dimanche 31 janvier 2016

Odile - Raymond Queneau


[Archives Juin 1992]
Lorsque cette histoire commence, je me trouve sur la route qui va de Bou Jeloud à Bad Fetouh en longeant les murs de la ville. [R.Q.]
C'est peut-être l'un des romans les plus autobiographiques de Raymond Queneau, l'auteur de Zazie dans le métro. Écrit en 1937, il relate son expérience surréaliste. Queneau, épris de liberté, avait claqué la porte de ce mouvement en 1929. On le découvre ici sous les traits d'un jeune mathématicien qui, de retour de l'armée, renoue avec des amis communistes et anarchistes. Il rencontrera aussi Odile.

André Breton, le pape du surréalisme, sous la figure d'Anglarès, est mis à mal et en prend pour son rhume. Il apparaît comme le leader égocentrique d'un mouvement sectaire assez particulier.

Raymond Queneau ne m'aura pas déçu.

« Anglarès : Eh bien voilà. J'ai l'intention de regrouper toutes les sectes éparses et tous les groupes dispersés (...)

Il me tendit une feuille dactylographiée énumérant:
les polysystématiseurs
les co-matérialistes phénoménophiles
les télépathiciens dialecticiens
les sympathisants piatilektiens non réformés
les anthroposophes discordants
les dysharmonistes plurivalents
les Yougoslaves anticonceptionnels
les mediumnistes paralyriques
les fanatiques irrésolus partisans de l'ultrarouge
les spirites incubophiles
les révolutionnaires asymétriques purs
les polypsychistes intolérants
les terroristes antifascistes promussoliniens d'extrême-gauche
les fruitariens antiflics
les métapsychistes incoordonnés
les parachistes disséminés
la ligue pour les barbituriques
le comité de propagande pour la psychanalyse par correspondance
les socio-bouddhistes dissidents
les phénoménologues néantisseurs en inactivité
l'association des anti-intellectuels révolutionnaires
les révoltés nullificateurs intégraux
les syndicalistes antimaconniques initiés
et trente et un groupements belges.
»
 
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Le chiendent 

mercredi 27 janvier 2016

Si par une nuit d'hiver un voyageur - Italo Calvino



[Archives Octobre 2005]
Tu vas commencer le nouveau roman d'Italo Calvino, Si par une nuit d'hiver un voyageur. [I.C.]
Est-ce le signe d'une certaine constance, lecteur? Je débute ce tome 4 de mes excursions dans mes lectures par le compte rendu d'un texte qui aura maintes fois occupé mes soirées et ma table de chevet : Si par une nuit d'hiver un voyageur, lecture fétiche s'il en est. Est-ce la quatrième ou la troisième lecture que j'en fais? J'y ai retrouvé la fraîcheur naïve du Lecteur, la détermination abandonnée de la Lectrice et dix premiers chapitres qui lancent le couple dans une quête des suites des récits amorcés, une quête qui mutera en une réelle recherche du bonheur. Cette nième lecture ne m'aura pas déçu, j'ai plutôt compris encore une fois pourquoi je lis et je relis cette œuvre oulipienne. Je suis dans la même situation que le Lecteur et la Lectrice, je suis envoûté par ces premiers chapitres et, à chaque fois, je m'y engage avec la ferveur de celui qui découvre quelque chose de nouveau, de vert et d'essentiel.

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17/06/2016

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lundi 25 janvier 2016

Comment vivre ? : une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponse - Sarah Bakewell

Le XXIe siècle est plein de gens imbus d'eux-mêmes. [S.B.]
Sarah Bakewell aborde Montaigne de façon originale. Dans Comment vivre ?, on aura droit à des tranches de vie et d'oeuvre de Montaigne, on se permettra d'examiner divers regards sur cette oeuvre, on verra comment elle a été lue à travers les siècles et comment plusieurs ont reconnu dans ces écrits une part de soi, les pensées d'un frère qui vibre tel un harmonique à des siècles d'intervalle. On sera confronté aux épisodes de vie de Montaigne et on découvrira comment ceux-ci plongés dans leur contexte social et politique ont contribué à l'émergence des Essais et des autres écrits du philosophe.

Sur un ton agréable, Sarah Bakewell  s'insinue dans ce sujet immense par cette simple question Comment vivre ? et nous offre diverses réponses tirées de l'œuvre, des réponses singulières qui témoignent chacune d'un angle différent sur le parcours du philosophe, non des prescriptions, mais des directions possibles :
  • Ne pas s'inquiéter de la mort ;
  • Lire beaucoup, oublier l'essentiel de ce qu'on a lu ;
  • Survivre à l'amour et à la perte ;
  • Utiliser de petites ruses ;
  • Tout remettre en question ;
  • S'arracher au sommeil de l'habitude ;
  • Garder son humanité. 
Sarah Bakewell met ainsi en lumière toute la richesse des Essais et montre à quel point les lecteurs des siècles suivants s'y sont vus et s'y sont lus. J'aurai beaucoup appris à la lecture de cet ouvrage, mais surtout j'y ai pris plaisir.

