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vendredi 24 novembre 2023

Le club des tueurs de lettres - Sigismund Krzyzanowski

— Des bulles au-dessus d’un noyé.
— Pardon ?
En un glissando rapide, l’ongle triangulaire parcourut les reliures renflées qui nous toisaient du haut des rayonnages. [S.K.]

Sigismund Krzyzanowski est un auteur dont il est agréable de découvrir l'œuvre. On a l'impression de participer à une exploration. Encore ici, hors du temps, on pénètre dans l'antre d'une mystérieuse secte, ce club des tueurs de lettres qui réunit dans un jardin des idées des auteurs qui ont renoncé à l'écriture, mais pas à la création d'histoires et de récits. Chaque semaine l'un des leurs récite qui une pièce de théâtre, qui un conte, qui un chapitre d'un roman qui ne sera pas écrit, qui demeurera une idée émise dans un endroit clos un certain samedi. Le cadre et les contes témoignent de l'univers fascinant de cet auteur russe des années vingt, période fertile qui a aussi livré le roman Nous d'Evguéni Zamiatine duquel certains des récits des participants du Club des tueurs de lettres peuvent se rapprocher.

Au fond, les écrivains sont des dresseurs de mots professionnels, et les mots qui font les funmabules sur les lignes, s'ils étaient des êtres vivants, redouteraient et haïraient à coup sûr le bec fendu de la plume comme les animaux savants haïssent le fouet qui les menace. [S.K]

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Krzyzanowski

Sigismund

Le marque-page

25/08/2023


vendredi 25 août 2023

Le marque-page - Sigismund Krzyzanowski

L’autre jour, comme j’examinais mes vieux livres et mes manuscrits rangés en piles étroitement ficelées, il se glissa de nouveau sous mes doigts : un corps plat, tendu de soie bleu pâle, piqué de broderies et terminé par une traîne à deux pointes. [S.K.]

Des comparses lecteurs m'avaient signalé ce Sigismund Krzyzanowski comme un auteur à découvrir en constatant que j'appréciais les livres de Gonçalo M. Tavares. C'est tout autre chose, dans un autre espace et dans un autre temps, mais je comprends qu'on puisse faire le rapprochement. Krzyzanowski est encore très peu connu. Certains disent que le secret de cet écrivain fantastique est une pépite de libraire. Cet auteur russe décédé en 1950 à l'âge de 64 ans n'a jamais été publié de son vivant et ce n'est que depuis les années 1990 qu'on trouve des traductions françaises de quelques-unes de ses œuvres. J'ai décidé d'amorcer ce périple de découverte par le premier recueil de nouvelles qui fut traduit du russe par Catherine Perrel et Elena Rolland-Maïski, Le marque-page. Voilà donc un auteur surprenant de modernité dont certains ont signalé la parenté avec Kafka ou avec Borges. Ses thèmes sont variés, philosophiques, et portent un regard satirique sur la société. En ouverture du Marque-page, il se dote d'ailleurs d'un chasseur de thèmes très efficace. La touche fantastique va à la rencontre du scientifique et nous propulse dans un monde où un produit novateur comme la superficine permet de faire grandir les pièces dans une société où les célibataires n'avaient droit qu'à 8 mètres carrés. Dans une autre nouvelle, La houille jaune, la planète est en manque de combustible et une commission pour la recherche de nouvelles énergies lance un concours. Un ingénieur propose d'utiliser l'énergie de la haine partagée dans la société, une source presque inépuisable. L'intrigant parallèle qu'on peut faire avec la société d'aujourd'hui fait sourire, mais c'est un sourire inquiet.

Chez l’homme, l’amour est timoré et papillote des yeux : il se réfugie dans le crépuscule, court les recoins obscurs, chuchote, se cache derrière les rideaux et coupe la lumière. [S.K.]

Il y avait eu deux tremblements de terre et un tournoi d’échecs : tous les jours deux blancs-becs prenaient place devant soixante-quatre cases – l’un avait une tête de boucher, l’autre de commis de magasin de mode – et par on ne sait quel mystère, blancs-becs et cases se retrouvaient au centre de toutes les préoccupations intellectuelles, de tous les intérêts et de tous les espoirs.  [S.K.]

