lundi 22 décembre 2014

Le lièvre de Vatanen - Arto Paasilinna

Deux hommes accablés roulaient en voiture. [A.P.]
L'un de ces hommes est Vatanen (que tout au long de ma lecture je me suis entêté à appeler intérieurement Vataven, allez savoir pourquoi). Vatanen, donc, après une rencontre imprévue avec un lièvre quitte sa vie pour vagabonder au gré des occasions et des routes, routes menant plus souvent qu'autrement vers les bois du nord finlandais. On se retrouve ainsi encore devant un roman déambulant où l'on suit le protagoniste dans ses errances et ses tribulations. Est-ce ici pertinent? Paasilinna réussit-il à nous capter pour ce voyage inhabituel? Je n'en suis pas assuré. La plume traduite de Paasilinna manque d'un je ne sais quoi qui nous convaincrait et je n'ai pas retrouvé dans ce Lièvre de Vatanen l'allant qui avait attisé mon intérêt dans Petits suicides entre amis.

___________________

Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Paasilinna
Arto
Petits suicides entre amis 


lundi 15 décembre 2014

L'élixir d'amour - Éric-Emmanuel Schmitt


Louise, Si tu m'écoutes, bonjour. [É.-E. S.]
Schmitt choisit ici l'échange épistolaire comme forme. Le contenu, c'est également l'échange entre les deux protagonistes de ce discours duel. Le contenu, c'est l'amour qu'il se sont porté, ce sont les amours qu'ils font naître, c'est la passion qui émerge, c'est le désir qui flamboie, et ce sont les mots pour les décrire sous toutes leurs formes.

Louise et Adam, de Montréal à Paris, maintiennent un dialogue qui n'est pas sans équivoque et nous sommes les témoins voyeurs de ce commerce.

P.S. Étonnante correspondance que la nôtre : nous ne parlons pas d'amour mais nous parlons sur l'amour. [É.-E. S.]


__________________

Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Schmitt
Éric-Emmanuel
Les dix enfants que madame Ming n’a jamais eus 
Schmitt
Éric-Emmanuel
Madame Pylinska et le secret de Chopin

vendredi 5 décembre 2014

Les promeneurs du temps - Épisode 1 - L'équation interdite - Viale et Dorange

Le premier jour du XXe siècle... moment unique et étourdissant. (V & D)
Une BD au graphisme étonnant, envoutant, géométriquement mystérieux. Un coup de crayon qui accompagne très bien l'atmosphère de cette aventure du commissaire Ambroise Clé qui débute avec le siècle dernier dans un monde qui tient à la fois du polar et du fantastique, de la logique cartésienne et du spectre vaporeux, de la mathématique du raisonnement et du paradoxe obscurantiste.

Dans cet univers dual, Clé est le tenant de la science par laquelle on accédera à la vérité. Mais, dès ce premier janvier 1901, sa promenade sur les rives enneigées de la Seine le mènera vers un rendez-vous qui bouleversera la ligne du temps.

Le site BDZoom.com nous offre un Entretien avec les auteurs des « Promeneurs du temps » : Sylvain Dorange et Franck Viale.

Il s'agit du premier épisode d'une série qui en comportera cinq.

vendredi 28 novembre 2014

L'armée furieuse et Sous les vents de Neptune - Fred Vargas

Avec cette Armée furieuse, je me réconcilie avec Fred Vargas et avec l'univers d'Adamsberg, avec son équipe non traditionnelle et ses méthodes intuitives.

Je me réconcilie parce que, après avoir savouré Pars vite et reviens tard et m'être ainsi initié à ce type de polar d'aujourd'hui qui résonne avec le passé, j'ai eu la curiosité malsaine de voir comment Vargas avait traité du Québec dans Sous les vents de Neptune dont la majorité de l'intrigue s'inscrit dans un Gatineau d'un Québec imaginaire et caricatural. Ce Québec peint par Vargas ne peut être né que d'une auteure qui n'a pas amorcé sa recherche et qui s'est contentée de ce qu'elle croyait savoir sur les lieux, les coutumes, la langue et les us du cadre dans lequel elle voulait situer son polar. La représentation grotesque du Québec et de la façon de parler de ses habitants m'a fait douter et j'ai été, à maintes reprises, tenté de laisser en plan cette lecture. Mais, Il semble que l'intrigue ait été à la hauteur, car elle a fait en sorte que je me rende jusqu'à la dernière page.

L'approche à L'armée furieuse a été, quant à elle, tout autre et dès les premières pages j'ai été plongé dans un monde qui se situe à cheval sur l'histoire, l'histoire réelle de meurtres commis à Ordebec et celle presqu'aussi réelle qui vit dans l'imaginaire des gens de ce village normand.

mercredi 26 novembre 2014

Sur la lecture - Marcel Proust

Il n’y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré. [M.P.]
Ma première lecture de Marcel Proust. C'est en fait un ouvrage de quelques pages puisqu'il était destiné à constituer la préface de la traduction de Sésame et les Lys de John Ruskin. Il s'agit toutefois d'un texte dont la nature même allait bien au-delà de sa fonction première et dont la forme comme le contenu supposaient une vie littéraire plus longue que le roman qui en  avait été l'initiateur ou le prétexte.

Si je n'avais abordé encore Proust, c'est sûrement signe d'une certaine crainte, d'une certaine gêne devant l'ampleur de l'oeuvre, une importance qui se mesure au nombre de tomes d'À la recherche du temps perdu, à la longueur de ses phrases ou à l'influence que Proust a eue sur la littérature du XXe siècle.

J'ai donc attendu qu'un texte et un corpus plus restreint s'offrent à moi et, le moment propice se présentant, j'ai plongé. Je n'aurai pas regretté et j'ai ainsi pu sentir l'attrait que la plume de Proust peut exercer sur ses lecteurs depuis plus d'un siècle.
Puis la dernière page était lue, le livre était fini. Il fallait arrêter la course éperdue des yeux et de la voix qui suivait sans bruit, s’arrêtant seulement pour reprendre haleine, dans un soupir profond. [...] Alors, quoi ? ce livre, ce n’était que cela ? Ces êtres à qui on avait donné plus de son attention et de sa tendresse qu’aux gens de la vie, n’osant pas toujours avouer à quel point on les aimait, et même quand nos parents nous trouvaient en train de lire et avaient l’air de sourire de notre émotion, fermant le livre, avec une indifférence affectée ou un ennui feint ; ces gens pour qui on avait haleté et sangloté, on ne les verrait plus jamais, on ne saurait plus rien d’eux. [M.P.]