vendredi 24 juillet 2020

La trajectoire des confettis - Marie-Ève Thuot

- Je prendrais trois cerveaux. [M.-È. T.]
Il s’agit d’un premier roman pour Marie-Ève Thuot. La bouchée était grosse: relater sur presque un siècle les aventures, déboires, sentiments, histoires du quotidien, rapprochements, marginalisations, variations, évolutions, croissances, rapports amoureux et sexuels notamment, de la plupart des représentantes et représentants d’une famille sans tabou. L’auteure parvient à cela en construisant une trame qui, dans chaque chapitre, nous fait parcourir en alternance plusieurs événements qui se déroulent en des lieux et des moments distincts, des histoires liées parfois par un fil ténu. Si cela apparaît déroutant dans les premières pages, on comprend rapidement cette structure et on voit comment veut nous mener l’auteure de cet imposant roman. Elle aura, quant à moi, gagné son pari et c’est bien volontairement qu’on se laisse bousculer d’une époque et d’un couple à l’autre en acceptant le regard moderne et un brin désabusé que peut poser l’auteure sur une société en mouvance ne concédant rien aux interdits.

Si ce roman choral, comme le veut le genre, fait que nous nous intéressons à une multitude de personnages tous distinctifs, on se préoccupera surtout d’une singulière fratrie et des relations que chacun de ses membres entretient avec les femmes. Il y a l’aîné, Zack, qui, avec sa conjointe Charlie, forme un couple ouvert si ce n’est libertin. Il y a Xavier qui vit dans l’abstinence sexuelle depuis 16 ans et qui est séduit par une mystérieuse mythomane. Il y a Louis qui vit chacune de ses relations de façon exclusive même si elles ne durent jamais plus de six mois. Enfin, il y a Justin, le demi-frère, qui doit assumer seul la paternité à 22 ans. 

Certaines ou certains y verront peut-être un roman féministe, j’ai, pour ma part, lu une œuvre considérant de façon cynique certaines normes sociales qui prévalent dans un monde fait de transformations et de paradoxes et j’ai savouré cette lecture.
Travailler à l’élaboration d’un papier peint l’hypnotisait. Elle devait découvrir des façons originales de faire d’emboîter des formes qui portaient en elles la possibilité de l’infini. [M.È. T.]
L'infini est une forme de chaos et les gens ont peur du chaos… [M.È. T.]

Appréciation : 4/5 



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