Tel Grandgousier qui se chauffait les couilles « à beau, clair et grand feu », en contant en famille les belles histoires du temps jadis, et pour capter votre attention, nous allons suivre sans plus tarder une ombre, un fantôme. [V.L.]L’incipit promettait, la quatrième de couverture également, mais à mi-chemin, je me suis surpris à abandonner cette lecture. Cela m’arrive rarement, mais voilà que l’écriture déjantée de l’auteur n’est pas allée chercher mon adhésion. J’aimais l’intention. Je me suis toutefois senti englouti sous la verve anarchique et inventive, il faut le reconnaître, de Légende. Après quelques chapitres, n’ayant pas trouvé la clef ni l’espoir de la repérer au loin, j’ai opté pour faire valoir un des droits inattaquables du lecteur et je suis passé à une autre lecture qui sera plus accueillante.
Un blog qui, de Montréal à Bordeaux, tente de toucher toutes les rives et se permet toutes les dérives.
mercredi 17 juin 2020
Les anarchiques, Histoires d'un siècle disparu - Vahé Légende
samedi 13 juin 2020
Un cabinet d’amateur, Histoire d’un tableau - Georges Perec
Un cabinet d’amateur, du peintre américain d’origine allemande Heinrich Kürz, fut montré au public pour la première fois en 1913, à Pittsburgh, Pennsylvanie, dans le cadre de la série de manifestations culturelles organisée par la communauté allemande de la ville à l’occasion des vingt-cinq ans de règne de l’empereur Guillaume II. [G.P.]Lu pour la première fois en 1988, c’est à une relecture de ce roman que je me suis adonné ces jours derniers. Voilà une oeuvre hypnotique et ensorcelante qui engage le lecteur dans un maelström de descriptions, dans un tourbillon d’analyses de tableaux, dans une débauche de listes, de catalogues et de répertoires. C’est à une histoire de l’art pictural que nous convie Perec avec ce tableau qui en contient une multitude y compris lui-même, une vraie histoire de l’art du faux mêlée à une fausse histoire du vrai dans l’art. J’ai été entrainé dans ce courant jusqu’à la dernière phrase. Je demeure bouche bée devant cette invention, devant cette mise en abîme picturale et romanesque.
Nombreux sont sans doute les visiteurs qui tiendront à comparer les oeuvres originales et les si scrupuleuses réductions qu’en a données Heinrich Kürz. Et c’est là qu’ils auront une merveilleuse surprise : car le peintre a mis son tableau dans le tableau, et le collectionneur assis dans son cabinet voit sur le mur du fond, dans l’axe de son regard, le tableau qui le représente en train de regarder sa collection de tableaux, et tous ces tableaux à nouveau reproduits, et ainsi de suite sans rien perdre de leur précision dans la première, dans la seconde, dans la troisième réflexion, jusqu’à n’être plus sur la toile que d’infimes traces de pinceaux : Un cabinet d’amateur n’est pas seulement la représentation anecdotique d’un musée particulier ; par le jeu de ces reflets successifs, par le charme quasi magique qu’opèrent ces répétitions de plus en plus minuscules, c’est une oeuvre qui bascule dans un univers proprement onirique où son pouvoir de séduction s’amplifie jusqu’à l’infini, et où la précision exacerbée de la matière picturale, loin d’être sa propre fin, débouche tout à coup sur la Spiritualité vertigineuse de l’Éternel Retour. [G.P.]
Appréciation : 4,5/5
Sur Rives et dérives, on trouve aussi :
Burgelin | Claude | Album Georges Perec |
Decout | Maxime | Cahiers Georges Perec, no 13, La Disparition, 1969-2019 : un demi-siècle de lectures |
Évrard | Franck | Georges Perec ou la littérature au singulier pluriel |
Perec | Georges | Cantatrix Sopranica L. et autres écrits scientifiques | |
Perec | Georges | Espèces d’espaces |
Perec | Georges | Georges Perec |
Perec | Georges | L’attentat de Sarajevo | |
Perec | Georges | La vie mode d’emploi |
Perec | Georges | Le Voyage d’hiver et ses suites |
Perec | Georges | Penser / classer |
Perec | Georges | Tentative d’épuisement d’un lieu parisien |
Perec | Georges | Un homme qui dort |
mardi 9 juin 2020
Vie de Gérard Fulmard - Jean Echenoz
J'en étais là de mes réflexions quand la catastrophe s'est produite. [J.E.]
