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jeudi 7 septembre 2017

Intérieur nuit - Marisha Pessl

Que cela nous plaise ou non, nous avons tous une histoire avec Cordova. [M.P.]
Quel être mystérieux que ce Cordova, cinéaste mythique auteur d'un ensemble d'oeuvres maudites qui sont au centre des considérations quasi fétichistes de ses admirateurs. Sa fille Ashley est également fascinante, pianiste prodige, elle disparaît de la scène médiatique et son corps est découvert dans un entrepôt du Chinatown de New York. C'est le coup d'envoi de ce roman. Dans un cadre cinématographique, il fait intervenir un journaliste d'investigation qui, après avoir confronté le père, il y a quelques années, s'est retrouvé sur une voie de garage. Une enquête s'amorce. Le journaliste indépendant se voit, par le hasard des rencontres, attribuer une équipe improbable. C'est donc un trio incongru qui tentera, au travers une masse d'informations de tous ordres, de dénouer ce mystère qui prend des teintes de magie noire et de soufre.

Marisha Pessl nous convie à un polar multiforme qui s'exprime sur un drame qui prend à certains égards des allures convaincantes de réalité.
La musique classique, ce n'et pas simplement de la musique. C'est un journal intime. Une confession débridée en pleine nuit. une mise à nu de l'âme. [M.P.] 

jeudi 31 août 2017

Le club des veufs noirs - Isaac Asimov


Ce soir-là, Hanley Bartram était l'invité des Veufs Noirs, qui se réunissaient chaque mois dans leur repaire tranquille... [I.A.]
Une curiosité que ce recueil de nouvelles policières d'Isaac Asimov qu'un ami m'a amené à découvrir. Eh, oui, Asimov a commis un nombre assez important de nouvelles policières. Elles étaient publiées dans différentes revues ou magazines au cours des année 70 et 80. Elles ont été regroupées en recueil. Le club des veufs noirs est le premier de cette série. Nettement inspiré de la littérature policière britannique, Asimov a conçu un cadre selon lequel un groupe d'amis partage un souper un soir par mois dans le même restaurant. Henry Jackson est alors leur serveur pour la soirée. Ce souper est l'occasion d'échanger sur divers sujets, mais une règle veut que l'un des membres du groupe invite une personne, un ami, une connaissance, qui aura pour les membres du groupe, une anecdote, un mystère, une énigme dont la recherche de résolution occupera l'essentiel des discussions de la soirée. Même si cela se passe à New York, l'atmosphère est on ne peut plus british.

J'ai aimé bien que, parfois, les énigmes soient cousues de fil blanc et que les solutions apparaissent un peu triviales. C'est le style et le cadre bien campé qui font le charme de ces nouvelles.

jeudi 20 avril 2017

Numéro zéro - Umberto Eco

Ce matin, l'eau ne coulait plus au robinet. [U.E.]
Umberto Eco possède (possédait) une plume qui me séduit. Son style, son écriture, ses dialogues ont tout pour m'accrocher et maintenir mon attention jusqu'à la fin du roman.  Cette fois-ci, il s'agira d'un regard (ou d'une flèche) satirique porté sur le monde journalistique, sur la presse, sur la manipulation de l'information (tiens, tiens), sur la création de l'événement, sur l'influence des médias. Tous des sujets qui en ces jours de vérités alternatives et de fausses nouvelles méritent bien qu'on s'en moque tout en provoquant une prise de conscience sinon une crise de conscience par ce pamphlet interposé.

Le milieu qu'Eco raille est celui de la presse italienne, mais sa critique porte aussi bien sur le milieu équivalent dans n'importe quel univers du monde occidental. Le numéro zéro, c'est le prototype du futur quotidien Domani. Un projet qui n'ira pas plus loin que ce numéro zéro, un projet qui recense toutes les dérives journalistiques et dont les entrailles révèlent un complot à la grandeur de l'histoire italienne récente et moins récente.

