dimanche 28 novembre 2010

Voyeurs, s'abstenir - François Gravel

J'ai publié à ce jour quatre romans. (F.G.)
Cet auteur fictif (le narrateur) fait état des suites d'un roman (son quatrième) que nous ne lirons jamais, celui où il s'est inspiré d'un personnage de la sphère publique, Carl Vaillancourt, un
self-made-man québécois. Même si son « roman » le nomme Charles Pellerin, tout un chacun se permet de réagir à ce qu'il se permet d'inventer ou de relater de la réalité. On a alors droit à une série d'extraits de lettres, témoignages, courriels de gens qui veulent s'exprimer sur ce phénomène qu'a été Vaillancourt, sur la forme qu'il aura prise sous les traits de Charles Pellerin et sur les libertés que le narrateur-auteur aura largement emprunté.

François Gravel signe ici un roman différent, dont la forme n'est pas celle de l'histoire racontée, mais celle recréée par le reflet dans le miroir déformé que les lecteurs du roman nous présentent. Les différentes réactions auraient dû emprunter des écritures plus distinctes que celles qu'on retrouve ici. On sent trop souvent Gravel derrière la plume. Mais, on passe facilement par dessus cette petite entorse au style pour découvrir pièce par pièce l'univers de Vaillancourt et de l'être encore plus grand que la société avait créé autour de lui.

On aurait pu se lasser de cet artifice choisi par Gravel pour amener son sujet. Et pourtant, les courts extraits épistoliers sont autant des questions que des réponses et le voile demeure longtemps sur la réalité difficile à cerner de cet industriel et financier, amateur d'art religieux.

François Gravel a encore réussi à capter mon attention.

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Sur Rives et dérives, de Gravel, on trouve aussi :


Gravel
François
À vos ordres, colonel Parkinson

Gravel
François
Fillion et frères 
Gravel
François
La petite fille en haut de l’escalier
Gravel
François
Vous êtes ici


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lundi 11 octobre 2010

Logicomix - Apostolos Doxiadis, Christos Papadimitriou


- Une bien triste histoire! Et pourtant... (A.D.)

Logicomix
est paru en 2009 en anglais sous le titre Logicomix. An Epic Search for Truth. Il est alors le roman graphique no 1 du New York Times. C'est en effet un roman graphique de grande qualité, mais c'est surtout l'histoire d'une aventure intellectuelle hors du commun, celle d'une quête, la recherche et la crise des fondements logiques des mathématiques. Cela peut paraître un peu obtus comme thématique d'une bande dessinée, mais les auteurs ont fait le pari d'aborder cette lourde question qui prend place au tournant des XIXe et du XXe siècles sous l'angle des hommes et de leurs passions. Les auteurs avertissent les lecteurs en ouverture, il ne s'agit aucunement d'un traité de logique pour les nuls. C'est une histoire, juste une histoire en BD, une histoire qui fait intervenir autour de Bertrand Russel, un ensemble de logiciens, mathématiciens et philosophes (Cantor, Frege, Whitehead, Poincaré, Hilbert, Gödel, Wittgenstein, entre autres). Une histoire où les passions s'entrecroisent et où la logique et la folie se côtoient en tendant entre elles un fil qui n'est pas si ténu.

Comme mathématicien, je retrouvais là des personnages et des événements que j'avais autrefois croisés, des personnages et des événements qui avaient nourri mes propres passions. Il est normal que j'apprécie les revoir ici dans un univers de BD sans qu'ils soient caricaturés, sans qu'ils perdent leurs natures propres. Mais, j'aimerais bien savoir comment des gens qui ne se sont pas frottés à cette aventure philosophico-mathématique vivent la BD de Doxiadis et Papamiditriou. J'ai l'impression que les auteurs ont su comment faire de cette histoire de quelques-uns, l'aventure de la plupart. Chapeau aux concepteurs et aux dessinateurs (Alecos Papadatos et Annie Di Donna).

