophie.
Encore un magazine autour du thème Tintin, je ne me lasse pas et cela ne risque pas d'arriver de sitôt. Il y a dans les aventures de ce reporter qui n'écrit pas d'articles et dont on ne connait pas le journal, une richesse incontestable qui rapproche ces histoires partagées par la culture populaire de la mythologie des Anciens. Cela devient une référence à laquelle on se mesure, par laquelle on se construit ; on grandit à la lecture de Tintin et de son monde. Dans le cas de ce hors-série, Tintin et les divers personnages qui peuplent ses aventures deviennent un support pour aborder de grandes thématiques telle la métaphysique de la raison, la superstition ou la magie. Quelques cases suffisent pour placer le sujet et le croiser au discours des philosophes. On abordera ainsi des thèmes relevant de l'éthique (le devoir, le courage, l'amitié, le respect ...). Le philosophe Jean-Luc Marion affirme d'ailleurs à cet égard que « [...] Tintin lui-même se réduit, en quelque sorte, à une épure. » Il représente l'éthique, l'universel. Enfin, ce voyage philosophique dans l'œuvre d'Hergé nous entraîne du côté de la politique pour jeter un regard sur les idées de justice, d'État, de propriété, de liberté et de pouvoir. On ne détourne pas Les aventures de Tintin en les plaçant au centre de ces concepts philosophiques, on en extrait des lectures parallèles, on en fait un archétype, ce qu'ils sont déjà pour appartenir à l'inconscient collectif.

 

jeudi 24 août 2017

L'armure du Jakolass - Valérian vu par Manu Larcenet

Ô espace infini qui éblouit l'imagination du pauvre attracté terrestre...
Manu Larcenet, l'auteur, entre autres, du Combat ordinaire et du Retour à la terre, nous offre un hommage à Valérian, Laureline, Mézières et Christin. Il ne faut pas y voir une suite de la fabuleuse série, il s'agit bien d'une nouvelle interprétation du thème développé par Mézières et Christin, une relecture se situant dans l'univers imaginé par Larcenet, c'est à la limite un pastiche reconnaissant de l'original. Il faut donc accepter ce contexte et se laisser porter par l'imagination de Larcenet.

René Pérouillard, vénère l'espace, les galaxies entrelacées et les voies lactées où tous les possibles sont aventure... Il le fait savoir par sa poésie naïve à son comparse Jean-Pierre en allongeant plusieurs verres dans son bar favori. Mais, ce soir-là, à la sortie du bar, il est interpellé par Albert qui est accompagné de trois êtres particuliers, les Shingouzs. À partir de ce moment, l'univers de René, ce fumeur alcolo et bedonnant, se transforme et il revivra les aventures qui, semble-t-il, étaient les siennes lors d'une autre vie. Cet exercice de style est très bien mené par Larcenet et c'est un Valérian déjanté auquel on a droit. Je me suis donc laissé porter et j'ai aimé.

mardi 16 mai 2017

Carnets de thèse - Tiphaine Rivière

Vous êtes sûre qu'ils ont tous moins de 18 ans? [T.R.]
Voilà une BD qui se déroule dans un univers qui ne m'est pas étranger. Voilà un regard qui est souvent juste, critique et sarcastique. Un dessin simple mais efficace soutient l'histoire du parcours alambiqué d'une jeune enseignante de collège qui laisse son travail pour s'aventurer dans des études de troisième cycle et la rédaction d'une thèse sur un sujet qu'il n'est peut-être pas facile à expliquer à son entourage : les paraboles des portes de la loi dans Le Procès de Kafka.

Cela est souvent drôle et bien senti dans la description de la solitude existentielle que vivent trop souvent les doctorants. On retrouve l'univers parfois schizophrène de l'administration universitaire et la logique interne du monde académique est peinte dans ses grandes lignes. Cela reprend plusieurs éléments d'un discours ironique que les thésards portent sur eux-mêmes dans certains moments de lucidité. Ce n'est pas hilarant ni révolutionnaire, mais cela a l'avantage d'ouvrir une fenêtre sur une sphère trop souvent autosuffisante.

samedi 26 novembre 2016

Casse-pipe à la nation - Leo Malet et Tardi

[Archives Janvier 2006]
Nous sommes en mai. [L.M.]