J'ai plongé tête première dans cette intrigue acoquinant le Duce et le Vatican en passant par la Loge P2 et les Brigades rouges, notamment.
Le seul problème sérieux, pour le bon citoyen, c'est de ne pas payer ses impôts, et puis que ceux qui commandent fassent ce qu'ils veulent, de toute façon, ils font toujours leur beurre. Et amen. [U.E.] 
Le monde est un cauchemar, mon amour. Je voudrais bien descende, mais ils m'ont dit qu'on ne peut pas, nous sommes dans un train direct sans arrêts intermédiaires. [U.E.] 
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Sur Rives et dérives, d'Umberto Eco, on trouve aussi  :

Eco

Umberto

Le Pendule de Foucault 

11/08/2016

Eco

Umberto

Vertige de la liste

11/02/2022


mardi 13 décembre 2016

Un privé à Babylone - Richard Brautigan


Le 2 janvier 1942 m'a apporté de bonnes nouvelles et de mauvaises nouvelles. [R.B.]
Un privé à Babylone, c'est un polar, mais c'est surtout un roman d'imagination, celle débridée de Brautigan qui, comme le Vian de l'Automne à Pékin, se permet des envolées qui pourraient s'approcher de la forme poétique, qui jongle avec une réalité près de l'absurde et de la déchéance et s'aventure du côté du rêve et de Babylone plus souvent qu'à son tour. C.Card, le privé en question, en est un qui parcourt sa vie en la ratant du mieux qu'il peut (sa mère en est assurée). Il habite un taudis pour lequel il doit plusieurs mois de retard, son .38 n'a plus de balles, il n'a plus d'argent pour se nourrir, mais ce soir, il a un rendez-vous avec un client alors tous les rêves sont permis.
À mon avis, l'une des raisons pour lesquelles je n'ai jamais fait un bon détective privé c'est que je passe trop de temps à Babylone. [R.B.]
Enfin, toujours est-il que c'est comme ça que ça se passe depuis huit ans, depuis 1934, date à laquelle j'ai commencé à penser à Babylone. [R.B.] 
Ses mains étaient si douces qu'on aurait dit des cygnes qui faisaient l'amour par une nuit de pleine lune.  [R.B.]
Quelle douce lecture. Je vous souhaite de découvrir vous aussi le Babylone de Brautigan.
Il est des auteurs dont il est plus difficile de parler que d'autres, Brautigan est de ceux-là pour deux raisons : il connaît à fond l'art de susciter avec son lecteur la connivence. Et si on savait comment il y parvient, il n'y aurait plus connivence, donc son art est du truquage invisible : on ne sait pas comment il fait. [Claude Klotz]

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De Brautigan, sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Brautigan
Richard
L’avortement, une histoire romanesque en 1966
Brautigan
Richard
Sucre de pastèque et La pêche à la truite en Amérique 

jeudi 1 décembre 2016

La disparition de Michel O'Toole - Collectif de huit auteurs

Rarement mystère a-t-il été aussi complet. [T.M.]
Huit auteurs, huit fois la même trame, huit nouvelles policières qui réinterprètent un ensemble de faits établis comme une prémisse à ce recueil.

Michel O'Toole, un journaliste indépendant, a disparu alors qu'il parcourait sur une motocyclette la route 389 entre Baie-Comeau et Fermont pour y réaliser un reportage. Il n'y a également aucune trace de sa moto. Il prévoyait raconter l'histoire de la construction des différents tronçons de la route 389, traiter des pourvoiries qui la bordent et de la ville fantôme de Gagnon. De O'Toole, on connaît quelques éléments, irlandais du Nord, il avait immigré au Québec en 2002. On sait peu de choses de ses activités des quarante années passées en Irlande. On sait qu'il maintenait une relation ambiguë avec Érica Gagnon, une ex-collègue, qu'il habitait Baie-Saint-Paul et qu'il vendait ses articles notamment à L'actualité.