La fournaise enflammait les forêts. Les selves d’Amérique et les jungles des Indes flambaient, noires de fumée. [S.K.] 

dimanche 25 juin 2023

Crépusculaires - Stanley Péan

L'autre soir, en songe, au milieu du labyrinthe où s'amalgament le présent, le passé et l'avenir, l'homme que je suis aujourd'hui a revu le jeune homme que j'étais au moment de ma découverte de Jorge Luis Borges. [S.P.]

Stanley Péan, cet homme de radio et d'écriture, renoue avec ce genre trop peu loué que sont les nouvelles. Et il le fait, dans des formats variant de quelques lignes à quelques pages, avec toute l'expérience qu'il transporte. En peu de mots, il sait faire naître des univers étranges, mystérieux, parfois oniriques, parfois bien ancrés dans le réel, des univers qui partagent avec le titre choisi ce clair-obscur caractéristique du peintre Caravage. On rencontre des êtres éprouvés, confrontés à la perte, cherchant tout de même des raisons de continuer au-delà du départ, plus loin que la mer, dans des zones insoupçonnées. La littérature et la musique ne sont jamais loin des inspirations de l'auteur et son écriture coule entre la mort et l'espoir, entre le passé et le renouveau, entre le blues et le jazz.

Accablée par un soleil de plomb tout l'après-midi, Montréal au grand complet donnait l'impression de suffoquer dans la quête désespérée d'un peu de fraîche, d'un peu d'ombre, d'une ondée bienfaisante.  [S.P.]

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Péan

Stanley

De préférence la nuit

28/12/2022

Péan

Stanley

Jazzman 

19/09/2010

 

dimanche 31 octobre 2021

De racines et de mots, Persistance des langues en Amérique du Nord - Sous la direction d'Émilie Guilbeault-Cayer et de Richard Migneault

La langue constitue l'une des racines culturelles d'un peuple, et les mots, eux en sont les témoins.
Richard Migneault est amoureux du genre littéraire que constitue la nouvelle et il en fait la promotion de diverses façons. S'il a, plus d'une fois, croisé le polar avec la nouvelle en regroupant des auteurs autour de divers thèmes (Crimes à la bibliothèque, Crimes à la librairie, Crimes au musée), cette fois, c'est autour de l'histoire et de la langue que se construira ce recueil né d'une rencontre avec l'historienne Émilie Guilbeault-Cayer.  

Le projet, magnifiquement réalisé, regroupe des historiennes et historiens, géographes, ethnologues, romancières et romanciers lancés dans cette entreprise d'illustrer au moyen de nouvelles la notion de persistance des langues en Amérique du Nord. La plupart de ces nouvelles se situent sur une mince frontière entre récit historique et fiction documentée. On ne reconnait pas systématiquement ce qui relève des faits ou ce qui est dû à l'imagination de l'auteur, mais cela ne constitue en rien un obstacle au plaisir de lire et de s'insérer par là dans l'histoire d'un territoire et des langues qui l'ont raconté. De la survivance du français de la Nouvelle-France via des missives recréées à la langue de l'exode et des départs, de la rencontre des langues autochtones d'hier à la résurgence des langues retrouvées, littérature et histoire font bon ménage dans ce recueil de douze nouvelles multiformes qui nous transportent dans l'univers des mots et des langues qu'il ne faut pas oublier. J'y ai puisé un véritable plaisir de lecture.

Un grand merci à Babelio et aux Éditions du Septentrion pour l'envoi de ce recueil dans le cadre d'une opération "Masse Critique 100 % québécoise".

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Migneault

Richard (sous la supervision de)

Crimes à la librairie

29/07/2015


mercredi 13 octobre 2021

La grande vie - Jean-Pierre Martinet

Et Madame C. se tournait alors vers moi, elle me disait qu’elle avait peur de mourir étouffée ici, dans cette loge minuscule, qui lui laissait juste la place de respirer, entre ses plantes vertes et les photos en couleur de Luis Mariano […] [J.P.M.]

