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mardi 10 janvier 2017

Les mathématiques dans l'ensemble - Yasmina Liassine

[Archives Septembre 2003]
L'étude des mathématiques est une occupation inutile peut-être, mais du moins parfaitement bénigne et innocente. [G.H.Hardy]
L'ouvrage de Yasmina Liassine déborde de citations délicieuses, de ponts entre les mathématiques et les arts, de visions larges et humaines des mathématiques, de regards vulgarisés sur la science mathématique. Yasmina Liassine illustre sa publication de toiles, de gravures, de peintures qui ont un lien qui ne soit pas du premier degré avec les mathématiques. On citera ici Queneau, Tardieu, Perec, Victor Hugo, Voltaire, mais aussi Fermat, Bourbaki, Hilbert, Platon. Ce serait un magnifique petit recueil à livrer dans le cadre d'un cours de culture mathématique.

samedi 15 octobre 2016

Le bâton d'Euclide, le roman de la Bibliothèque d'Alexandrie - Jean-Pierre Luminet

[Archives Janvier 2003]
Sous le fin croissant de lune, deux hautes tours jumelles découpaient leur silhouette encadrant le portail de la ville close. [J.-P. L.]
J'ai adoré ce roman historique qui narre avec certaines largesses avec l'Histoire la Bibliothèque d'Alexandrie. On y raconte les personnages qui y ont travaillé, les conflits qu'elle a générés, les espoirs de savoir infini, les heurts religieux et une série d'anecdotes plus ou moins réelles. En effet, l'auteur avoue avoir provoqué des rencontres qui n'ont pas vraiment eu lieu, avoir accordé à certains acteurs des rôles qu'ils n'ont pas tenus mais qu'ils auraient très bien pu tenir, avoir imaginé des dialogues que personne n'a pu entendre. Faute avouée est à moitié pardonnée. Mais, est-ce vraiment une faute? L'auteur écrit, sans prétendre autre chose, un roman, un roman qui croise plus d'une fois l'Histoire, mais tout de même un roman.

jeudi 15 septembre 2016

Évariste - François-Henri Désérable



 
On ne se méfie jamais assez des doigts. [F.-H.D.]
Jeune auteur français, François-Henri Désérable s'attaque ici à un sujet qui m'est cher, la courte vie du plus romantique des mathématiciens, Évariste Galois. Au Québec, Geneviève Billette l'avait fait vivre avec bonheur sur les planches du Théâtre d'aujourd'hui dans Contre le temps. Ici, avec Évariste, nous avons un tout autre traitement. Désérable se lance dans une biographie romancée, une espèce de broderie autour du peu que l'on sait des événements qui ont mené Évariste à se présenter à ce duel. Un duel qui aura mis fin à la vie d'un mathématicien d'exception, à la vie d'un être entier et révolutionnaire dans toutes les sphères de son bref passage ici.
[...] et lui qui n'avait jamais cru en rien, pas même à la poésie, voilà qu'il croyait aux mathématiques, qu'il y voyait l'alphabet grâce auquel, après le claquement de doigts originel, l'univers fut écrit [...] [F.-H.D.]
Évariste est écrit en utilisant un style surprenant. On se sent parfois en déroute avec cette écriture qui passe sans préavis de l'ampoulé très XIXe siècle au populaire actuel, qui parfois s'adresse à une lectrice imaginée qu'il faut séduire, qui toujours hésite sur les limites de ce que l'on peut inventer autour du peu que l'on connaît de la réalité.
Tout cela n'est qu'une hypothèse, bien entendu. En vérité, on ignore ce qu'il s'est passé rue de l'Ourcine au printemps 1832. On ne sait pas si Évariste fit la rencontre de Stéphanie sous un arbre du jardin. On ne sait pas s'il y avait un arbre dans le jardin. Et pour tout dire, on n'est même pas certain qu'il y eut un jardin. (C'est dire si on ne sait rien.) [F.-H.D.]
Je ne prétends pas savoir ce qu'il s'est passé, au mois de mai 1832, dans la pension Faultrier. À vrai dire, je ne suis même pas certain de le vouloir. Je préférerai toujours le mystère aux certitudes bien forgées, le champ des possibles à l’indéniable vérité. [F.-H.D.] 
Désérable, malgré son style déconcertant et sa plume virevoltante, réussit à rendre une époque et à nous peindre l'éclair d'une brève mais combien significative vie dans cette époque mouvementée. Ce fut une lecture réjouissante.
[...] il est cinq heures ; la marquise, étonnamment, n'est pas sortie [...] [F.-H.D.] 