C'est une aventure de Nestor Burma, ce privé au menton proéminent et à l'intuition vive, créé par Leo
Malet. Le dessin de Tardi nous replonge dans les quartiers de Paris avec un réalisme impressionnant. Les personnages sont tracés à la ligne, mais le décor est riche de détails jamais superflus. C'est Paris, rien de moins. Et l'univers de Burma établi par Malet est toujours un univers trouble, un univers mi-noir mi-blanc où l'anarchiste côtoie le petit truand. Il s'agit d'une série jouissive à la fois dans le dessin et dans son scénario.

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Sur Rives et dérives, à propos de Tardi, on trouve :

Tardi
Moi René Tardi prisonnier de guerre au Stalag IIB 

mardi 7 juin 2016

Le sculpteur - Scott McCloud

Voici donc une BD (un roman graphique diront certains) imposante. Sur plus de 400 pages, Scott McCloud, que je ne connaissais pas, mais qui est à la fois bédéiste, américain et théoricien du 9e art, nous offre le parcours multiple de David Smith, jeune sculpteur de 26 ans en quête de succès, en quête de reconnaissance, en quête d'amour, en quête de réalisation artistique, en quête d'identité. Le sculpteur, c'est une oeuvre qui revisite le mythe de Faust dans un New York d'aujourd'hui, un New York des galeries d'art et des musées, un New York architectural rendu en bichromie noir et bleu. Le trait est magnifique, l'utilisation de la page est souvent originale et sert bien le texte. Toutefois, ce texte, cette histoire, n'a pas la profondeur qu'on aurait pu lui espérer. Le mythe de Faust se trouve-t-il grandi de cette nouvelle interprétation? L'attente était peut-être trop grande. C'est quand même une lecture qui, sans soulever les passions, m'aura plu.


vendredi 6 mai 2016

Chroniques birmanes - Guy Delisle

Après Shenzhen en Chine et Pyongyang en Corée, Guy Delisle publie Chroniques birmanes. Guy Delisle et sa conjointe, administratrice pour Médecins sans frontières, sont logés à Rangoun (Yangon), la capitale de la Birmanie (Myanmar) jusqu'à ce que la junte militaire décide de la déplacer dans le centre du pays en 2007. Ses chroniques sont celles d'un étranger dans un monde sous l'emprise d'une dictature qui rend complexe chaque geste du quotidien. Il habite à deux pas de la détention en résidence de «la dame», Aung San Suu Kii, mais jamais il ne pourra s'en approcher. Chroniques birmanes n'est pas la critique politique d'un régime particulier, mais plutôt la description parfois en autodérision du quotidien d'un occidental dans ce milieu difficile à saisir. La narration ne fait toutefois pas abstraction du contexte et Delisle nous fait partager ses expériences d'acculturation.

Dans cette série, Chroniques de Jérusalem demeure, selon moi, au sommet de l'art de Delisle.

Voici des extraits de Chroniques birmanes : ici et ici
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Sur Rives et dérives, de Guy Delisle, on trouve des commentaires à propos de :

Delisle

Guy

Chroniques de Jérusalem 

24/12/2014

Delisle

Guy

Chroniques de jeunesse

29/12/2021

Delisle

Guy

Shenzhen 

31/03/2015

lundi 10 août 2015

Le chien qui louche - Étienne Davodeau


- Salut, ma belle, tu es arrivée à la gare? [E.D.]


Une magnifique BD où le Louvre n'est pas un simple décor, il est au cœur de l'aventure. Il en est l'ultime but, le Graal.

