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vendredi 9 juillet 2021

Sapiens, a graphic History, The Birth of humankind - Y.N.harari, D.Vandermeulen, D.Casanave

About 14 billion years ago, matter, energy, time and space came into being in what is known as the Big Bang. The story of these fundamental features of our universe is called physics. [Y.N.H]

J'avais lu l'essai Sapiens, une brève histoire de l'humanité et ce parcours macroscopique de l'histoire du genre humain m'avait beaucoup plu. J'y avais reconnu le talent de vulgarisateur de Harari. Cette aptitude, il la met ici, encore une fois et de merveilleuse façon, à contribution en s'alliant avec des habitués du médium de la bande dessinée pour nous offrir une joyeuse adaptation en roman graphique de son oeuvre maîtresse. On ne peut que conclure que le mandat a été respecté. Ce n'est pas une simple transcription en BD, c'est plutôt une nouvelle mise en scène autour d'une partie du contenu de l'essai qui porte le même nom. Yuval Noah Harari devient lui-même un personnage de l'aventure. Il s'agit là d'un artifice intéressant. Cette quête à propos de l'histoire de l'humanité, des origines jusqu'au procès de cet homo sapiens nomade qui a semé la mort lors de ses déplacements, nous transporte des premières pages jusqu'à la toute fin de ce premier volet.

Je demeure en attente de la suite.

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Harari

Yuval Noah

Homo Deus, une brève histoire de l’avenir

29/05/2019

Harari

Yuval Noah

Sapiens, une brève histoire de l’humanité 

05/08/2016



vendredi 2 juillet 2021

Le rêve de Champlain - David Hackett Fischer


Notre point de départ est une gravure française du début du XVIIe siècle. C'est une scène de bataille comme on en trouverait chez tout bon marchand de dessins anciens en Europe.
[D.H.F.]

Je ne connaissais pas tant l'histoire de Samuel de Champlain. Il me restait quelques traces de mes cours d'histoire du Canada, quelques lectures au hasard des commémorations historiques, mais sans plus. Je me suis donc lancé tout à fait ouvert dans cette somme consacrée à l'homme multiple qu'était Champlain, le soldat, le navigateur, le cartographe, l'ethnologue et même l'humaniste, selon l'auteur. On ne peut que louer le travail immense qu'a pu constituer l'écriture de cet ouvrage. David Hackett Fischer relate parfois avec un minutieux détail qui laisse songeur sur la place qu'a pu prendre l'invention ou tout du moins l'extrapolation historique. Mais, au-delà de cette inquiétude, Le rêve de Champlain demeure une lecture prenante et enrichissante même si elle a tendance à s'apparenter à une hagiographie. On y voit comment Champlain dans ses efforts de développement d'une société en terres d'Amérique a pu agir d'une façon différente que celle utilisée par les conquérants espagnols au sud du continent. La thèse que Fisher défend avance que Champlain a voulu construire une société où colons et Indiens auraient pu vivre en paix dans un équilibre où chacun apprenait de l'autre. Il demeure difficile de juger avec l'oeil d'aujourd'hui les agissements d'intervenants du XVIIe siècle. Le rapprochement que Champlain souhaite avec les peuples indiens est-il mu par l'humanisme ou par la stratégie militaire ? Quoiqu'il en soit, le regard que porte Fisher sur le parcours de Champlain demeure essentiel et je ne peux que remercier l'ami qui m'en a suggéré la lecture.

De 1599 à 1633, il traversa l’Atlantique au moins vingt-sept fois et fit des centaines d’autres voyages sans jamais perdre un navire. [D.H.F]

Après les délires de la rectitude politique, la haine idéologique, le multiculturalisme, le postmodernisme, le relativisme historique et les manifestations les plus extrêmes du cynisme universitaire, les historiens aujourd’hui redécouvrent les fondements de leur discipline avec une foi nouvelle dans les possibilités du savoir historique, et ce, avec des résultats surprenants. [D.H.F]

Samuel de Champlain sut maintenir des relations étroites avec de nombreuses nations indiennes tandis qu’il fondait des colonies européennes permanentes dans le Nouveau Monde. Il vécut parmi les Indiens et passa une bonne partie de son temps avec eux, tout en contribuant à l’essor de trois populations et cultures francophones : les Québécois, les Acadiens et les Métis. [D.H.F]

 

dimanche 6 juin 2021

Le roi n'avait pas ri - Guillaume Meurice

La salle d'apparat aux épais murs de pierres résonnait à présent d'un calme terrifiant. [G.M.]