Gérard Fulmard, donc, et si j'ai quelques raisons de me plaindre, du moins ne suis-je pas mécontent de ce patronyme assez peu courant, qui ne sonne pas mal, qui est presque le nom d'un bel oiseau marin auquel j'aimerais m'identifier sauf qu'il est grégaire et moi pas plus que ça. Sauf aussi que je n'ai pas le physique, ma surcharge pondérale s'opposant en toute hypothèse à ce que je prenne un jour mon vol. [J.E.]
Appréciation : 3,5/5
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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :
Echenoz | Jean | Je m’en vais |
samedi 30 mai 2020
Des mots et des maths - Gérald Tenenbaum
« La nature est un livre écrit en langage mathématique », proclamait Galilée, exprimant ainsi la conviction que seules les mathématiques permettront à l’homme de comprendre le monde qui l’entoure. Pour autant, le langage mathématique demeure très mystérieux, voire anxiogène, au commun des mortels. [G.T.]
... dis-moi comment tu varies, je te dirai qui tu es. [G.T.]
Au chapitre de la création terminologique, il faut distinguer entre les néologismes de forme, correspondant à la fabrication d’un mot nouveau par dérivation, composition ou analogie, et les néologismes de sens, par lesquels un mot existant reçoit une acception nouvelle. Lorsque les mathématiques empruntent un terme au langage courant, il s’agit évidemment de la deuxième éventualité, même si le nouveau sens n’est destiné qu’à une sphère d’usage restreint. [G.T.]
Bien que, comme l’affirmait Hilbert, il soit possible, sans dommage pour la rigueur, de remplacer dans l’axiomatique de la géométrie les mots « point », « droite » et « plan » par « chaise », « table » et « chope de bière », il est probable qu’une telle terminologie handicaperait significativement le développement ultérieur de la théorie. Si l’on peut concevoir une mathématique indifférente aux connotations de ses termes, il y a fort à parier que les mathématiciens y demeureront sensibles longtemps encore. [G.T.]
« Jusqu’à combien sais-tu compter ? » demandent les enfants avant d’apprendre, presque déçus, qu’il n’y a aucune limite. Au début, ils n’y croient pas tout à fait. Ensuite, ils continuent à se méfier. Peut-être toute leur vie. [G.T.]
Appréciation : 4/5
dimanche 24 mai 2020
Le théorème du parapluie ou L'art d'observer le monde dans le bon sens- Mickaël Launay
Les voyages en mathématiques commencent parfois dans les endroits les plus anodins. [M.L.]
Le mathématicien et « montreur de mathématiques » comme il aime se dénommer (le site Micmaths et la chaîne Youtube correspondante en témoignent) nous fait voyager par cet ouvrage dans un monde que certains pourraient croire n'être pas à leur portée. L'extraordinaire vulgarisateur qu'est Launay saura les dédire. Il nous entraîne dans des lieux mathématiques à la limite de la physique qui sont moins fréquentés. Il nous fait réfléchir le fait que le monde semble plus multiplicatif qu'additif. Il joue avec l'infini. Il nous fait suivre les méandres des côtes et des frontières. Il nous initie à des géométries hors de l'ordinaire et nous fait voyager à la vitesse de la lumière. C'est la représentation mathématique qui nous sert de parapluie dans ce périple qui est loin d'être anodin.
Aucune théorie sur le monde n’est définitive. [M.L.]
Le chemin vers notre connaissance du monde est si beau qu’on voudrait qu’il ne s’arrête jamais. [M.L.]
Sur Rives et dérives, on trouve aussi :
Launay
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Mickaël
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Le grand roman des maths
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