Voilà l'essentiel de la trame à partir de laquelle les huit auteurs de ce collectif ont été invités à imaginer ce qui a bien pu advenir de Michel O'Toole. Cette contrainte, c'est donc le prétexte à une exploration littéraire sur le mode polar. La contrainte, les oulipiens le savent bien, peut très bien être génératrice d'invention, de découvertes et de trouvailles. La lecture de ces huit univers parallèles avait quelque chose d'étrange, l'interprétation des faits se transformant au gré des imaginations diverses des auteurs et cela dans des contextes qui diffèrent de si peu. J'en retiens une belle expérience de lecture.

samedi 26 novembre 2016

Casse-pipe à la nation - Leo Malet et Tardi

[Archives Janvier 2006]
Nous sommes en mai. [L.M.]

C'est une aventure de Nestor Burma, ce privé au menton proéminent et à l'intuition vive, créé par Leo
Malet. Le dessin de Tardi nous replonge dans les quartiers de Paris avec un réalisme impressionnant. Les personnages sont tracés à la ligne, mais le décor est riche de détails jamais superflus. C'est Paris, rien de moins. Et l'univers de Burma établi par Malet est toujours un univers trouble, un univers mi-noir mi-blanc où l'anarchiste côtoie le petit truand. Il s'agit d'une série jouissive à la fois dans le dessin et dans son scénario.

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Sur Rives et dérives, à propos de Tardi, on trouve :

Tardi
Moi René Tardi prisonnier de guerre au Stalag IIB 

dimanche 9 octobre 2016

La fourmi assassine - Patrice Pluyette

Comme Gisèle Prunier n'avait pas disparu mais cherché à disparaître pour savoir comment Odile Chassevent avait disparu, on en sut un peu plus sur Odile qui avait été l'amie de Gisèle et devait se présenter pour dîner chez celle-ci à vingt heures avec un dessert le jour de sa disparition, laquelle perspective (le dîner, pas la disparition - à moins que Gisèle fut dans le coup mais nous essayerons de ne pas imaginer que si) enthousiasmait les deux jeunes femmes chaque premier week-end du mois quand Gisèle n'était pas de garde, Odile surtout cette fois-là, en témoigne son texto rédigé le jour même mais pas envoyé, enregistré à quinze heures dans le brouillon de son téléphone portable qu'un agent de la voirie retrouve le 4 du mois sans boîtier, juste la carte Sim pilonnée, incrustée dans les crampons d'une botte au fond d'une poubelle recouverte par les ronces sous le chemin vicinal dit rue du Pont Prolongé. [P.P.]
Étrange roman, énigmatique écrit, un conte policier où l'auteur semble vouloir nous mettre à défi de recoller des morceaux épars, des pièces de puzzle en creux alors qu'on trouve des pièces présentant des excroissances, mais où sont les morceaux de coins et de bord, on ne voit en partance que des mots alignés alors qu'une idée se profile et s'insinue à travers la matière des courts chapitres, et puis on avance à tâtons, on découvre un fil, on sent un récit, il y a une histoire, peut-être plus qu'une, et puis on en sort un peu secoué par le style échevelé, par les énumérations signifiantes et porteuses, par une narration éclatée qu'on réussit à organiser au cours de la lecture. Expérience particulière que cette lecture, mais expérience agréable.
Avant de se lever, il avait laissé un blanc, et à partir du moment où il se mit debout il n'arrêta pas de circuler dans la pièce, de brasser l'air, de prendre des objets dans sa main, de dire des choses pour en savoir d'autres. [P.P.]
Feuillage, faille, fouille, fond, battue, bocage, marais, mare, marécage, étang, lac, patrouille, ratissage, quarante, gendarme, plongeur, périmètre, sécurité, zone, sonde, rayon, hélicoptère, champ, sous-bois, bois, contrescarpe, clairière, parc, arbre, lierre, pelouse, mousse, puits, trou, tour, contour, cour, arrière-cour, cabanon, comble, [...], cynophilie, cybernétique, cornue, cryogénie, ciguë : aucune trace d'Odile Chassevent nulle part - ongle, cheveu, salive, sueur, ADN, rien. [P.P]

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :


Pluyette
Patrice
La Vallée des Dix Mille Fumées

vendredi 29 avril 2016

Le Musée des introuvables - Fabien Ménar

[Archives Décembre 2005]

Il n'est pas rare que l'on surprenne Édouard Masson dressé derrière la baie vitrée, là-haut, dans son bureau en surplomb, en train de contempler la vie qui s'agite sous ses yeux. [F.M.]
Quelquefois, on découvre un livre par la simple lecture de sa jaquette arrière dans un étalage chez le libraire. Ce fut le cas. Pourtant, il n'arborait pas l'étiquette «Coup de coeur» chère à certains et même à Édouard Masson. Quelques mots sur la parution d'un livre mystère édité simultanément chez plusieurs éditeurs ont suffi. À la lecture, on découvre un lieutenant de police qui utilise le subjonctif autant sinon plus que la déduction, un lieutenant qui impose des lectures et des rapports de ces lectures à ses hommes. On rencontrera également un illuminé, un prof raté, une étudiante sans gène, et quelques manuscrits seront évoqués.

Une belle lecture.

mardi 12 avril 2016

La septième fonction du langage - Laurent Binet


La vie n'est pas un roman. [L.B.]
La vie n'est peut-être pas un roman, mais Laurent Binet jouera systématiquement sur la fine frontière qui les sépare. On verra défiler l'ensemble de l'intelligentsia française des années quatre-vingt dans une histoire réaménagée et réinventée autour d'un fait réel, celui-là, l'accident qui fera perdre la vie à Roland Barthes. En effet, le 25 février 1980, le sémiologue et critique Roland Barthes est renversé par la camionnette d'une blanchisserie, il en mourra le jour suivant. Et si ce n'était pas un accident? Qui aurait voulu tuer Roland Barthes? Pourquoi? Une enquête s'amorce. C'est le commissaire Bayard, un homme d'une droite assumée, qui mènera l'investigation. Avec comme adjoint conscrit, un jeune enseignant de linguistique, il s'engagera dans le monde obscur de la sémiologie et de la linguistique théorique. Le mobile serait-il cette mystérieuse septième fonction du langage, une fonction magique qui s'ajouterait aux six fonctions établies par Jakobson dans son schéma de la communication verbale? Plusieurs ont à ce sujet une opinion éclairée. On sera ainsi confronté à des acteurs importants d'alors et d'aujourd'hui : Louis Althusser, Michel Foucault, Philippe Sollers et Julia Kristeva, Jacques Derrida, Bernard-Henri Lévy, Umberto Eco et d'autres. Ils seront mêlés de près ou de moins près à cette rocambolesque enquête policière qui prend des allures politiques dans la campagne présidentielle qui se déroule alors et qui mènera François Mitterrand à la présidence. Cette aventure policière est intelligente et drôle, elle a un pied dans une certaine réalité et l'autre dans une reconstitution extravagante d'un réel qui frise l'indicible.

mardi 5 avril 2016

Millenium 4 - Ce qui ne me tue pas - David Lagercrantz

Cette histoire commence par un rêve, un rêve qui n'a rien d'extraordinaire. [D.L.]
Lagercrantz est écrivain et journaliste à Stockholm. Il a eu à relever un défi énorme, reprendre les personnages de Stieg Larsson pour livrer un Millénium 4. Plusieurs se sont méfiés, serait-il à la hauteur? Saurait-il faire revivre ces personnages dans une aventure originale qui ne soit pas un simple pastiche?

J'étais donc sur mes gardes à l'entrée de cette aventure. Mais, mon scepticisme s'est étiolé dès les premiers chapitres. Lagercrantz réussit à nous faire pénétrer à nouveau dans l'univers de Millénium et nous revivons avec délectation l'étrange relation entre Salander et Blomkvist, ces pourfendeurs de collusions politico-mafieuses. Millénium 4 est d'aujourd'hui. On y traite d'espionnage électronique de la NSA, de recherche de pointe en intelligence artificielle, d'autisme, de web caché. Nous sommes plongés dans une actualité prenante et on peine à trouver son souffle entre deux épisodes de lecture.

