mardi 10 janvier 2012

Le cas Sneijder - Jean-Paul Dubois

Je me souviens de tout ce que j'ai fait, dit ou entendu. [J.P.D.]
Montréal est le cadre de cette histoire et la ville est décrite avec une précision sans faille, mais c'est encore autour du personnage classique de Dubois que se joue cette trame, un être déprimé qui, pour certains, pourrait sembler un éternel perdant, un raté de toujours, ou encore, un être désespérément ... lucide.

C'est la chute d'un ascenseur qui est le déclencheur du regard acerbe que Sneijder jette sur sa vie. Paul Sneijder est le seul survivant de ce rare accident, il y perdra sa fille d'un premier mariage. Il se retrouvera seul, au sein d'une famille qu'il ne reconnait plus et qui ne le reconnait plus. Il s'en évade en promenant des chiens sur l'Ile-des-Soeurs et en explorant le monde méconnu des ascenseurs et de leur rôle dominant dans la détermination de la société actuelle fondée sur une verticalité assumée.

Jean-Paul Dubois montre encore ici son talent incontestable pour décrire les travers des comportements humains. Dans ce roman mélancolique, il n'hésite pas, comme à son habitude, à faire appel à un humour grinçant, à une ironie qui questionne. On sort de ce roman avec l'impression déconcertante de se reconnaître en partie chez le protagoniste.


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Sur Rives et dérives, à propos de Dubois, on trouve :


Dubois
Jean-Paul
Kennedy et moi
Dubois
Jean-Paul
La succession
Dubois
Jean-Paul
La vie me fait peur 
Dubois
Jean-Paul
Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon
Dubois
Jean-Paul
Une vie française 

samedi 31 décembre 2011

Chute de vélo - Étienne Davodeau

Chute de vélo est un roman graphique... une BD quoi. Je n'ai pas encore compris quelle est la réalité couverte par la notion de roman graphique qui ne soit pas incluse dans le terme plus souvent utilisé de bande dessinée. Quoiqu'il en soit, Étienne Davodeau nous livre ici une tranche de vie tout en subtilité, subtilité du dessin comme de la trame narrative. Davodeau sait nous insérer dans l'histoire de vie de ses protagonistes. Il sait créer un espace de réalité dans lequel se joue son scénario autour d'une famille élargie qui vit les derniers moments de la demeure familiale, qui vit des déchirures et une chute de vélo. On est donc introduit dans le quotidien de cette famille, dans ses petits moments et dans ses non-dits. Tout cela se situe dans un petit village de l'ouest de la France, un village reproduit avec amour.
L'édition que je lisais se concluait sur un texte introspectif où l'auteur se dit et nous fait part de son approche à la création d'une oeuvre telle Chute de vélo. C'est loin d'être la partie la moins intéressante et on y découvre une sensibilité qui émeut.
Après Lulu femme nue, c'est le deuxième Davodeau que je lis et je ne m'arrêterai sûrement pas là.

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Davodeau
Étienne
Le chien qui louche 
Davodeau
Étienne
Les ignorants, récit d’une initiation croisée 

samedi 10 décembre 2011

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler - Michel Folco

Le premier événement appelé à bouleverser de fond en comble l'existence de Klara Pölz (onze ans) se produisit en début de matinée; le second en fin de soirée. [M.F.]
Troublant! Se sentir ainsi placé devant l'enfance d'un monstre. Hitler a évidemment vécu une enfance et Folco s'amuse à nous la présenter en mêlant histoire et fiction, réalité et invention. Il y insère même la célèbre lignée des Tricotin pour établir le lien avec ses écrits précédents.

Dans La jeunesse désabusée..., on découvre ses racines, son père fonctionnaire vieillissant, sa mère Klara protectrice. On assiste à sa tendre enfance, ses découvertes, ses échecs scolaires, sa passion pour les amérindiens, pour Wagner et pour la peinture, sa rencontre avec Wittgenstein, ses difficultés financières et ses quelques contacts avec l'autre, celui qui n'est pas de source allemande.

Le roman s'étale sur une période allant de 1871, la rencontre de Klara avec son cousin Aloïs qui deviendra son époux et le meurtre en 1914 de l'Archiduc François-Ferdinand d'Autriche qui sera le déclencheur de la première Guerre Mondiale. Certains pourront trouver que la fin est abrupte, mais je considère que de choisir ce moment clé demeure une belle idée pour trancher entre la jeunesse d'Hitler et sa vie adulte, il s'inscrit en effet comme volontaire dans l'armée allemande au moment où l'Allemagne s'engage dans la guerre.

Troublant en effet de suivre ce personnage dans sa construction et son évolution. Que certains éléments relèvent de l'imagination de Folco ne rend pas l'exercice moins bouleversant.