La lecture de Martinet m'a été suggérée par une lectrice de la famille, lectrice que je remercie ici. J'accueille évidemment les suggestions avec bonheur même si, à cet égard, il peut m'arriver d'entretenir une attitude proche de celle qu'énonce Denis Lavant en préface de La grande vie : « Car si j’aime toujours recevoir un ouvrage inconnu, je rechigne parfois à être orienté trop ouvertement dans le choix de mes lectures. Préférant par habitude m’en remettre au hasard ou au seul ricochet poétique qui fait qu’un ouvrage en répercute d’autres et ainsi de suite comme une chambre d’écho ou un jeu de miroir, à l’infini… ».

J'avais été avisé, Martinet a une plume magnifique, mais une plume noire, une plume qui chamboule, une plume qui tourmente. Dans cette grande nouvelle, Adolphe, employé des pompes funèbres, un nain à la vie misérable, à la sexualité qui l'est tout autant, au passé familial trouble, fantasme sur les visiteuses du cimetière qu'il observe depuis son appartement. Il subit les avances de l'énorme Madame C., concierge à la sexualité insatiable qui le domine. C'est cet univers glauque que Martinet évoque en nous transposant dans la tête du narrateur, cet Adolphe qui peine à se relever et qui chemine sa vie à la limite du burlesque.

Voilà une étonnante lecture et je me promets bien d'explorer davantage l'oeuvre qui m'apparaît noire et pessimiste de Martinet.

Ma règle de conduite était simple : vivre le moins possible pour souffrir le moins possible. Pas très exaltant, peut-être, comme précepte, mais très efficace. Essayez, vous verrez. [J.P.M.] 

La vie ne m’avait jamais paru aussi lente et atroce. Terrifiante. Le ciel prenait une vilaine couleur de foie de veau avarié. [J.P.M.] 

lundi 15 mars 2021

Le traducteur cleptomane et autres histoires - Dezsö Kosztolányi

 

Nous parlions de poètes et d’écrivains, d’anciens amis qui avaient commencé la route avec nous, jadis, ils étaient ensuite restés en arrière et leur trace s’était perdue. [D.K.]

Voici un ouvrage original. Dezsö Kosztolányi, auteur hongrois du début du XXe siècle, y met en scène un personnage qui pourrait être son double, son alter ego. Kornél Esti est le fil conducteur de ces onze nouvelles. C'est souvent le protagoniste ou celui qui narre l'épisode qui s'amorce. Chacune des nouvelles de ce recueil présente une certaine sensibilité envers la langue ou la communication, on en fait l'éloge tout en y relevant les incongruités. Chaque épisode est raconté avec une certaine distance qui rend l'humour ou l'ironie encore plus décalés. Mais, derrière l'insolite, on trouve une certaine critique de la société. On met en lumière ses incohérences et, par là, les textes de Kosztolányi rappellent Kafka alors même qu'on peut y déceler une ressemblance avec Calvino. J'ai adoré cette incursion dans le monde étrange de Kosztolányi et me promets d'explorer d'autres aventures de cet énigmatique Kornél Esti.

Appréciation: 3,5/5

jeudi 22 août 2019

Le voyage d'hiver et ses suites - Georges Perec / Oulipo

Dans la dernière semaine d'août 1939, tandis que les rumeurs de guerre envahissaient Paris, un jeune professeur de lettres, Vincent Degraël, fut invité à passer quelques jours dans une propriété des environs du Havre qui appartenait aux parents d'un de ses collègues, Denis Borrade.
Il s'agit là de la première phrase d'une courte nouvelle de Georges Perec, Le Voyage d'hiver, une nouvelle parue en 1979. Perec raconte ici comment Degraël découvre un mystérieux recueil signé par un auteur inconnu, Hugo Vernier, et comment ce recueil vient chambouler totalement l'histoire de la littérature française du XIXe siècle.