Oui, Lagercrantz a relevé le pari et a su donner une autre vie aux personnages gravitant autour de la revue d'investigations sociales et économiques Millénium. Ne boudons pas notre plaisir.

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Sur Rives et dérives :
Millénium 3 - La reine dans le palais des courants d'air - Stieg Larsson

dimanche 27 mars 2016

Le tableau du Maître flamand - Arturo Perez-Reverte

[Archives, août 1997]
Une enveloppe cachetée est une énigme qui en renferme d'autres. [A.P.-R.]
Voici un polar qui m'intriguait. Un polar qui se meut autour d'une partie d'échecs vieille de cinq siècles.

«Qui a pris le cavalier?». Voilà la question qui lance cette enquête nous faisant jouer à rebours sur un échiquier peint dans une autre époque. Une trame subtile, un exercice captivant. Se situant entre histoire de l'art, peinture du quinzième siècle, problèmes d'échecs et intrigues policières, ce polar lève des frontières. J'ai bien aimé la structure entrelacée qui soutient ce polar et cela me porte vers les autres univers romanesques de cet auteur.

mardi 23 février 2016

Ce monde disparu - Dennis Lehane

Avant d'être décimés par leur petite guerre, ils se rassemblèrent pour soutenir la grande. [D.L.]
 Troisième volet, semble-t-il, d'une histoire plus large, on y dépeint un tableau du milieu criminel de Tampa au coeur de la deuxième guerre mondiale, en 1943. Ce monde disparu, c'est celui de l'univers tournant autour de Joe Coughlin, un irlandais ex-chef de territoire pour la mafia italienne. On y verra une série importante de personnages bien en vue qui n’hésitent pas à aller et venir de ce monde à celui de la petite bourgeoisie des affaires. Coughlin sera informé qu'il existe un contrat sur sa tête. Mais, est-ce une vraie menace? D'où viendrait-elle? Ne serait-ce pas une manipulation pour le tenir éloigné des affaires?

L’irlandais navigue entre ses proches, ses relations professionnelles, ceux qui ont repris les rênes du milieu qu'il a à demi quitté, ses anciennes fréquentations, la Commission qui maintient un certain ordre dans les dépendances et territoires de chacun. Il avance ainsi, hanté par le fantôme de sa jeunesse, vers un but qu'il ne semble plus reconnaître.

J'ai aimé cette fresque de ce milieu, de sa loi et de sa logique propre.

mercredi 29 juillet 2015

Crimes à la librairie - Collectif sous la direction de Richard Migneault

Comme tous les lundis, Jean Lafleur rencontre les trois étudiants dont il supervise le mémoire de maîtrise, dîne dans son restaurant de sushis préféré, puis folâtre à la librairie de son quartier, Le signet, qui se trouve à moins de cent mètres de son appartement. [P.S.]
Ce sont seize nouvelles policières d'autant d'auteurs québécois. Ce sont seize courtes situations ayant un seul point commun, crimes à la librairie. Ce lieu particulier à l'abri des tempêtes et du temps qu'est la librairie constitue en effet le centre de ces brefs polars et devient une scène de crime. C'est cet argument en forme de contrainte qui a permis à un amateur chevronné de lecture policière québécoise de réunir dans ce recueil seize auteurs à découvrir, seize auteurs à mieux connaître, seize auteurs à lire. On peut affirmer qu'il a réussi et que cette incursion dans le domaine du polar québécois appelle de nouvelles lectures.

vendredi 17 avril 2015

La petite écuyère a cafté - Jean-Bernard Pouy

Faire gaffe. La nuit, les rails se rejoignent. [J.-B.P.]
Jean-Bernard Pouy est l'un des papous qui égaie quelques-unes de mes promenades du midi lorsque je me tape l'un ou l'autre des épisodes des Papous dans la tête en baladodiffusion à France-Culture. Je connaissais bien le style qu'il affiche au cours de l'émission, mais je n'avais jamais rien lu de cet auteur de polar. Et pourtant, il a plusieurs œuvres primées dans son carquois. Ce projet du Poulpe m'intriguait. C'est un projet à saveur tout à fait oulipienne.

