dimanche 31 août 2014

Monsieur Ho - Max Férandon

Le jour entrait dans une nuit à court d'arguments. [M.F.]
Est-ce un roman, une fable, un conte? Tenter de classifier Monsieur Ho n'est pas chose facile. Est-ce qu'on peut dire qu'il s'agit d'un roman de voyage, du parcours initiatique d'un recenseur dans un "pays pluriel", de la traversée exploratoire de soi-même vers ses racines inavouées, d'un conte à tiroirs ou d'une fable sur l'identité dans un monde où elle ne trouve plus sa place? Chaque lecteur y verra une part de soi et s'en dressera une scénographie propre, la classification est-elle ici nécessaire?
Monsieur Ho est irrésistible par sa façon si chinoise de présenter ce périple dans l'empire du milieu, par son regard sur les gens qui le peuple, par sa description si réservée de leurs coutumes.
On ne sait comment classifier Monsieur Ho sinon dans la catégorie des lectures que j'ai apprécié.
Lui, le citadin aux ourlets tombants et aux chaussures soyeuses, le démographe sismographe, l'embrasseur de pluriel et de solitude, examinait pour la première fois de sa vie une réelle possibilité de quitter la planète et de rester sur sa Lune. [M.F.]




mardi 12 août 2014

L'idole - Serge Joncour

J'ai compris que j'étais devenu célèbre le jour où Naomi Machin s'est retournée sur moi dans la rue. [S.J.]

Je connais Serge Joncour par sa voix aux Papous et par ses quelques tweets inspirés. Je n'avais jamais lu l'un de ses romans et puis, il y a eu celui-ci offert sur une table de mise en valeur chez mon libraire d'occasion. Je n'ai pas été long à convaincre que j'avais là l'opportunité de me confronter à une écriture moins brève de Joncour.
Je n'ai pas été déçu. L'idole offre un regard aiguisé et moqueur sur certains aspects de notre société où la pipolisation ou vedettisation fait office d'interface entre la star et la plèbe. Georges Frangin, chômeur lamda, se voit ici projeté à l'avant-scène de la célébrité sans en connaître la raison. Il explorera, et nous l'accompagnant, les détours et les dérives de cette célébrité en jetant des questionnements sur certains événements de sa vie antérieure, aucun de ceux-ci n'anticipant cela. Dans la tête de Georges, nous vivons ses émois comme nous vivions ceux de Monsieur Palomar. L'humour retenu et parfois noir de Joncour contribue à l'agrément de lecture de ce court roman sociologique.
Avoir la parole, c'est avant tout trouver quelque chose à dire. [S.J.]
Dites-vous que le procédé de la littérature est tout ce qu'il y a de complexe, entre ce que la télé dit d'un livre, ce que le lecteur en comprend, et ce que l'auteur a voulu dire, il y a des déperditions terribles, ça confine toujours au malentendu, c'est pourquoi il vaut mieux partir sur une idée simple, si possible une idée de départ. [S.J.]
_______________

Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Joncour

Serge

L’écrivain national

23/02/2017

Joncour

Serge

Nature humaine

29/09/2020

Joncour

Serge

Repose-toi sur moi

07/08/2017


dimanche 3 août 2014

Liliane est au lycée - Normand Baillargeon


Est-il indispensable d'être cultivé?
Normand Baillargeon signe avec ce petit essai un texte revendiquant une véritable idée de culture générale qui puisse vivre et s'incarner pour devenir le terreau de l'émancipation individuelle et de la transformation sociale. Il renoue ainsi avec une tradition radicale des anarchistes et des anarcho-syndicalistes de la fin du XIXe siècle.
Il s'agirait donc, si je comprends bien, de me donner une culture générale. [N.B.]
Si, dans un premier temps, il est le critique d'une certaine conception de ce qu'on appelle culture générale, il est le premier à en faire la promotion si l'on réussit à ouvrir notre vision de celle-ci afin qu'elle échappe à certaines des objections qu'il avait lui-même identifiées. Si, parfois, les arguments tournent un peu court, le format de la collection joue peut-être ici un rôle, Baillargeon nous entraîne efficacement dans une réflexion délicate sur le thème de la culture générale. Il ne tente pas de dresser la liste des éléments d'une telle culture, mais il formule un certain nombre de guides à son égard : importance de la littératie scientifique, une place de choix pour des mathématiques citoyennes, une approche historique des concepts, une confrontation aux méthodes et théories de la philosophie.
Il est malheureux que je n'y aie pas trouvé le style clair habituel de l'auteur, certaines phrases s'embourbent et on perd le fil. Cependant, les idées émises dans ce recueil méritent qu'on s'y attarde plus d'une fois.

__________________

Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Baillargeon
Normand
Heureux sans dieu 
Baillargeon
Normand
L’arche de Socrate, petit bestiaire philosophique
Baillargeon
Normand
Légendes pédagogiques : l’autodéfense intellectuelle en éducation 

Les dérives de l'évaluation de la recherche - Yves Gingras

Du bon usage de la bibliométrie
J'avais assisté en mars dernier à l'UQAM à une conférence tout à fait convaincante d'Yves Gingras sur le même thème. Cet ouvrage pousse plus loin encore la réflexion critique et met à plat les utilisations détournées de certains indicateurs bibliométriques tels le nombre de publications scientifiques ou les indices de citations lorsqu'on prétend s'en servir pour mesurer la performance et la productivité des chercheurs, des laboratoires ou des universités.
Yves Gingras ne remet pas en cause le principe de l'évaluation. Il établit toutefois trois propriétés essentielles d'un bon indicateur pour ce faire : adéquation à l'objet, homogénéité de la mesure et respect de l'inertie propre à l'objet.
Un ouvrage essentiel dans le monde universitaire.

_________________

Sur Rives et dérives, on trouve aussi :
Gingras
Yves
Histoire des sciences
Gingras
Yves
L’impossible dialogue, Sciences et religions 
Gingras
Yves
Sociologie des sciences