samedi 9 mai 2015

Légendes pédagogiques : l'autodéfense intellectuelle en éducation - Normand Baillargeon


Si vous œuvrez en éducation ou dans un domaine relié à la formation, tendez l'oreille et vous entendrez parler d'elles; puis, regardez autour de vous et, si vous êtes aux aguets, vous en verrez les effets en de multiples endroits, notamment dans ces innombrables pratiques pédagogiques qu'elles inspirent. [N.B.]
Baillargeon parle alors des légendes pédagogiques qui font l'objet de cet essentiel essai. Philosophe  dans une faculté des sciences de l'éducation, il veut armer ses étudiantes et étudiants d'outils rationnels pour se prémunir envers les chants de sirènes qui se font entendre même dans les couloirs de l'université. Il veut faire de la réflexion rigoureuse et scientifique un rempart s'opposant à la pseudo-science qui s'insinue dans les interstices de la formation des maîtres. Il met ainsi en jeu quatorze légendes pédagogiques en leur faisant subir un crible d'analyse systématique. Baillargeon remontera de cette façon aux origines de chacune des légendes pour en établir la source et bien cerner la thèse avancée pour en faire une analyse conceptuelle et ainsi mieux la contrer.

Bien que le traitement accordé à chacune des légendes pédagogiques soit sensiblement le même, on peut s'accorder sur le fait que les légendes choisies ne sont pas de même poids et qu'elles n'ont pas le même impact négatif, s'il y a lieu, sur les pratiques enseignantes, et, par le fait même sur les apprentissages. L'influence relative de la fasciathérapie ou de l'effet Mozart n'a pas à mon sens la même portée que pourraient avoir les styles d'apprentissage ou la programmation linguistique.

Il demeure, toutefois, que j'imagine mal une formation à l'enseignement qui pourrait s'offrir le luxe de mettre de côté un ouvrage critique comme celui de Baillargeon.

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Normand
Heureux sans dieu 
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Normand
L’arche de Socrate, petit bestiaire philosophique
Baillargeon
Normand
Liliane est au lycée 

mardi 5 mai 2015

Un jukebox dans la tête - Jacques Poulin

Ce matin-là, je quittai mon appartement vers onze heures pour aller prendre l'air et acheter Le Soleil. [J.P.]
Poulin, l'auteur des états d'âme et des sentiments. Poulin, tel son alter ego Jack Waterman (c'est un nom de plume), sillonne Québec et décrit ses façons d'être, ses postures mentales, son spleen ambiant et ses rencontres improbables dans des textes d'une simplicité poétique désarmante.

Le hasard placera sur la route de Waterman une jeune lectrice et de cette rencontre naîtront un échange, une conversation et même plus si affinités. Ce dialogue viendra bouleverser la routine de l'ermite et les deux exclus se nourriront de cette nouvelle affection. Douceur, tendresse et musiques du coeur, c'est tout cela qui joue dans le jukebox que nous présente Jacques Poulin.

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Jacques
L’anglais n’est pas une langue magique
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Jacques
L’homme de la Saskatchewan 
Poulin
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La traduction est une histoire d’amour
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Jacques
Les yeux bleus de Mistassini

vendredi 17 avril 2015

La petite écuyère a cafté - Jean-Bernard Pouy

Faire gaffe. La nuit, les rails se rejoignent. [J.-B.P.]
Jean-Bernard Pouy est l'un des papous qui égaie quelques-unes de mes promenades du midi lorsque je me tape l'un ou l'autre des épisodes des Papous dans la tête en baladodiffusion à France-Culture. Je connaissais bien le style qu'il affiche au cours de l'émission, mais je n'avais jamais rien lu de cet auteur de polar. Et pourtant, il a plusieurs œuvres primées dans son carquois. Ce projet du Poulpe m'intriguait. C'est un projet à saveur tout à fait oulipienne.

La petite écuyère a cafté est en effet l'oeuvre de départ d'une collection de polars dont Jean-Bernard Pouy a été le premier directeur. Le Poulpe  regroupe maintenant plus de cent romans d'auteurs différents. Il y a également eu une adaptation en bandes dessinées et au cinéma. La structure et les personnages principaux sont imposés. Cela s'est défini dans les tout premiers romans de la série.