La petite écuyère a cafté est en effet l'oeuvre de départ d'une collection de polars dont Jean-Bernard Pouy a été le premier directeur. Le Poulpe  regroupe maintenant plus de cent romans d'auteurs différents. Il y a également eu une adaptation en bandes dessinées et au cinéma. La structure et les personnages principaux sont imposés. Cela s'est défini dans les tout premiers romans de la série.

On a ainsi, évidemment, Gabriel Lecouvreur dit « Le Poulpe ». Il est sans domicile fixe : il oscille entre le salon de coiffure de Chéryl, les hôtels, les pensions... Il est amateur de bière, il déteste le vin. Il y a aussi Chéryl qui est coiffeuse et compagne du Poulpe. On trouve Gérard, patron du Pied de Porc à la Sainte-Scolasse, un bar-restaurant et d'autres qui gravitent dans cette sphère, la femme de Gérard d'origine espagnole, Vlad, l'aide-cuisinier roumain, Léon, le chien de Gérard, etc.

Après une mise en scène du meurtre dans le premier chapitre, Gabriel Lecouvreur en prend connaissance en lisant les faits divers attablé au Pied de Porc et décide de mener une enquête. L'aventure se terminera également au Pied de Porc.

J'ai hâte de découvrir d'autres adaptations de ce scénario à contraintes.

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi : 

Pouy

Jean-Bernard

Spinoza encule Hegel 

29/11/2015

Pouy

Jean-Bernard

Spinoza encule Hegel

08/10/2021


vendredi 5 décembre 2014

Les promeneurs du temps - Épisode 1 - L'équation interdite - Viale et Dorange

Le premier jour du XXe siècle... moment unique et étourdissant. (V & D)
Une BD au graphisme étonnant, envoutant, géométriquement mystérieux. Un coup de crayon qui accompagne très bien l'atmosphère de cette aventure du commissaire Ambroise Clé qui débute avec le siècle dernier dans un monde qui tient à la fois du polar et du fantastique, de la logique cartésienne et du spectre vaporeux, de la mathématique du raisonnement et du paradoxe obscurantiste.

Dans cet univers dual, Clé est le tenant de la science par laquelle on accédera à la vérité. Mais, dès ce premier janvier 1901, sa promenade sur les rives enneigées de la Seine le mènera vers un rendez-vous qui bouleversera la ligne du temps.

Le site BDZoom.com nous offre un Entretien avec les auteurs des « Promeneurs du temps » : Sylvain Dorange et Franck Viale.

Il s'agit du premier épisode d'une série qui en comportera cinq.

vendredi 28 novembre 2014

L'armée furieuse et Sous les vents de Neptune - Fred Vargas

Avec cette Armée furieuse, je me réconcilie avec Fred Vargas et avec l'univers d'Adamsberg, avec son équipe non traditionnelle et ses méthodes intuitives.

Je me réconcilie parce que, après avoir savouré Pars vite et reviens tard et m'être ainsi initié à ce type de polar d'aujourd'hui qui résonne avec le passé, j'ai eu la curiosité malsaine de voir comment Vargas avait traité du Québec dans Sous les vents de Neptune dont la majorité de l'intrigue s'inscrit dans un Gatineau d'un Québec imaginaire et caricatural. Ce Québec peint par Vargas ne peut être né que d'une auteure qui n'a pas amorcé sa recherche et qui s'est contentée de ce qu'elle croyait savoir sur les lieux, les coutumes, la langue et les us du cadre dans lequel elle voulait situer son polar. La représentation grotesque du Québec et de la façon de parler de ses habitants m'a fait douter et j'ai été, à maintes reprises, tenté de laisser en plan cette lecture. Mais, Il semble que l'intrigue ait été à la hauteur, car elle a fait en sorte que je me rende jusqu'à la dernière page.