C'est Triboulet lui-même qui s'adresse à nous dans ce roman à saveur historique qui a avec le présent de magnifiques résonnances. Triboulet, c'est un bouffon, un fou du roi, le plus célèbre d'entre eux. Il a œuvré auprès de Louis XII et de François Ier.  Il aura inspiré plusieurs auteurs, dont Rabelais et Hugo. Son histoire, il nous la raconte ici de façon simple. Meurice n'a pas, je crois, la prétention de nous livrer une thèse sur Triboulet, c'est plutôt une joyeuse évocation historique qui s'offre une caricature du pouvoir dans un style allègre fait de phrases courtes qui ne ménagent pas les chutes. Voilà une lecture agréable, une occasion de s'interroger sur la frontière entre le rire et l'offense. Jusqu'où la caricature peut-elle s'aventurer ? À quel point peut-elle malmener les bases de l'autorité ?

Et si telle était ma fonction ? Divertir sans glisser. Chercher la limite, le point d'équilibre entre le rire et l'offense. Entre la grâce et l'abîme. [G.M.]

Où s'arrête l'insolence, ou commence l'outrage ? Moi-même, je l'ignorais. Mais, le roi sourit. Et les autres aussi. [G.M.] 

J'ai toujours aimé l'odeur des livres. Ces effluves de fibres et d'encre me remplissent chaque fois d'une joie profonde. Le savoir est physique. L'intellect, intuitif. Je me plongeai dans la lecture.  [G.M.] 

Désormais, les balivernes parcouraient l'Europe, couchées sur du papier. Comment cet outil merveilleux, source de savoir, pouvait être dans le même temps véhicule de tromperies ? Était-ce un poison qui soigne et tue à la fois ? [G.M.]

- Ne t'en fais point ! Si quelqu'un te tuait, je le ferais pendre un quart d'heure après.
- Grand merci, mon roi. Mais je préférerais un quart d'heure avant.
 [G.M.]

La religion goûte peu la plaisanterie. La vérité révélée est pourtant source réjouissante d'absurdité. [G.M.]

Le besoin de brûler, piller, soumettre, tuer, dominer, d'où vient-il ? Est-il enfoui en chacun de nous ? N'attend-il qu'un prétexte pour jaillir ? Peut-être étions-nous tous fous. [G.M.] 

 

dimanche 7 février 2021

Montaigne - Stefan Zweig

Hélas, le propre des Essais, depuis quatre siècles et demi, est que chacun y trouve ce qu’il y cherchait. [Olivier Philipponnat, En préface]

Que voilà un magnifique complément d'Un été avec Montaigne d'Antoine Compagnon que j'ai lu avec joie et curiosité il y a quelques années. Depuis ce moment, je ne rate pas une occasion de me frotter aux idées de Michel Eyquem, sieur de Montaigne (que ce soit par les écrits ou via les passionnantes émissions des Chemins de la philosophie). Je ne connaissais pas encore l'écriture de Stefan Zweig, j'ai donc trouvé là une porte d'entrée dans son oeuvre multiple et foisonnante faite d'essais, de biographies et de romans. J'y ai trouvé une écriture agréable et coulante qui encourage à persévérer dans cette exploration. Montaigne est à la fois essai, biographie et compte-rendu personnel de Zweig sur sa rencontre avec l'oeuvre du philosophe et humaniste de la Renaissance. Ma lecture m'a ouvert à un nouveau regard sur Montaigne et m'incite, par la rencontre de Zweig, à d'autres projets et découvertes en lecture.  

Il est quelques rares écrivains accessibles à tout âge et à toute époque de la vie – Homère, Shakespeare, Goethe, Balzac, Tolstoï – et d’autres qui ne dévoilent toute leur portée qu’à un certain moment. Montaigne est de ceux-là. [S.Z.]

[...] un homme du milieu, un homme du lien, tournant ses regards de tous côtés sans préjugé, dénué d’étroitesse à tous égards, un libre penseur * et un citoyen du monde *, un esprit libre et tolérant, fils et citoyen non d’une race et d’une patrie, mais citoyen du monde par-delà les pays et les époques. [S.Z.]
Ce que cherche Montaigne, c’est son moi intérieur, lequel ne doit appartenir ni à l’État, ni à la famille, ni à l’époque, ni aux circonstances, ni à l’argent, ni aux possessions matérielles, ce moi intérieur que Goethe appelait la « citadelle » et où il ne laissait pénétrer personne. [S.Z.]

Montaigne loue comme principal avantage des livres leur capacité à stimuler, par leur diversité, sa faculté de jugement. La lecture l’incite à répondre, à exprimer sa propre opinion. Ainsi prend-il l’habitude d’annoter les ouvrages, de souligner, puis d’inscrire à la fin la date à laquelle il les a lus, parfois aussi l’impression qu’il en a retirée à ce moment-là. [S.Z.]

Appréciation : 4/5

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Compagnon

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Un été avec Montaigne 

27/01/2014

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Comment vivre ? : une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponse 

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mardi 29 septembre 2020

Nature humaine - Serge Joncour


Pour la première fois il se retrouvait seul dans la ferme, sans le moindre bruit de bêtes ni de qui que ce soit, pas le moindre signe de vie. [S.J.]