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Au café existentialiste. La liberté, l’être et le cocktail à l’abricot

mercredi 6 janvier 2016

Comme un léger malentendu - Nicolas Guay

Ce jour-là, je descendis tôt pour dîner. [N.G.]
C'est à la lecture d'un ensemble de courtes nouvelles et de fragments divers que nous convie Nicolas Guay, aussi appelé Le machin à écrire. Ces nombreux textes avaient déjà eu droit, pour la plupart, à une publication sous forme d'article sur un blogue que je ne me lasse pas de consulter, celui de l'auteur (http://www.machinaecrire.com). C'est ainsi que j'ai pu revisiter des versions parfois remaniées de textes déjà connus, mais cela demeure tout à fait intéressant de les voir ainsi regroupés dans cet opuscule.

J'ai notamment relu avec joie Un sommaire exécutif où l'auteur décrit avec résignation assumée le supplice de celui qui tient le crayon et qui doit écrire et réécrire de façon toujours plus brève une analyse qu'il voulait complète et exhaustive d'une situation requérant une décision d'un cénacle composé de personnages ne voulant pas lire.

Nicolas Guay aime mettre en mots des situations absurdes en soi ou créées comme telles. Il puise à n'en pas douter dans son expérience de travail comme dans Le beurre et l'argent du beurre où le Client Important de l'Entreprise réclame et obtient des Vendeurs à la fois le beurre et l'argent du beurre au grand dam des Ingénieurs de l'Entreprise. Il invente des contextes incongrus. C'est le cas dans cette description chimérique, sportive et délirante d'une étape du Championnat mondial de mémorisation des décimales de pi.

J'aimerais bien avoir ce talent de raconteur d'histoires, d'inventeurs de situations, de créateurs de petits univers.

Le Machin à écrire avait également publié L'insoutenable gravité de l'être (ou ne pas être) dédié dans ce cas à la twittérature et à des fragments encore plus courts.

Voici la quatrième de couverture de Comme un léger malentendu :
Après avoir épuisé la section Croissance personnelle de la bibliothèque de son quartier, après avoir acheté en librairie tous les volumes récents sur la question — livres pratiques, témoignages, ouvrages de vulgarisation pseudoscientifique — il tomba par hasard sur ce bouquin et décida de se le procurer, peut-être influencé par la couleur guillerette de la couverture. Il le lut d’une traite et y découvrit une cinquantaine de courts textes en prose qui le laissèrent perplexe. Ce n’est pas qu’il n’en retira pas une certaine satisfaction intellectuelle, ça lui arracha même à l’occasion un sourire, mais ce qu’il recherchait, au fond, c’était un manuel d’utilisation de la vie, un inventaire des commandements du bien-être, un livre de recettes du bonheur, toutes choses que ce bouquin n’était pas. Malgré tout, quoique cette lecture ne lui ait pas permis d’atteindre la zénitude tant espérée, il ne manqua jamais par la suite de la recommander chaudement à ses proches, ainsi qu’à son coach de vie.

Ce recueil propose des versions revues et corrigées de textes en prose d’abord publiés par l’auteur dans son blogue Le machin à écrire, où il publie au jour le jour et depuis 2006 ses œuvres incomplètes.
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Sur Rives et dérives, à propos de Nicolas Guay, on trouve :

Guay
Nicolas
L’insoutenable gravité de l’être (ou ne pas être) 
Guay
Nicolas
La vie secrète du commis comptable

mercredi 23 décembre 2015

Malgré tout on rit à Saint-Henri - Daniel Grenier

C'est peu dire qu'il avait tout essayé. [D.G.]
Avec un tel titre, je me serais attendu à ce que le quartier Saint-Henri de Montréal soit plus présent, qu'il occupe une place privilégiée parmi les décors de cet ensemble de nouvelles, qu'il soit l'assise de diverses aventures, qu'il soit le quartier général de ce recueil. Or, ce n'est point le cas. Je crois que Saint-Henri aura plutôt été le lieu de création, le contexte qui a permis la naissance de cette écriture multiple, l’atmosphère génératrice d'idées à mettre en textes.

Après un Chèque en blanc particulièrement réussi où la psychopop du Secret trône, Daniel Grenier s'aventure vers des portraits, des anecdotes et quelques errances, sur des tons variés, en adoptant divers niveaux de langages, en s'étendant plus ou moins sur les univers ainsi créés. Et puis il y a Les mines générales où le narrateur, féru de langue portugaise, adopte, par l'intervention du hasard, une famille brésilienne qui le changera à jamais.

Dans toutes ses interventions en forme de nouvelles, Daniel Grenier met à contribution un souffle qui ne s'épuise pas. J'ai particulièrement hâte d'aborder son récent et premier roman  L'année la plus longue.

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

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Grenier
Daniel
La solitude de l’écrivain de fond, Notes sur Wright Morris et l’art de la fiction
Grenier
Daniel
L’année la plus longue