____________Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Désérable
François-Henri
Un certain M.Piekielny

dimanche 26 juin 2016

Flatland, une aventure à plusieurs dimensions - Edwin A. Abbott

[Archives Octobre 1992]
J'appelle notre monde Flatland (le Plat Pays), non point parce nous le nommons ainsi, mais pour vous aider à mieux en saisir la nature, vous, mes heureux lecteurs, qui avez le privilège de vivre dans l'Espace. [E.A. A.]

Il s'agit d'un excellent petit roman mathématique. Je relisais ce texte pour la deuxième ou troisième fois et j'en suis encore totalement amoureux. C'est une petite merveille de réflexions sur les dimensions et les contraintes qu'elles nous imposent, tout cela teinté d'humour, de mathématique, d'analyse sociologique, philosophique et théologique. Les aventures du Carré, protagoniste principal, nous entraînent vers une frontière difficile à transgresser sans remettre en cause nos ineffables perceptions du cadre dans lequel nous évoluons, la tridimensionnalité.

À lire et relire. À faire lire et à conseiller en lecture.

mardi 26 avril 2016

Villa des hommes - Denis Guedj

[Archives Juin 2008]

Frac noir et haut-de-forme cabossé, Ernest tenait les rênes avec la maîtrise des vieux cochers qu'aucune rosse n'avait pris au dépourvu. [D.G.]
C'est la rencontre de deux hommes dans un univers clos, celui d'un hôpital psychiatrique en Allemagne en 1917. L'un de ces hommes est un clone de Georg Cantor (mathématicien décédé en 1918, il avait notamment travaillé sur la théorie des ensembles, les ensembles infinis et les nombres transfinis). Guedj, pour se garder la distance voulue pour rédiger un roman, n'a pas mis Cantor en scène, mais son double. La rencontre du mathématicien avec un anarchiste français, soldat par surcroît, n'a peut-être eu lieu que dans l'imagination de l'auteur, mais elle est la source d'une discussion qui prend place lentement dans le roman. Lentement, donc, s'amorcent les préludes d'une histoire de la découverte, ou serait-ce l'invention, des transfinis. Parallèlement, on verra ce qui tourmente ces deux hommes qui, finalement, ont peut-être plus en commun qu'ils ne le croyaient.

Guedj atteint ici un niveau d'écriture intéressant qui se dégage suffisamment de l'histoire pour être attrayant.
L'essence des mathématiques, c'est la liberté. [Georg Cantor]
Il ne faut pas qu'on nous chasse du paradis que Cantor a créé pour nous. [David Hilbert]

mercredi 17 juin 2015

Journey through Genius - The great theorems of mathematics - William Dunham


[Archives, Août 2002]

Cet ouvrage paru en 1990 chez John Wiley & Sons mériterait une traduction. Il s'agit d'un voyage, si non à travers le génie, du moins à travers l'aventure mathématique humaine. Le choix stylistique de l'auteur est un choix de traitement à la manière d'un historien de l'art. Il replonge chaque oeuvre, chaque théorème choisi, dans son contexte. Il la présente en utilisant un langage le plus simple possible et trace aussi le portrait de ses suites. Sur le plan de la vulgarisation mathématique, cela est très bien réalisé. Par contre, on peut déplorer que le contexte sociopolitique ou culturel ne soit pas toujours aussi présent qu'on l'aurait souhaité. Si la naissance des géométries non-euclidiennes est bien mise en parallèle avec la peinture et son éclatement, cela demeure quasi une exception. Mais, il s'agit là d'un très beau voyage.