L'approche à L'armée furieuse a été, quant à elle, tout autre et dès les premières pages j'ai été plongé dans un monde qui se situe à cheval sur l'histoire, l'histoire réelle de meurtres commis à Ordebec et celle presqu'aussi réelle qui vit dans l'imaginaire des gens de ce village normand.

samedi 26 juillet 2014

Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire - Jonas Jonasson

On se dit qu'il aurait pu se décider avant et qu'il aurait dû au moins avoir le courage de prévenir son entourage de sa décision. [J.J.]
On est ici devant un roman dont l'essence repose entièrement sur l'enchevêtrement de péripéties toutes plus surprenantes, plus improbables, plus absurdes les unes que les autres. Ce n'est sûrement pas la qualité de l'écriture qui nous fera tourner les pages de ce pseudo-polar suédois. Est-ce attribuable à la traduction (la traduction est souvent trahison) ou était-ce la nature de l'original? On se sent parfois en présence d'un écrit sans âme, devant une suite de descriptions légèrement désincarnées, mais on s'y habitue et on se laisse prendre dans ce flot d'événements rocambolesques en y laissant au vestiaire notre sens critique. On se prend d'affection pour ce petit vieux dont la vie a si souvent croisé l'Histoire et on y prend plaisir.
- Mon fils, méfie-toi des prêtres, et des gens qui ne boivent pas d'alcool. Les pires de tous sont les prêtres qui ne boivent pas d'alcool. [J.J.]


dimanche 1 septembre 2013

Petits meurtres entre mathématiciens - Tefcros Michaelides

Ou comment deux amis débattent de maths et d'amour dans le Paris de la Belle Époque.
Je fus réveillé par des coups insistants sur la porte d'entrée. [T.M.]
Si le prétexte policier se situe en 1929 à Athènes, l'essentiel de ce roman débute en 1900 à Paris où se tenait un congrès qui aura changé la suite des choses dans le développement des mathématiques. En effet, c'est à ce deuxième congrès international des mathématiques que Hilbert, mathématicien allemand de Göttingen, énonce une série de vingt-trois problèmes qui, selon lui, devraient faire l'objet des travaux des mathématiciens dans les années à venir afin de rendre les mathématiques plus cohérentes.
« Qui d'entre nous ne serait pas heureux de soulever le voile qui masque le futur, pour jeter un regard sur les progrès imminents de notre science et sur les secrets de son développement pendant les siècles futurs ! »
C'est lors de ce congrès que les deux principaux intervenants de ce roman, Michaël Igerinos et Stefanos Kantartzis, se rencontrent et que débute une amitié qui durera trente années. Les premiers moments de cette relation se jouent sur une toile de fond parisienne et artistique. En effet, nos jeunes mathématiciens côtoient la faune bohème de la butte Montmartre. Ils y croiseront Pablo Picasso, Toulouse-Lautrec, Max Jacob.
Les nombreuses discussions entre les mathématiciens et les artistes seront autant d'occasions pour introduire des éléments d'histoire des mathématiques. Si la trame policière est relativement faible, la richesse des évocations historiques vaut le détour. Petits meurtres entre mathématiciens occupe une bonne place dans ma bibliothèque de fictions mathématiques.
  « J'ai des souvenirs heureux d'un temps infini passé seul dans ma chambre à donner libre cours à mes talents artistiques douteux et à exécuter (à la fois de façon littérale et métaphorique) des morceaux de grands compositeurs allemands. »

mardi 6 septembre 2011

La mort, entre autres - Philip Kerr

Je me souviens du temps qu'il faisait, en ce mois de septembre. [P.K.]
Philip Kerr et Bernhard Gunther remettent ça. Nous sommes en 1949 et l'essentiel se passe entre Munich, Vienne et un village des Alpes à la frontière entre l'Allemagne et l'Autriche. C'est la Trilogie berlinoise qui se poursuit. On est dans l'après-guerre lorsque les Américains et les Russes occupent encore le territoire allemand, dans un moment où la recherche des criminels nazis occupe une place prépondérante. Gunther, ancien policier, ex-SS, reprend son service de détective privé. Il sera mêlé, par ses enquêtes, à des réseaux de camarades qui cherchent à quitter ces lieux qui n'apparaissent plus hospitaliers pour des terres outre-Atlantique. Dans cet univers de guerre froide, Bernie Gunther est plongé dans un complot tortueux où il risquera sa peau.