Ce court texte par son originalité comme par sa potentialité a engendré une déferlante chez les oulipiens. Les auteurs de l'Ouvroir ont, l'un après l'autre, enrichi l'idée, fourni des compléments, corrigé des éléments, transporté l'histoire, augmenté, métamorphosé, transmué, converti l'univers imaginé initialement par Perec jusqu'à le truquer, le travestir sinon le remanier. Ce projet littéraire partagé, cette oeuvre commune, ce roman collectif s'est réalisé sur plusieurs années par l'ajout successif de textes, d'idées, de lettres, de nouvelles écrites par autant d'auteurs réels ou fictifs de la galaxie oulipienne. Cela résulte en un joyeux amalgame où le parcours des méandres des divers développements inattendus forme la trame d'un roman hors-norme, une aventure littéraire comme une expérience d'écriture.

Comme il est agréable de se perdre dans les multiples et délicieuses ramifications que les oulipiens ont construites pour donner des suites à la nouvelle de Perec, Le Voyage d'hiver!

Le pire était l’affaire Si par une nuit d’hiver. Ce livre est à moi, je n’y peux rien, c’est pour moi que Calvino l’a écrit. Je suis la lectrice de Si par une nuit d’hiver un voyageur. Et ils ont réussi à avoir mêlé mon livre à leurs histoires. [Michèle Audin, IV-R-16]  
À qui sait les lire, les textes de Georges Perec n’offrent pas seulement un plaisir d’une qualité rare. Ils peuvent aussi, à l’occasion, faire un don plus précieux encore : c’est une espèce de fièvre, légère mais tenace, et dont on ne guérit, comme à regret, que plume en main. [Marcel Bénabou, se citant lui-même dans Le voyage disert

Tout cela me semblait en parfaite harmonie avec l’image que je m’étais depuis longtemps formée de l’oeuvre de Perec. Si cette oeuvre, me disais-je, est un chantier dans lequel on peut puiser pour reconstruire, c’est que les éléments qui la composent sont assez solides pour supporter d’être ainsi transférés et recyclés.  [Marcel Bénabou, Le voyage disert
Intertextualités

Il n'y a pas si longtemps, je ne connaissais ni Gérard Genette ni la narratologie. Je lisais alors parallèlement Le voyage d’hiver et ses suites ainsi qu’À propos du style de Genette de David Turgeon. Or, voilà t’y pas que dans la suite due à Marcel Bénabou dans le roman collectif, on trouve une référence claire à Genette et à Palimpsestes! Aussi, au même moment, dans une autre lecture parallèle, La Montagne magique de Thomas Mann, le principal protagoniste, Hans Castorp, découvre un lied issu du Voyage d’hiver de Shubert.  Que j'aime me laisser séduire par ces interactions textuelles!

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Burgelin

Claude

Album Georges Perec

20/04/2022

Decout

Maxime

Cahiers Georges Perec, no 13, La Disparition, 1969-2019 : un demi-siècle de lectures

11/06/2021

Évrard

Franck

Georges Perec ou la littérature au singulier pluriel 

06/01/2015

Perec

Georges

Cantatrix Sopranica L. et autres écrits scientifiques 

30/05/2010

Perec

Georges

Espèces d’espaces

05/06/2017

Perec

Georges

Georges Perec

16/02/2010

Perec

Georges

L’art et la manière d’aborder son chef de service pour lui demander une augmentation