On a ainsi, évidemment, Gabriel Lecouvreur dit « Le Poulpe ». Il est sans domicile fixe : il oscille entre le salon de coiffure de Chéryl, les hôtels, les pensions... Il est amateur de bière, il déteste le vin. Il y a aussi Chéryl qui est coiffeuse et compagne du Poulpe. On trouve Gérard, patron du Pied de Porc à la Sainte-Scolasse, un bar-restaurant et d'autres qui gravitent dans cette sphère, la femme de Gérard d'origine espagnole, Vlad, l'aide-cuisinier roumain, Léon, le chien de Gérard, etc.

Après une mise en scène du meurtre dans le premier chapitre, Gabriel Lecouvreur en prend connaissance en lisant les faits divers attablé au Pied de Porc et décide de mener une enquête. L'aventure se terminera également au Pied de Porc.

J'ai hâte de découvrir d'autres adaptations de ce scénario à contraintes.

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Pouy

Jean-Bernard

Spinoza encule Hegel 

29/11/2015

Pouy

Jean-Bernard

Spinoza encule Hegel

08/10/2021


lundi 6 avril 2015

Beaux-Arts Magazine : Les secrets des chefs-d'oeuvre de la BD

Une magnifique lecture que celle de ce numéro spécial de Beaux-Arts Magazine consacré aux chefs-d'oeuvre de la BD. Ce n'est pas le premier numéro de Beaux-Arts qui s'attarde au neuvième art, loin de là. À chaque fois, les éditeurs ont réussi à trouver un angle qui suscite l'intérêt. Ici, on aborde 10 albums cultes et on en livre quelques clés, on analyse une planche, on place un contexte historique et certains secrets du succès, tout cela selon une mise en page particulièrement réussie.

Au sommaire, on trouve :
1946 - Tintin : Le Lotus bleu (Hergé)
1954 - Blake et Mortimer : Le Mystère de la grande pyramide (Edgar P. Jacob)
1969 - Corto Maltese : La Ballade de la mer salée (Hugo Pratt)
1972 - Blueberry : Le Spectre aux balles d’or (Jean Giraud et Jean-Michel Charlier)
1979 - Les Passagers du vent (François Bourgeon)
1983 - Partie de chasse (Enki Bilal et Pierre Christin)
1986 - Maus (Art Spiegelman)
1988 - 120, rue de la Gare (Jacques Tardi)
1999 - From Hell (Eddie Cambell et Alan Moore)
2003 - Jimmy Corrigan (Chris Ware) 

mercredi 1 avril 2015

La fiancée américaine - Éric Dupont


« Quelques années avant d’être forcée par sa mère à monter dans un autobus pour New York en plein blizzard de décembre, Madeleine Lamontagne avait été une petite fille qui aimait par-dessus tout les lapins de Pâques, les sapins de Noël et les histoires de Louis Lamontagne, son papa. » [É.D.]
Tel La vie mode d'emploi de Perec, le sous-titre de La fiancée américaine aurait pu être Romans, au pluriel. Car, ici, nous avons plusieurs histoires en un roman ou est-ce, plusieurs romans dans une Histoire. Plusieurs décades et plusieurs lieux, le New Hampshire, Rivière-du-Loup, New York, Montréal, Berlin, Rome, le Japon. Plusieurs Madeleine, au moins une à chaque génération, la Tosca et la musique, des yeux sarcelle et des tours de force, des rencontres d'un soir et des livres subtilisés, des petits-déjeuners et des motos, des confessions et des toiles dont La mise au tombeau de la Vierge, des religieuses et un prêtre-peintre, un metteur en scène inspiré et un croque-mort chevalin. Éric Dupont nous entraîne dans cette saga avec un bonheur certain et le regard qu'il porte sur les péripéties de ses protagonistes est toujours plein de tendresse.

Éric Dupont nous offre ici un récit dans lequel on peut plonger sans crainte pour en faire une lecture joyeuse et festive. La fiancée américaine a maintenant sa place parmi les œuvres québécoises d'importance.
« Une partition d'un Impromptu de Schubert était ouverte. Je ne sais plus lequel, mais c'était un de ces morceaux nostalgiques et lancinants de Schubert. Quoi? Tout Schubert est nostalgique et lancinant? Non, certaines de ses pièces sont romantiques et larmoyantes. » [P.474]
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À propos de Dupont, sur Rives et dérives, on trouve aussi :

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Éric
La logeuse, roman tragique
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Éric
La route du lilas