Étienne Davodeau, qui ne me déçoit jamais, met ici en scène et en noir et blanc Fabien, un agent d'accueil et de surveillance du Musée du Louvre. Fabien, sur qui le quotidien semble peser, fait passer le temps en pariant avec ses collègues sur le délai avant qu'une question concernant la Joconde ne soit posée par l'un ou l'autre des visiteurs. Une première visite chez sa potentielle belle-famille lui amène un défi de taille, faire que Le chien qui louche, un obscur tableau laissé par l’aïeul Gustave quelque peu «artiste-peintre», soit intégré à la collection du Musée du Louvre.

Davodeau, comme à son habitude, décrit et fait vivre l'ordinaire de ses personnages, ordinaire qui sera ici bouleversé. Cela se fait en contrepoint d'une description graphique particulièrement réussie de plusieurs œuvres et de plusieurs salles du musée, lieu de travail de Fabien. On comprendra aussi pourquoi les Éditions du Louvre ont collaboré à la publication de cette bande dessinée.


Étienne Davodeau est aussi l'auteur, notamment, de Chute de vélo, Lulu, femme nue, et Les ignorants.

Davodeau
Étienne
Chute de vélo 
Davodeau
Étienne
Les ignorants, récit d’une initiation croisée 


jeudi 11 juin 2015

Souvenirs de Futurs - J.-C. Mézières et P. Christin


Scruter l'histoire de notre univers, c'est comme faire pivoter une pierre vivante d'Arphal sur votre doigt (ou autre appendice similaire). Sa forme, sa couleur, son odeur, sa consistance même changent sous votre regard. [Vana Stu de Bi, Recteur de la Polyuniversité des Astéroïdes de Shimballil (PoLaShim)]
Fan de Valérian et Laureline, je fondais beaucoup d'espoir en ce nouveau tome, le vingt-deuxième. Mais, plutôt qu'une nouvelle aventure des agents spatio-temporels, on trouve une sorte d'hommage à la série, un retour sur certains lieux découpé en autant de petits récits à saveur touristique. Teintés de nostalgie, ces Souvenirs de Futurs sont profondément tournés vers le passé. On retrouve avec plaisir les images et les fresques de ces univers, mais l'aventure n'y est pas.

Mézières et Christin auraient toutefois annoncé en avril dernier dans le cadre d'un festival consacré à la BD " qu'il y a un Valérian qui chauffe! ". L'espoir est de retour.

vendredi 15 mai 2015

Tintin et les forces obscures - Historia

À son imagination débordante, le créateur de Tintin a pris soin d'ajouter toujours un peu de soufre. [Franz-Olivier Giesbert]
Rêve, voyance, hypnose, radiesthésie, télépathie, extraterrestres, superstitions, sociétés secrètes, folie... Autant de sujets qui, sans qu'on y ait porté attention, teintent plusieurs des aventures de Tintin. À la manière des Personnages de Tintin dans l'histoire des mêmes éditeurs,
on retrouve ici une analyse littéraire sommaire de l'oeuvre d'Hergé mise en parallèle avec la présence du phénomène paranormal spécifique dans l'histoire et en particulier au vingtième siècle. Le résultat est ici nettement moins probant, avec une approche demeurant souvent superficielle. Mais, cet ouvrage aura eu le bénéfice de mettre en lumière le foisonnement des incursions de l'inexpliqué dans l'oeuvre d'Hergé.

lundi 6 avril 2015

Beaux-Arts Magazine : Les secrets des chefs-d'oeuvre de la BD

Une magnifique lecture que celle de ce numéro spécial de Beaux-Arts Magazine consacré aux chefs-d'oeuvre de la BD. Ce n'est pas le premier numéro de Beaux-Arts qui s'attarde au neuvième art, loin de là. À chaque fois, les éditeurs ont réussi à trouver un angle qui suscite l'intérêt. Ici, on aborde 10 albums cultes et on en livre quelques clés, on analyse une planche, on place un contexte historique et certains secrets du succès, tout cela selon une mise en page particulièrement réussie.