15/03/2009

Perec

Georges

L’attentat de Sarajevo

05/09/2016

Perec

Georges

La vie mode d’emploi 

10/02/2016

Perec

Georges

Penser / classer 

30/05/2016

Perec

Georges

Tentative d’épuisement d’un lieu parisien

09/07/2018

Perec

Georges

Un cabinet d’amateur, Histoire d’un tableau

13/06/2020

Perec

Georges

Un homme qui dort

02/10/2016




mardi 11 décembre 2018

L'occupation des jours - Annie Perreault

Des herbes folles. Des blocs de béton. Un bout de trottoir crevassé. [A.P.]
L’œil d'Annie Perreault se porte sur ce qui l'entoure, sur de petits espaces, sur la façon de les occuper, sur des faits sans importance, sur l'infraordinaire comme l'appelait Perec qu'elle cite d'ailleurs en exergue. Cet œil, c'est souvent un regard esseulé, sur ce qu'Annie Perreault nomme des terrains vagues. L'occupation des jours se présente comme un assemblage en courtepointe de nouvelles mettant en lumière tamisée de minuscules univers où des personnages vivent leur ennui, leur solitude, leur échec, leur manière d'occuper l'espace et les jours qui s'y déroulent. C'est ainsi par une approche de l'intime que l'auteure nous soumet sa vision de la condition humaine. Voilà un recueil qui m'a séduit.
J'étais en couple, je voyais quelqu'un en cachette. En diagonale de son appartement, il y avait une cabine téléphonique. [A.P.]
De semaine en semaine, elle reviendrait souvent vérifier l'avancement du chantier. Elle se tiendrait droite sur le trottoir, passerait de longs moments à caresser son annulaire dénudé, à regarder l'eau boueuse s'accumuler dans les fondations. [A.P.]
Je cours à la poursuite de quelque chose qui m'échappe, qui ne peut pas exister peut-être, je cherche mes mots, mon histoire à inventer, l'avenir comme un terrain vague. [A.P.] 

lundi 5 février 2018

À peine un petit air de jazz - Gilles Archambault

Quand je m'en sens la force, je marche jusqu'à la rue Union, tu sais, celle que nous empruntions lorsque tu venais me retrouver. [G.A.]
C'est à une écriture de l'intime que nous convie Gilles Archambault. Dans trente-quatre brèves nouvelles se croisent amertume, nostalgie, ennui, bonheur effacé, bonheur furtif, tristesse assumée, désenchantement, sérénité tranquille... En quelques pages, voire quelques lignes, Archambault donne vie à des personnages qui, souvent, semblent partager avec leur auteur plein de secrets inavoués, plein d'expériences de quotidiens sans éclat, plein de morosités. Et, au travers ces tranches de vie, on ne peut faire que le constat que c'est beaucoup de nous dont l'auteur se nourrit. On reconnaît au passage sa propre citation, son propre état de désarroi devant la vie, devant le temps qui court, devant l'âge qui s'accumule dans nos courbatures ou la couleur de nos cheveux restants.

À relire le paragraphe précédent, mon commentaire pourrait paraître négatif. Et pourtant, ce que je voudrais transmettre c'est en premier lieu la maîtrise avec laquelle Archambault manie les mots pour nous plonger dans cet état d'intime regard sur soi et sur sa vie passée, regard qui peut prendre une teinte de mélancolie sans du tout devenir lancinant.

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Archambault

Gilles

En toute reconnaissance, Carnet de citations plutôt littéraires

14/04/2019

Archambault

Gilles

L’ombre légère 

29/01/2012

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Gilles

Qui de nous deux ?

31/05/2023

lundi 30 octobre 2017

Madame Victoria - Catherine Leroux


Germain Léon n'aime pas les morts. [C.L.]
Même si c'est la mort qui a été l'argument initial d'écriture, ce sont des histoires de vie que Catherine Leroux nous offre. À l'été 2001, le corps d'une femme est découvert dans un boisé près de l'Hôpital Royal Victoria. Malgré les recherches, elle n'est jamais identifiée, on la surnomme alors Victoria. Catherine Leroux nous ouvre son imagination et invente pour nous des cheminements, des parcours, des vies, des chemins de traverse vers une mort inéluctable, mais sans éclat dans un petit bois jouxtant un hôpital montréalais. Madame Victoria se démultiplie dans l'imaginaire de l'auteure, elle s'inscrit dans plusieurs temps, dans plusieurs univers et, de version en version, elle se permet quelques détours dans des fictions s'inspirant d'un fantastique affirmé. C'est plus qu'un exercice de style, ce sont des histoires de solitudes, des histoires anonymes, une mise en abyme de situations qui touchent par leur violence sourde trop de femmes. La plume est belle et la lecture engageante. Je me suis aventuré allègrement dans cette réinvention multiple d'un certain extrait de réalité.