mardi 24 décembre 2013

Théorème vivant - Cédric Villani

Un dimanche à 13 heures ; le laboratoire serait désert, s'il n'y avait deux mathématiciens affairés. [C.V.]
Cédric Villani est un mathématicien français de haut niveau, récipiendaire de la Médaille Fields, l'une des plus hautes distinctions en mathématiques avec le Prix Abel, l'équivalent pour les mathématiciens d'un prix Nobel. Il aurait pu se réfugier dans la communauté mathématique et limiter au minimum ses interventions avec la société séculière, mais, conscient de l'impact qu'il peut avoir, il n'a jamais hésité à faire connaître ses opinions sur l'enseignement des maths, sur leur vulgarisation ou sur leur place dans l'univers des sciences comme dans notre quotidien.
Mais, ici, en nous livrant ce Théorème vivant, il n'a pas voulu s'engager sur le terrain de la vulgarisation, il nous offre plutôt une oeuvre impressionniste où il cherche à nous faire sentir ce que peut représenter la recherche de ce niveau en mathématiques. On l'accompagne ainsi dans les démarches, les avancées, les hésitations, les doutes, les illuminations, les éclairs et les échanges quasi quotidiens avec son collaborateur pour l'établissement d'un théorème sur l'amortissement Landau dans l'équation de Boltzman (ou quelque chose du genre). Bien qu'on aura droit aux éléments de sa preuve et à des extraits de la démontration qui fera l'objet d'une publication importante, le contenu mathématique n'est ici que pour illustrer ce sur quoi travaille le chercheur, l'objet de sa passion.
On accompagnera l'auteur dans ses virées internationales, dans ses rencontres mathématiciennes, dans quelques moments familiaux, dans ses réflexions entourant une offre pour la direction de l'Institut Henri-Poincaré (qu'il acceptera).
Il nous montrera comment en recherche mathématique, il importe d'établir des liens entre des objets apparemment sans relation et que souvent c'est de ces liens que naissent de nouvelles approches, de nouvelles idées, de nouvelles théories.

En mathématique, c'est comme dans un roman policier ou un épisode de Columbo : le raisonnement par lequel le détective confond l'assasin est au moins aussi important que la solution du mystère elle-même. [p.45]

Les liens entre mathématiques et poésie sont très importants. Dans les deux cas, l'importance accordée à la forme est capitale. Le poète délivre un vers et le mathématicien une formule. Ils font le même travail de recréer le monde, au sens étymologique de "poiein". Le mathématicien travaille sur le reflet d'un système physique, et à travers une équation ou deux, il recrée les caractéristiques de ce système. [Extrait d'une entrevue sur vousnousils.fr, juin 2013]


dimanche 1 septembre 2013

Petits meurtres entre mathématiciens - Tefcros Michaelides

Ou comment deux amis débattent de maths et d'amour dans le Paris de la Belle Époque.
Je fus réveillé par des coups insistants sur la porte d'entrée. [T.M.]
Si le prétexte policier se situe en 1929 à Athènes, l'essentiel de ce roman débute en 1900 à Paris où se tenait un congrès qui aura changé la suite des choses dans le développement des mathématiques. En effet, c'est à ce deuxième congrès international des mathématiques que Hilbert, mathématicien allemand de Göttingen, énonce une série de vingt-trois problèmes qui, selon lui, devraient faire l'objet des travaux des mathématiciens dans les années à venir afin de rendre les mathématiques plus cohérentes.
« Qui d'entre nous ne serait pas heureux de soulever le voile qui masque le futur, pour jeter un regard sur les progrès imminents de notre science et sur les secrets de son développement pendant les siècles futurs ! »
C'est lors de ce congrès que les deux principaux intervenants de ce roman, Michaël Igerinos et Stefanos Kantartzis, se rencontrent et que débute une amitié qui durera trente années. Les premiers moments de cette relation se jouent sur une toile de fond parisienne et artistique. En effet, nos jeunes mathématiciens côtoient la faune bohème de la butte Montmartre. Ils y croiseront Pablo Picasso, Toulouse-Lautrec, Max Jacob.
Les nombreuses discussions entre les mathématiciens et les artistes seront autant d'occasions pour introduire des éléments d'histoire des mathématiques. Si la trame policière est relativement faible, la richesse des évocations historiques vaut le détour. Petits meurtres entre mathématiciens occupe une bonne place dans ma bibliothèque de fictions mathématiques.
  « J'ai des souvenirs heureux d'un temps infini passé seul dans ma chambre à donner libre cours à mes talents artistiques douteux et à exécuter (à la fois de façon littérale et métaphorique) des morceaux de grands compositeurs allemands. »

mardi 25 décembre 2012

Contre le temps - Geneviève Billette

Paris, 1832.

