vendredi 17 juin 2016

La journée d'un scrutateur - Italo Calvino

 [Archives Janvier 1991]
 Amerigo Ormea sortit à cinq heures et demie du matin. [I. C.]
J'ai revécu, en lisant La journée d'un scrutateur, deux expériences passées : tout d'abord, mes années de travail à l'hôpital psychiatrique St-Jean-de-Dieu (l'actuel Institut universitaire en santé mentale de Montréal), en la Cité de Gamelin (l'hôpital et son territoire avaient statut de municipalité). La description que Calvino fait du Cottolengo de Turin m'a remis en mémoire l'architecture bizarroïde de St-Jean-de-Dieu. Le rapprochement est frappant. Mais Amerigo, le personnage central, ne voit pas que l'architecture, il rencontre aussi des êtres, les religieuses et les patients qui sont également de l'image que St-Jean-de-Dieu a imprimée dans ma mémoire.
L'institution occupait à elle seule tout un quartier; elle comprenait un ensemble d'asiles, d'hôpitaux, d'hospices, d'écoles et de couvents, presque une ville dans la ville, ceinte de murs et soumise à d'autres lois. Elle avait les contours irréguliers d'un corps qui a grandi par à-coups, au hasard des legs, constructions et initiatives; derrière les murs pointaient des toits, des clochers d'églises, des cheminées, des frondaisons; quand la rue séparait deux bâtiments, ils étaient unis par des passerelles couvertes, comme certaines vieilles bâtisses industrielles qui ont grandi en fonction des commodités bien plus que de l'esthétique, et qui sont elles aussi entourées de murs nus ou de grilles. [I. C.]

L'autre souvenir en résurgence est celui d'une journée passée debout dans le gymnase d'une école pour agir comme « agent de sécurité » dans un bureau de vote au moment d'une quelconque élection (scolaire?). Médiocre expérience!

Mais, quel petit livre! J'ai été touché!

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

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Le vicomte pourfendu

20/10/2021

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Si par une nuit d’hiver un voyageur 

27/01/2016


dimanche 12 juin 2016

La comédie du langage suivi de La triple mort du client - Jean Tardieu

[Archives Février 1992]
- Un dix de trèfle, une dame de coeur, un valet de pique, un chat de gouttière, une vache à lait... Voyons! Voyons! Je retourne encore celle-ci, oeuf à la coque, gare de triage et voici l'as de carreau! [Jean Tardieu dans Les mots inutiles]
J'aime bien lire du théâtre. Quand c'est du théâtre qui se joue des mots, j'aime encore mieux.

De ce recueil de courtes pièces, je retiens particulièrement :
Un mot pour un autre dont j'avais déjà eu connaissance par un extrait dans La petite fabrique de littérature, je crois;
Finissez vos phrases! ou Une heureuse rencontre qui a bien fait rire Catherine et Emmanuelle;
Les mots inutiles avec M. Pérémère et Mme Pérémère.
Ce que parler veut dire ou Le patois des familles, un véritable cours;
Conversation-Sinfonetta, de la musique en mots ou des mots musicaux - à mettre en parallèle avec Le trésor de la langue du guitariste René Lussier, cela réside d'un même espoir de fondre les deux concepts.

- Oh! Chère amie. Quelle chance de vous...
- Très heureuse, moi aussi. Très heureuse de ... vraiment oui! 
- Comment allez-vous, depuis que...? 
- Depuis que ? Eh! Bien! J'ai continué, vous savez, j'ai continué à ...
[J. T. dans Finissez vos phrases!]

mardi 7 juin 2016

Le sculpteur - Scott McCloud

Voici donc une BD (un roman graphique diront certains) imposante. Sur plus de 400 pages, Scott McCloud, que je ne connaissais pas, mais qui est à la fois bédéiste, américain et théoricien du 9e art, nous offre le parcours multiple de David Smith, jeune sculpteur de 26 ans en quête de succès, en quête de reconnaissance, en quête d'amour, en quête de réalisation artistique, en quête d'identité. Le sculpteur, c'est une oeuvre qui revisite le mythe de Faust dans un New York d'aujourd'hui, un New York des galeries d'art et des musées, un New York architectural rendu en bichromie noir et bleu. Le trait est magnifique, l'utilisation de la page est souvent originale et sert bien le texte. Toutefois, ce texte, cette histoire, n'a pas la profondeur qu'on aurait pu lui espérer. Le mythe de Faust se trouve-t-il grandi de cette nouvelle interprétation? L'attente était peut-être trop grande. C'est quand même une lecture qui, sans soulever les passions, m'aura plu.


lundi 30 mai 2016

Penser / classer - Georges Perec

[Archives Novembre 1993]

C'est une relecture de cette petite compilation des textes de Perec sur le classement et quelques sujets connexes.

J'ai bien aimé ses « Notes brèves sur l'art de ranger les livres » car cela me confronte à des problèmes
qui me hantent chaque fois qu'un nouveau livre dont la lecture vient de se terminer doit s'aménager une place dans l'une de mes étagères. C'est l'esprit de Perec même , le classement et les listes qui m'ont probablement porté vers l'écriture de ces courts textes regroupés dans de petits cahiers [ou ce blogue] dédiés à mes lectures. 

À retenir : « Lire : une esquisse socio-physiologique », « Considérations sur les lunettes » et « Penser / classer ».

L'art de la liste, la maîtrise de l'énumération, la maestria de l'inventaire, la virtuosité du recensement, la précision du catalogue, la science du dénombrement, du Perec rien de moins que perecquien et un raton-laveur.

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Sur Rives et dérives, de Perec ou à propos de Perec, on trouve :

Burgelin

Claude

Album Georges Perec

20/04/2022

Decout

Maxime

Cahiers Georges Perec, no 13, La Disparition, 1969-2019 : un demi-siècle de lectures

11/06/2021

Évrard

Franck

Georges Perec ou la littérature au singulier pluriel 

06/01/2015

Perec

Georges

Cantatrix Sopranica L. et autres écrits scientifiques 

30/05/2010

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Espèces d’espaces

05/06/2017

Perec

Georges

Georges Perec

16/02/2010

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L’attentat de Sarajevo

05/09/2016

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La vie mode d’emploi 

10/02/2016

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Georges

Le Voyage d’hiver et ses suites

22/08/2019

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Georges

Tentative d’épuisement d’un lieu parisien

09/07/2018

Perec

Georges

Un cabinet d’amateur, Histoire d’un tableau

13/06/2020

Perec

Georges

Un homme qui dort

02/10/2016


mercredi 25 mai 2016

Mr. Vertigo - Paul Auster

[Archives Juin 2006]

I was twelve years old the first time I walked on water. [P.A.]
J'étais intrigué par ce roman de Paul Auster, roman qui semblait différent, par son thème, des autres œuvres de l'auteur. La différence constatée a été plus grande que prévue.

J'ai lu ce roman en anglais. Opération plus ardue, mais réalisable, m'étant finalement assez bien tiré d'affaires. Quant au roman, je me suis laissé prendre par moments. C'est donc que, par d'autres moments, il ne réussissait pas à m’envoûter. C'est que je n'y ai pas retrouvé ce que j'apprécie le plus chez Auster, notamment dans la Trilogie new-yorkaise, ses réflexions sur l'identité.

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Auster
Paul
La trilogie new-yorkaise