lundi 11 juillet 2016

Le pianiste - Manuel Vazquez Montalban

[Archives Octobre 1992]
Si la lampe avait eu une ampoule, il l'aurait sans doute allumée. [M. V.M.]
Il s'agit d'une histoire en trois temps et à rebours, une histoire de l'Espagne d'aujourd’hui, d'hier et d'avant-hier où le personnage principal ne joue d'abord qu'un rôle accessoire pour prendre de plus en plus d'ampleur jusqu'à la guerre civile espagnole vue de Paris.

J'ai bien aimé ce roman qui m'a fait pénétrer un univers peu connu, celui de la Catalogne et de la révolution espagnole. Heureusement, mes vieilles lectures anarchistes avaient laissé quelques traces.

La littérature et les lettres en général hydratent la peau et maintiennent l'apparence de jeunesse. [M. V.M.]
Il y a un temps pour se tromper et un temps pour découvrir le pourquoi de l'erreur. [M. V.M.]

lundi 4 juillet 2016

Le partage du monde - Kébir Mustapha Ammi

Voilà. J'ai dix ans et si je t'écris aujourd'hui, c'est pas pour te demander l'aumône, rassure-toi. [K. A.]
On ne peut pas vraiment dire qu'il s'agit d'un roman-route même si le protagoniste, le jeune Brahim, comme il s'est lui-même nommé, dans son errance, parcourt un chemin qui ira, dans un premier temps de Marrakesh à Tanger, de la ville rouge à la ville blanche, dans le but de chevaucher les vagues et la mer vers la France . Le voyage, c'est surtout dans l'esprit et l'âme insouciante de Brahim, qu'on le fait. C'est son voyage dans la vie jusqu'à ses dix ans au moment où il quitte Marrakesh. Le partage du monde, ce sont les efforts de Brahim pour exister, pour être et pour continuer, c'est son parcours, réel et imaginé, vers les pays d'abondance, ses rencontres hors norme, les discours que lui tiennent les ondes et l'échange épistolaire avec le président de la République. Le partage du monde, c'est un regard sur la faim, sur l'indifférence et sur un monde qui, aujourd'hui, doit prendre acte d'une crise sans précédent qui amène des peuples à se déplacer et à chercher ailleurs des raisons de rêver à nouveau.

jeudi 30 juin 2016

Elles ont fait l'Amérique. De remarquables oubliés, tome 1 - Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque

Elles ont fait l'Amérique. Faire, dans le sens de parcourir, faire dans le sens de tisser.
Ce sont là des incursions dans l'histoire de l'Amérique et dans celles de femmes qui l'ont construite, qui l'ont arpentée, qui l'ont sillonnée en abattant des préjugés, en faisant avancer qui la science, qui la connaissance de la terre qui nous porte, qui la place des femmes dans une société qui évolue. Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque ont adapté le matériel utilisé pour la merveilleuse série radiophonique De remarquables oubliés pour en faire un ouvrage sur papier, le texte est ainsi adapté pour ce support. Cela fait en sorte que, malheureusement, on n’entend pas toujours à la lecture la voix envoûtante de Bouchard qui, à l'écoute, nous enveloppait dans ses stupéfiants contes de la réalité américaine. Mais la matière est là et, parfois, cela résonne autant et on est alors emporté dans cette Amérique faite de voyages métissés, de luttes contre les éléments et de victoires oubliées.

Aborder Elles ont fait l'Amérique, c'est se payer une aventure intime dans la mémoire enfouie de terres et de peuples d'Amérique.

Voici comment les auteurs présentent eux-mêmes leur ouvrage :
https://www.youtube.com/watch?v=DzdeW9ijnHI

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Bouchard

Serge

L’œuvre du Grand Lièvre filou

16/06/2019

Bouchard

Serge

Un café avec Marie

30/12/2022



dimanche 26 juin 2016

Flatland, une aventure à plusieurs dimensions - Edwin A. Abbott

[Archives Octobre 1992]
J'appelle notre monde Flatland (le Plat Pays), non point parce nous le nommons ainsi, mais pour vous aider à mieux en saisir la nature, vous, mes heureux lecteurs, qui avez le privilège de vivre dans l'Espace. [E.A. A.]

Il s'agit d'un excellent petit roman mathématique. Je relisais ce texte pour la deuxième ou troisième fois et j'en suis encore totalement amoureux. C'est une petite merveille de réflexions sur les dimensions et les contraintes qu'elles nous imposent, tout cela teinté d'humour, de mathématique, d'analyse sociologique, philosophique et théologique. Les aventures du Carré, protagoniste principal, nous entraînent vers une frontière difficile à transgresser sans remettre en cause nos ineffables perceptions du cadre dans lequel nous évoluons, la tridimensionnalité.

À lire et relire. À faire lire et à conseiller en lecture.

lundi 20 juin 2016

Les Diablogues et autres inventions à deux voix - Roland Dubillard

C'est à l'occasion de la pièce Les diablogues au Rideau vert que j'ai pris connaissance des écrits de Roland Dubillard. Je ne savais, avant cela, rien de cet auteur. Cela aura été une agréable découverte. La lecture, postérieure à la pièce, est venue confirmer à mes yeux certains choix scénographiques de la mise en scène de Denis Marleau, notamment l'environnement vieille France bien décalée. Le texte, me semble-t-il, portait en lui ce contexte à la fois daté et hors du temps. Ces dialogues diaboliques sont d'une tradition qui jette un regard cynique sur une certaine société qui n'est pas si désuète qu'on pourrait le croire, elle s'exprime aujourd'hui encore avec le même décalage sous d'autres formats, en d'autres lieux. Par cette mise en scène, le théâtre Ubu venait renouer, pour ma plus grande joie, avec des textes frôlant l'absurbe* et le surréalisme ludique.
On notera à cet égard, et tout particulièrement, le fameux Lamentabile du troisième mouvement, l'Ad libitum du quatrième, et, dans ce même quatrième mouvement, la vingt-huitième double croche à partir de la droite, double croche dont Richard Wagner a dit : « J'aurais aimé l'écrire » et qui annonce curieusement Mendelssohn. [R. D.]
Mieux vaut se rincer les dents dans un verre à pied que de se rincer les pieds dans un verre à dents. [R. D.]
Alors voilà ma femme qui entre. Au premier coup d’œil, je m'aperçois qu'elle est dans tous ses états. Peut-être pas dans tous, faut pas exagérer, mais tout de même dans un nombre assez considérable d'états. [R. D.]
UN : Oui, vous verrez. Ça effraie, au début, on se dit vingt-six lettres, c'est au moins une douzaine de trop, et puis finalement, elles y passent toutes. DEUX: Reste à savoir dans quel ordre. [R. D.]
* Tout ce que ça raconte, c'est même pas vrai, c'est pour ça que c'est absurbe. Et puis d'abord, qu'est ce qui est vraiment vrai, hein? Même l'absurbe ça existe pas, puisqu'en réalité, ça s'écrit avec un d. [Marcel Gotlib, Rubrique-à-brac]