On peut lire ICI un extrait de Logicomix.

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Sur Rives et dérives, j'ai aussi commenté :

Doxiadis
Apostolos
Oncle Petros et la conjecture de Goldbach

samedi 25 septembre 2010

Balade en train assis sur les genoux du dictateur - Stéphane Achille


C'est à cause de mon comptable que toute cette histoire a commencé. (S.A.)
Prix Robert-Cliche du premier roman en 2007,  Stéphane Achille signe un curieux roman, tout aussi Balade en train assis sur les genoux du dictateur demeure une lecture surprenante où l'absurdité de la situation laisse pantois. On peut assister à des exercices de gestion interne, à une visite du domaine familial du dictateur, à l'élimination d'un garde du corps, à une exécution technique, et d'autres éléments baroques. quelques semaines après l'avoir lu, je me demande encore: l'ais-je aimé? Je ne me souviens pas m'être ennuyé en le lisant, mais il laisse tout de même un arrière-goût difficilement identifiable...
curieux que son titre peut l'évoquer. C'est l'histoire de la rencontre improbable d'un musicien paumé, français de passage à New York, avec un homme en complet gris accompagné de gardes du corps, et d'une visite en train d'un pays d'Amérique du Sud qui ne sera jamais nommé. L'homme au complet gris revêtira un uniforme et il s'avérera être le dictateur contesté du pays visité. Entre le rêve et la fantaisie, entre le discours dénonçant l'industrie musicale et la dérive politique,

dimanche 19 septembre 2010

Jazzman - Stanley Péan

Ben quoi, écrivain-jazzman amateur, ç'a de la gueule, non?
Demandez à Boris Vian, il vous le dira bien.
(S.P.)
Stanley Péan, anime l'émission Jazz sur Espace Musique depuis plusieurs années. On peut lire son blog sur www.stanleypean.com  . Il écrit, c'est un nouvelliste et un romancier, mais ici, c'est sa relation avec le jazz, son exploration de cette planète qu'il livre en quelques pages. On a droit à une chronique de ses découvertes, au journal parfois anecdotique d'un être qui se meut dans ce monde étrange qu'est le jazz. Chaque set est suivi de suggestions d'écoute, une liste des oeuvres dont il a été question. On y trouve des classiques, mais aussi des plages méconnues. Car, Stanley Péan ne se complait pas dans les oeuvres du passé et considère que le jazz est toujours en évolution, toujours en construction et en recherche. Voilà une approche qui me plait.

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Péan

Stanley

Crépusculaires

25/06/2023

Péan

Stanley

De préférence la nuit

28/12/2022

vendredi 17 septembre 2010

La formule préférée du professeur - Yoko Ogawa

Nous l'appelions professeur, mon fils et moi. [Y.O]
Un roman japonais. Une histoire de mathématicien. Un conte sur l'amour entre un professeur pas tout à fait présent et un jeune amateur de baseball.

La narratrice est aide-ménagère, elle sera au service d'un mathématicien d'une soixantaine d'années qui a vu sa carrière abruptement interrompue par un accident qui a causé la perte de continuité de sa mémoire. Le ruban sur lequel le professeur mémorise se qui se passe autour de lui n'a qu'une longueur de quatre-vingt minutes. Ainsi, l'aide-ménagère et son fils disparaissent de l'univers du professeur chaque jour. Et, tous les matins le rituel des présentations doit reprendre agrémenté d'une question numérique qui donnera l'occasion au professeur de faire la démonstration de sa passion des nombres (premiers, parfaits, amicaux, ...).

Ce sont donc trois passions qui se rencontrent et se redécouvrent de jours en jours : les nombres et les formules du professeur, le baseball des Tigers de Hanshin de Root, le fils de l'aide-ménagère, et la passion des humains de celle qui unit les deux premiers, celle par qui cette histoire prend place et qui nous la raconte.