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Leroux

Catherine

L’avenir

24/01/2021



jeudi 31 août 2017

Le club des veufs noirs - Isaac Asimov


Ce soir-là, Hanley Bartram était l'invité des Veufs Noirs, qui se réunissaient chaque mois dans leur repaire tranquille... [I.A.]
Une curiosité que ce recueil de nouvelles policières d'Isaac Asimov qu'un ami m'a amené à découvrir. Eh, oui, Asimov a commis un nombre assez important de nouvelles policières. Elles étaient publiées dans différentes revues ou magazines au cours des année 70 et 80. Elles ont été regroupées en recueil. Le club des veufs noirs est le premier de cette série. Nettement inspiré de la littérature policière britannique, Asimov a conçu un cadre selon lequel un groupe d'amis partage un souper un soir par mois dans le même restaurant. Henry Jackson est alors leur serveur pour la soirée. Ce souper est l'occasion d'échanger sur divers sujets, mais une règle veut que l'un des membres du groupe invite une personne, un ami, une connaissance, qui aura pour les membres du groupe, une anecdote, un mystère, une énigme dont la recherche de résolution occupera l'essentiel des discussions de la soirée. Même si cela se passe à New York, l'atmosphère est on ne peut plus british.

J'ai aimé bien que, parfois, les énigmes soient cousues de fil blanc et que les solutions apparaissent un peu triviales. C'est le style et le cadre bien campé qui font le charme de ces nouvelles.

jeudi 27 juillet 2017

L'éléphant s'évapore - Haruki Murakami

Quand cette femme a téléphoné, j'étais debout dans la cuisine, en train de me faire cuire des spaghettis, et je sifflotais en même temps que la radio le prélude de La Pie voleuse de Rossini, musique on ne peut plus appropriée à la cuisson des pâtes. [H.M.]
La lecture de l'oeuvre de Haruki Murakami me comble toujours. Son écriture simple a, sans nul doute, un pouvoir d'enchantement, d’envoûtement. On se sent immédiatement interpellé par sa prose directe, par son style rationnel bien qu'il emprunte plus d'une fois des chemins menant vers le fantastique, mais un fantastique tellement ancré dans le réel.

Le recueil de nouvelles L'éléphant s'évapore ne fait pas exception. J'y ai retrouvé à dose réduite (il s'agit de nouvelles) les éléments qui me séduisent chez Murakami.  On a donc droit à dix-sept nouvelles (ou contes) nous transportant dans des univers personnels totalement disparates, qui nous déstabilisent, qui nous nous font rêver. À l'occasion d'un détail, d'une description, d'un élément de décor ou d'une attitude, Murakami nous rappelle que l'on est au Japon, sinon et la plupart du temps, cela se passe à la porte d'à côté, chez le voisin, dans notre rue, dans le village au-delà du pont... avec un je-ne-sais-quoi d'étrange.

La lecture de chacune de ces nouvelles m'a conquis. J'y ai pris part et j'ai avancé lentement mais investi dans le nouvel univers que me proposait Murakami. J'en ressors content et enrichi de nouveaux et heureux souvenirs de lecture. Je me rappelle particulièrement L'oiseau à ressort et les femmes du mardiLa seconde attaque de la boulangerie et TV People.
Une fois par jour l'oiseau à ressort fait son apparition et remonte la pendule du monde. [H.M.]
Finalement, au bout de dix ou vingt secondes, la communication a été brusquement interrompue, tel le fil d'une vie tranché par une crise cardiaque, et il n'est plus resté qu'un silence vide et sans chaleur, comme des sous-vêtements trop javellisés. [H.M.]
À quoi je rétorque que, pour ma part, il m'arrive de ne plus être capable d'endurer l'apathie de la loi de la gravitation, du nombre pi ou de E=mc2. [H.M.] 

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Sur Rives et dérives, il a souvent été question de oeuvres de Murakami :

Murakami

Haruki

1Q84 

31/07/2015

Murakami

Haruki

Kafka sur le rivage

07/11/2016

Murakami

Haruki

La ballade de l’impossible

29/01/2018

Murakami

Haruki

La course au mouton sauvage

28/09/2022

Murakami

Haruki

Le Meurtre du Commandeur

26/05/2019

Murakami

Haruki

Le passage de la nuit

07/02/2017

Murakami

Haruki

Les amants du Spoutnik

27/11/2019

Murakami

Haruki

L’étrange bibliothèque

21/10/2016