Avec Nature humaine, Serge Joncour nous livre un regard aiguisé sur près de 25 ans de l'histoire d'Alexandre, un jeune agriculteur du Lot, près de 25 ans de la relation difficile entre le milieu agricole et le progrès effréné des villes, près de 25 ans de luttes pour protéger la nature face aux développements anarchiques de la technologie. Cela se passe dans une communauté du Lot, cela pourrait être dans le Bas-Saint-Laurent ou dans Lanaudière, l'œil que porte Joncour sur le local et l'infime s'inscrit dans l'universel et son discours excède toutes les frontières que, par erreur, on voudrait lui imposer. Il y a Alexandre qui jongle avec ses questionnements, il y a Constanze, la militante allemande qui soutient le rêve, il y a les soeurs et la famille, la racine et les pousses qui s'en écartent, il y a Crayssac, le vieil anarchiste. Il y a, sans nul doute, une part de nostalgie dans cette histoire politique de France vue des Bertranges. Je n'ai pu m'empêcher de penser, si on ajoutait une touche de fantastique aux visées utopistes, antimilitaristes et écologistes, aux Légendes d'aujourd'hui, une série de bandes dessinées de Christin et Bilal (La croisière des oubliés, Le vaisseau de pierre et La ville qui n'existait pas), une série qui fait assurément partie de ma bibliothèque idéale de BD. Nature humaine se lit dans une tout autre tonalité, mais le lecteur que je suis n'a pas limité les images qui se créaient dans son esprit à la lecture de ce roman social.

Pour le reste, sa vie était toute tracée, son projet c'était de tenir la ferme, d'épouser les saisons, et s'il ne se plaignait d'aucun mur, il sentait naître un fossé entre le vieux monde dans lequel il vivait, et le nouveau qui s'annonçait, celui de la ville, des semenciers, des mises aux normes et des banques. [S.J.]

À la campagne, dès qu'on fait vingt kilomètres, il y en a toujours un pour vous demander d'où vous venez, à vingt kilomètres de chez soi on est déjà un étranger. [S.J.] 

- Je vais vous dire, ce décor, eh bien j'en connais tout. Tout. Cette campagne, j'y vis depuis toujours. Ces arbres là-bas, je les connais tous, rien qu'à les voir je sens celui qui flanche, celui qui se fait étouffer par le lierre, celui qui a soif, celui qui repousse les autres, alors si je me mettais à bouger moi aussi, tous ces arbres, ces bêtes, ces prés, ce jardin et ces chiens, ils feraient quoi sans moi, hein, ils feraient quoi?  [S.J.]

Appréciation : 4/5

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mercredi 19 août 2020

Comment marchent les philosophes? - Roger-Pol Droit

Pour commencer, trouvez un balcon donnant sur la rue. Mieux vaut qu'il soit situé vers le cinquième ou sixième étage. Trop bas, il ne vous permettra pas de bien observer. Trop haut, vous risquez de ne plus discerner les détails qui comptent. [R.-P. D.]

J'avais lu avec intérêt et un sourire l'ouvrage 101 expériences de philosophie quotidienne que Roger-Pol Droit nous a déjà offert. J'étais curieux de retrouver ce philosophe et enseignant dans le contexte déambulatoire de la marche. Des péripatéticiens jusqu’à Wittgenstein en passant par Montaigne ou Diderot, l'auteur nous convie à une randonnée philosophique alliant le bâton de marche et l’itinéraire de la pensée. Il parcourt l'histoire de la philosophie en y mettant de l'avant les liens qu'on peut établir entre marche et pensée, entre déambulation et philosophie qui se trouvent dans un mouvement semblable et permanent de chutes et de redressements. Marcher, parler et penser constituent trois actes qui nous permettent d'avancer dans l'histoire et le développement de la pensée philosophique.

Ce dernier essai n'est peut-être pas aussi divertissant qu'a pu l'être les 101 expériences, mais il se présente avec la même fraicheur, la même volonté de partage et il suscite la même curiosité chez le lecteur que je suis.

Alexandre, en poursuivant une chimère, a donc rencontré un monde réel, jusqu’alors inconnu. Il n’est pas exclu que ce puisse être une définition de ce que font les philosophes. [R.-P. D.]

Il [Nietzsche] marche pour voir selon différents angles, selon plusieurs perspectives. Il explore, et nous avec lui, des dénivelées, des différences de potentiel dans le temps et l’espace. Ce pourrait être une façon d’envisager le travail des philosophes. [R.-P. D.]

Pourquoi marcher encore? Parce qu'il n'y a pas de fin au voyage des humains. Les pas d'un individu, un jour, s'arrêtent. Ceux des autres continuent. Ce qui paraît sans issue, à l'échelle de ma vie limitée, est en réalité sans fin. Infime, chaque pas. Infinie, la route. [R.-P. D.]

Appréciation : 4/5 

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07/03/2021

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29/04/2019