vendredi 5 août 2016

Sapiens, une brève histoire de l'humanité - Yuval Noah Harari

Il y a environ 13,5 milliards d'années,la matière, l'énergie, le temps et l'espace apparaissaient à l'occasion du Big Bang. [Y.N.H.]
C'est une aventure en vol plané au-dessus de l'histoire, à laquelle nous convie Yuval Noah Harari, cet historien de l'Université hébraique de Jérusalem. Avec une capacité étonnante d'aborder l'humanité sous un angle macroscopique, il nous offre une vision globale de l'évolution de l'homo sapiens. Il s'attarde, il va de soi, sur les premiers moments de l'homo sapiens en présentant des hypothèses intéressantes sur les éléments qui auraient contribué au fait que Sapiens soit encore là alors que Néanderthal ou l'homme de Flores nous ont quittés. Il avance que ce serait la capacité de Sapiens à imaginer des fictions qui lui a permis de faire collaborer des ensembles toujours plus importants d'individus autour des mêmes idées. Ces fictions, ce sont notamment les religions, les monnaies, les entreprises commerciales, ... Il abordera ainsi les grandes révolutions de l'humain, la révolution cognitive qui aura permis à sapiens de communiquer de façon efficace, la révolution agricole, les grands facteurs unificateurs que sont la religion, l'argent et l'empire, la révolution industrielle et scientifique. Sur tous ces éléments, Harari porte un regard global et critique qui parfois heurte nos façons de voir les choses, mais il amène ses arguments de si belles manières et il démontre un tel talent de vulgarisateur qu'on ne peut que s'incliner et faire le constat que l'auteur vient de nous faire vivre une aventure palpitante de plusieurs millénaires.
Aujourd'hui encore, malgré nos technologies avancées, plus de 90% des calories qui nourissent l'humanité proviennent de la poignée de plantes que nos ancêtres domestiquèrent entre -9 500 et -3 500 : blé, riz, maïs, pommes de terre, millet et orge. [Y.N.H.]
Depuis des milliers d'années, philosophes, penseurs et prophètes ternissent l'argent et en font la racine de tous les maux. Quoi qu'il en soit, la monnaie est aussi l'apogée de la tolérance. [...] Grâce à l'argent, même des gens qui ne se connaissent pas et ne se font pas confiance peuvent tout de même coopérer efficacement. [... Mais] quand tout est convertible, quand la confiance dépend de pièces anonymes et de cauris, elle corrode les traditions locales, les relations intimes et les valeurs humaines, pour les remplacer par les lois froides de l'offre et de la demande. [Y.N.H.]
Dans les cercles universitaires, beaucoup sont naïfs au point de croire à la science pure. Ils croient l'État et les entreprises assez altruistes pour leur donner de quoi poursuivre leurs projets de recherche au gré de leur fantaisie. Or, la réalité du financement de la science est bien différente. La plupart des études scientifiques sont financées parce que quelqu'un estime qu'elles peuvent aider à atteindre quelque but politique, économique ou religieux. [Y.N.H.]
Dans les derniers chapitres, il examine le rythme effarant des dernières révolutions et il se pose une question essentielle. Ces révolutions contribuent-elles à l'avancée du bonheur au coeur de l'humain? Enfin, il dresse un portrait inquiétant de l'éventuel futur de l'homo sapiens.
Voici soixante-dix mille ans, Homo sapiens n'était encore qu'un animal insignifiant qui vaquait à ses affaires dans un coin de l'Afrique. Au fil des millénaires suivants, il s'est transformé en maître de la planète entière et en terreur de l'écosystème. Il est aujourd'hui en passe de devenir un dieu, sur le point d'acquérir non seulement une jeunesse éternelle, mais aussi les capacités divines de destruction et de création. [Y.N.H. En épilogue]

On peut voir ici une conférence Ted de l'auteur : Comment expliquer l'ascension de l'homme? http://bit.ly/2aOc57R

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Sur Rives et dérives, on trouve :

Harari

Yuval Noah

Homo Deus, une brève histoire de l’avenir

29/05/2019

Harari

Yuval Noah

Sapiens, a graphic History, The Birth of humankind

09/07/2021


jeudi 28 juillet 2016

Alfred Jarry - Ubu et la 'pataphysique

[Archives Décembre 1989]

J'ai rencontré Ubu, je crois, vers la fin de mes études secondaires. Ma copie de Tout Ubu date du milieu des années 70. Mais, j'en avais lu plusieurs extraits précédemment. Pour ce qui est du Docteur Faustroll (Gestes et opinions du docteur Faustroll, 'pataphysicien), j'en avais lu l'intégrale vers 1975, ma copie date toutefois de 1981, année où je l'ai relu. J'ai lu Les jours et les nuits vers 1987-1988, cela m'est apparu comme un roman plus ardu.