Au sommaire, on trouve :
1946 - Tintin : Le Lotus bleu (Hergé)
1954 - Blake et Mortimer : Le Mystère de la grande pyramide (Edgar P. Jacob)
1969 - Corto Maltese : La Ballade de la mer salée (Hugo Pratt)
1972 - Blueberry : Le Spectre aux balles d’or (Jean Giraud et Jean-Michel Charlier)
1979 - Les Passagers du vent (François Bourgeon)
1983 - Partie de chasse (Enki Bilal et Pierre Christin)
1986 - Maus (Art Spiegelman)
1988 - 120, rue de la Gare (Jacques Tardi)
1999 - From Hell (Eddie Cambell et Alan Moore)
2003 - Jimmy Corrigan (Chris Ware) 

mardi 31 mars 2015

Shenzhen - Guy Delisle

Shenzhen décembre 1997... me revoilà en Chine, cette fois-ci dans le sud.  [G.D.]
Cette BD autobiographique où Delisle rapporte ses multiples tentatives avortées de communication dans une Chine qui s'apparente au purgatoire de Dante laisse une place graphique importante à l'architecture anarchique de cette ville en développement. Le crayonné délavé que Delisle a choisi pour exprimer son désarroi devant cet univers dont la mécanique demeure incompréhensible s'avère tout à fait adéquat. On y sent la pollution qui s'incruste dans le quotidien.

C'est sur un ton parfois désabusé que Delisle, par ses chroniques réalistes, rend compte de son expérience de supervision d'un studio de dessin animé à Shenzhen pour quelques mois. Mais, l'auteur réussit à faire naître, au-delà de l'ennui et de l'agacement, l'autodérision et un humour certain.

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06/05/2016

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24/12/2014

Delisle

Guy

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29/12/2021

jeudi 25 décembre 2014

Gemma Bovery - Posy Simmonds

Gemma Bovery est en terre depuis trois semaines. [P.S.]

Quelle belle réalisation que cette BD qui joue sur la frontière entre une réalité observée en voyeur et une fiction qui s'est inscrite résolument dans l'histoire. Est-ce une réécriture de l'oeuvre de Flaubert? Est-ce l'écho de Madame Bovary dans une actualité contemporaine? Est-ce une adaptation? Une méta-adaptation? Est-ce un discours sur Madame Bovary ou est-ce madame Bovary qui nous interpelle dans une histoire d'aujourd'hui? Je ne sais s'il est possible de répondre mais, ce que l'on peut affirmer c'est que Posy Simmonds sait, par son dessin et sa prose, offrir une lecture renouvelée et envoutante dans ce que d'aucuns appellent un roman graphique.
Au travers l’harmonie qu’elle établit entre textes et images, Posy Simmonds nous raconte l’installation d’un couple d’Anglais en Normandie, le regard que porte sur eux un boulanger amateur de littérature et l’ennui qui vient gruger le destin de Gemma.
Cela demeurera tel un grand bonheur de lecture en images.

mercredi 24 décembre 2014

Chroniques de Jérusalem - Guy Delisle

- Oh là! Tu es fatiguée toi. 
Premier contact avec Guy Delisle, ce ne sera pas le dernier. Plein d'autres l'avaient découvert, mais pour moi, cela aura été un récent coup de foudre. Ces Chroniques de Jérusalem, je les ais lues avidement, avec joie et délectation. On y lit le quotidien pas tellement habituel de l'auteur alors que lui et ses enfants accompagnent sa compagne administratrice pour M.S.F. (Médecins sans frontières). Ses journées, ce sont ses tribulations dans Jérusalem et ses quartiers pour y faire des rencontres et des croquis, pour découvrir les façons de vivre et de survivre des hiérosolomitains (des juifs originaires d'Europe, des arméniens chrétiens, des musulmans, des arabes grecs orthodoxes, des arabes syriaques orthodoxes, des coptes orthodoxes, entre autres.). On est toujours surpris par les désiquilibres de cette société, et comment la politique et les religions viennent miner le personnel et l'intime. Delisle réalise celà dans cette forme chronique qui sied très bien à ce discours et soutient celui-ci par un dessin simple et efficace qui laisse beaucoup de place à une architecture qui n'est pas banale.