Philip Kerr maintient la tension tout au long des 400 pages de ce polar historique. On demeure rivé à son texte. Même si la forme est parfois truffée de métaphores douteuses qui pourraient nous inciter à décrocher, l'intrigue est tellement prenante qu'on n'hésite pas à passer outre ce tic déplacé de l'écrivain.

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Kerr
Philip
La trilogie berlinoise 


dimanche 14 février 2010

La trilogie berlinoise - Philip Kerr

Ce matin, à l'angle de Friedrichstrasse et de Jägerstrasse, je vis deux hommes, deux SA qui démontaient une des vitrines rouges où est affiché chaque nouveau numéro du Stürmer. (P.K.)
La Trilogie Berlinoise est constituée de trois moments dans le parcours de Bernhard Gunthe, trois aventures de ce détective privé - ex-policier, trois moments de l'Allemagne du XXe siècle, trois périodes dans l'aventure nazie du IIIe Reich, 1936, 1938 et 1947. Ce polar historique nous fait vivre dans un quotidien où l'antisémitisme prend place, se développe jusqu'à l'inimaginable et se résorbe sous les tractations d'ex-SS, pseudo-défenseurs de la liberté capitaliste devant un communisme montant.

Le premier «livre», L'été de cristal, nous fait découvrir les rues d'un Berlin qui se prépare pour les Jeux Olympiques. À la lecture de certaines descriptions, je me suis souvenu comment mon fils m'avait relaté sa première visite à Berlin et l'impression qui se dégageait de l'architecture urbaine de cette capitale.
Les bâtiments publics de cette ville étaient incroyables. Ils ressemblaient à d'immenses montagnes de granite gris, une énormité destinée à rappeler l'importance de l'État et la quantité presque négligeable que représente un pauvre individu. Cela pourrait expliquer en partie la façon dont cette histoire de national-socialisme a commencé. Il est difficile de ne pas être impressionné par un gouvernement, quel qu'il soit, dont les services sont installés dans des bâtiments aussi grandioses. Et les longues et larges avenues qui reliaient les différents quartiers semblaient n'avoir été conçues que pour pouvoir y faire manœuvrer des colonnes de soldats. (p.354)
C'est également dans ce premier livre qu'on découvre ceux et celles qui furent appelés les Violettes de Mars : ceux et celles qui se sont découvert des affinités nazies au moment où cela commençait à devenir important, allant même jusqu'à tenter d'obtenir des cartes portant de petits numéros pour feindre une adhésion précoce.

Et l'aspect architectural du quotidien revient dans le livre trois, Un requiem allemand :
Dans beaucoup de quartiers, un plan des rues n'était guère plus utile qu'une éponge de laveur de carreaux. Les artères principales zigzaguaient comme des rivières au milieu de monceaux de décombres. Dessentiers escaladaient d'instables et traîtresses montagnes de gravats [...].Les boussoles étant introuvables, il faillait beaucoup de patience pour s'orienter dans ces fantômes de rues le long desquelles ne subsitaient, comme un décor abandonné, que des façades de boutiques et d'hôtels [...].  (p.553)
Les aventures policières de Bennie Gunther laissent un goût d'amertume envers l'histoire. La distance que Gunther met entre lui et les responsables de cette horreur s'amenuise et le sentiment de culpabilité le rejoint. Heureusement, tout cela se profile au travers un polar bien mené et le héros, narrateur au je, se permet des écarts et des figures de style souvent surprenantes. La fascination que génère La Trilogie Berlinoise se transmute-t-elle dans la suite La Mort, Entre Autres ?

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Kerr
Philip
La mort, entre autres