Ubu et Faustroll (y compris le grand singe papion Bosse-de-nage, lequel ne savait de parole humaine que : « Ha Ha ») font partie de mes fétiches littéraires découverts par le biais de Vian (Boris), 'pataphysicien émérite (il était Équarisseur de première classe au Collège de 'Pataphysique).

La compagnie de théâtre Ubu qui s'est attardée au théâtre de l'absurde, entre autres, m'a fait revivre quelques bons moments avec le Père Ubu et la mère Ubu dans Ubu cycle (1989).

La 'pataphysique, [cette science des solutions imaginaires qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité], a donné naissance à l'Ouvroir de littérature potentielle (l'Oulipo) qui est une source inextinguible de plusieurs de mes lectures. On a donc là une branche relativement simple dans l'arbre de mes explorations littéraires.

jeudi 14 juillet 2016

Naufrage - Biz

Marieke Van Verden, quarante et un ans, accouche, le visage déformé par la douleur, elle pousse en hurlant. Frédérick Limoges, trente-neuf ans, l'encourage en lui épongeant le front. Il est dépassé, par les événements. [B.]
J'ai eu de la difficulté à lire Naufrage. Non par le style ni par l'écriture, qui coule très bien et qui a la simplicité que certains écrivains de Québec que j'aime bien sont capables d'atteindre. Naufrage, je l'ai perçu tel un drame en plusieurs stades. Le premier, celui de la déchéance dans le travail, de la dérive sur une tablette des archives, bien que supportable, décrit bien ce que plusieurs fonctionnaires vivent quotidiennement dans le marasme de la logique uniquement bureaucratique de décisions discrétionnaires et ministérielles sans fondement.

Puis, j'ai vu venir le second drame, l'ultime. J'ai posé les freins à ma lecture. Je n'étais pas prêt à affronter la suite. La couverture de Naufrage m'a interpellé pendant quelque trois semaines avant que j'accepte de poursuivre.

J'ai alors accompagné Frédérick dans ce qui le détruira complètement, dans sa culpabilité, dans les accusations qui lui sont portées et qu'il s'afflige, dans son couple qui ne peut survivre, dans son être qu'il n'est plus en mesure de contempler.
Je m'endors dans ma tanière, avec un Traité de sémantique appliquée à la gouvernance organisationnelle en guise d'oreiller. [B.]
J'ai bien fait de terminer cette lecture, l'imagination qu'elle comporte confère au drame une touche de vie inventée, mais de vie tout de même.

lundi 11 juillet 2016

Le pianiste - Manuel Vazquez Montalban

[Archives Octobre 1992]
Si la lampe avait eu une ampoule, il l'aurait sans doute allumée. [M. V.M.]
Il s'agit d'une histoire en trois temps et à rebours, une histoire de l'Espagne d'aujourd’hui, d'hier et d'avant-hier où le personnage principal ne joue d'abord qu'un rôle accessoire pour prendre de plus en plus d'ampleur jusqu'à la guerre civile espagnole vue de Paris.

J'ai bien aimé ce roman qui m'a fait pénétrer un univers peu connu, celui de la Catalogne et de la révolution espagnole. Heureusement, mes vieilles lectures anarchistes avaient laissé quelques traces.

La littérature et les lettres en général hydratent la peau et maintiennent l'apparence de jeunesse. [M. V.M.]
Il y a un temps pour se tromper et un temps pour découvrir le pourquoi de l'erreur. [M. V.M.]

lundi 4 juillet 2016

Le partage du monde - Kébir Mustapha Ammi

Voilà. J'ai dix ans et si je t'écris aujourd'hui, c'est pas pour te demander l'aumône, rassure-toi. [K. A.]
On ne peut pas vraiment dire qu'il s'agit d'un roman-route même si le protagoniste, le jeune Brahim, comme il s'est lui-même nommé, dans son errance, parcourt un chemin qui ira, dans un premier temps de Marrakesh à Tanger, de la ville rouge à la ville blanche, dans le but de chevaucher les vagues et la mer vers la France . Le voyage, c'est surtout dans l'esprit et l'âme insouciante de Brahim, qu'on le fait. C'est son voyage dans la vie jusqu'à ses dix ans au moment où il quitte Marrakesh. Le partage du monde, ce sont les efforts de Brahim pour exister, pour être et pour continuer, c'est son parcours, réel et imaginé, vers les pays d'abondance, ses rencontres hors norme, les discours que lui tiennent les ondes et l'échange épistolaire avec le président de la République. Le partage du monde, c'est un regard sur la faim, sur l'indifférence et sur un monde qui, aujourd'hui, doit prendre acte d'une crise sans précédent qui amène des peuples à se déplacer et à chercher ailleurs des raisons de rêver à nouveau.