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06/05/2016

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31/03/2015

vendredi 5 décembre 2014

Les promeneurs du temps - Épisode 1 - L'équation interdite - Viale et Dorange

Le premier jour du XXe siècle... moment unique et étourdissant. (V & D)
Une BD au graphisme étonnant, envoutant, géométriquement mystérieux. Un coup de crayon qui accompagne très bien l'atmosphère de cette aventure du commissaire Ambroise Clé qui débute avec le siècle dernier dans un monde qui tient à la fois du polar et du fantastique, de la logique cartésienne et du spectre vaporeux, de la mathématique du raisonnement et du paradoxe obscurantiste.

Dans cet univers dual, Clé est le tenant de la science par laquelle on accédera à la vérité. Mais, dès ce premier janvier 1901, sa promenade sur les rives enneigées de la Seine le mènera vers un rendez-vous qui bouleversera la ligne du temps.

Le site BDZoom.com nous offre un Entretien avec les auteurs des « Promeneurs du temps » : Sylvain Dorange et Franck Viale.

Il s'agit du premier épisode d'une série qui en comportera cinq.

samedi 8 novembre 2014

Maus - Art Spiegelman


J'allai voir mon père à Regi Park. [A.S.]
Art Spiegelman signe ici une oeuvre majeure reconnue comme telle depuis longtemps, mais je ne sais pour quelle raison, elle ne s'était pas glissée dans mes lectures. C'est le hasard des rencontres d'amateurs de bd par personnes interposées qui m'aura remis entre les mains un exemplaire de Maus. Ce récit personnel de la relation de l'auteur avec son père et de l'expérience de celui-ci dans la Pologne sous contrôle nazi qui aura pris des années à mettre en forme n'a été que quelques jours sur ma table de lecture tant j'y revenais intensivement, mais son impact laissera une trace sans équivoque dans la trame de mes contacts avec la bd. Cela me réconcilie également avec la bd américaine que je méconnais malheureusement.

dimanche 5 janvier 2014

Moi René Tardi prisonnier de guerre au Stalag IIB - Tardi


Nos chefs magnifiques nous avaient donné l'ordre de découvrir l'ennemi et de le détruire. [T.]
Au cours des années 80, René Tardi, encouragé par son fils, couche, dans de petits carnets à anneaux, l'histoire de son expérience de guerre, de conducteur de char fait prisonnier jusqu'aux presque cinq années au Stalag IIB. Trente ans plus tard, Tardi reprend l'histoire et tente d'exprimer la colère de son père dans cette magnifique bd. C'est en fait une oeuvre magistrale qu'il nous livre ici en noir, en blanc et en émotions. Tardi s'exprime par la voix de sa représentation imaginée comme l'enfant qui écoute l'histoire de son père tout en y étant projeté. La forme et l'angle de vue de ces événements sont caractéristiques de ce que fait Tardi, il utilise la ligne claire dans un dessin simple, mais riche de détails documentés, c'est le quotidien et des personnages qui ne sont pas des héros qui occupent l'espace et le décor réaliste.


Tardi, avec cette oeuvre toute personnelle, démontre encore sa grande habileté à susciter chez moi toute une gamme d'états et d'émotions.

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Sur Rives et dérives, à propos de Tardi, on trouve :

Tardi

Casse-pipe à la nation

dimanche 17 novembre 2013

Philémon, Le train où vont les choses... - Fred



Je sens le frais du fond de l'air au fond. (F.)
Avant de nous quitter, Fred nous a livré cette dernière rêverie de Philémon, cette dernière excursion dans l'imaginaire éclaté d'un bédéiste qui aura marqué l'histoire de la littérature du neuvième art. Le train où vont les choses, c'est la lokoapattes, cette machine qui se nourrit d'imagination (tiens, donc...). Mais, la lokoapattes est en panne, elle n'a plus accès à la vapeur d'imaginaire qui la fait avancer vers son destin. Philémon saura l'alimenter et c'est en bouclant sur sa propre aventure que la poésie émerge de cet ultime tome d'un voyage onirique qu'on veut sans fin.


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Fred
Philémon