Évariste Galois vit sa dernière nuit et c'est cette nuit, ponctuée de retours dans le passé, que nous fait vivre Geneviève Billette. Il est assez rare qu'un héros des mathématiques, fusse-t-il romantique, devienne l'objet d'une pièce de théâtre, mais Galois, ce génie éclatant de 20 ans, possèdait les atouts nécessaires. C'est donc son histoire qui nous est livrée sur les planches, son histoire présentée à l'aide d'allers et venues dans le temps tout en faisant intervenir un spectre. Geneviève Billette nous fait vivre la détresse inspirée de Galois, son engagement dans son temps et dans cette poésie pénétrante qu'est l'algèbre. 


C'est en novembre 2011 que le Théâtre d'aujourd'hui présentait Contre le temps. J'ai adoré et je n'ai pas été le seul car Geneviève Billette a été lauréate du prix littéraire 2012 du Gouverneur général dans la catégorie théâtre pour ce merveilleux texte.

mardi 9 octobre 2012

Rationnel mon Q - Ludmilla Duchêne et Agnès Leblanc


Racine carrée de 2, c'est 1,414 et des poussières... Et quelles poussières! Des grains de sable qui empêchent d'écrire racine de 2 comme une fraction. Autrement dit, cette racine n'est pas dans Q. Telle est l'histoire, une vérité mathématique connue et même démontrée depuis longtemps, parfois injustement négligée.
Rationnel mon Q, ce sont 65 exercices de style, soixante-cinq exercices écrits "par amour, pour les mathématiques et pour la littérature". Des exercices qui font, l'un après l'autre et par des voies diverses et originales, la démonstration de l'irrationalité de √2.

À la manière de Queneau qui livrait de 99 façons l'histoire d'une rencontre dans l'autobus S, les auteures s'amusent de pages en pages de l'irrationalité de √2 et de sa démonstration. Et pour cette aventure, les mathématiciennes et poètes se sont assurées de la complicité de Abel, Bourbaki, Lewis Carroll, Euclide, Fellini, Goldbach, Hitchcock, Idéfix, Monsieur Jourdain, Kafka, François Le Lionnais, Mersenne, Perec, Racine, Thalès, Ulysse, Anton Voyl, Zazie et d'autres...

Cela donne de petits bijoux tels cet haïku:
un trait dans le sable  
diagonale inattendue
un nombre nouveau

Les productions Universcience en ont fait ce petit clip de présentation : http://www.dailymotion.com/video/xfdj9a_rationnel-mon-q_tech.

Voir aussi : http://images.math.cnrs.fr/Rationnel-mon-Q.html 

dimanche 5 février 2012

Zéro, la biographie d'une idée dangereuse - Charles Seife

[Archives, Mars 2003]

J'accordais beaucoup de crédibilité à cet ouvrage. Je ne sais pourquoi, mais j'avais l'impression a priori que j'apprécierais cette lecture. Or, j'ai plutôt été déçu. L'auteur aborde l'histoire du zéro avec quelques erreurs de faits et certaines erreurs mathématiques et il aborde cette histoire d'un point de vue quasi mystique. On retrouve ici le zéro et l'infini dans une danse lubrique. L'auteur est loin de se tenir à une distance objective de son sujet. Il en est plutôt le chantre, sinon le prêtre.

samedi 30 avril 2011

Deux et deux font-ils quatre ? - Didier Nordon

[Archives, Avril 2000]



En introduction, l'auteur nous annonce qu'il mélangera les genres. C'est effectivement ce qu'il fait en quatre parties et neuf chapitres. La structure générale en est affectée. Mais certains des chapitres recèlent quelques réflexions intéressantes de la part de ce mathématicien qui avoue s'être placé en marge de la recherche : réflexions sur la démonstration et ses étapes « évidentes », réflexions sur les mots des mathématiques et leur sens usuel, sur la vérité mathématique, etc. Autour de ces réflexions, on trouve de petits essais anecdotiques, des mini nouvelles plus ou moins heureuses. L'auteur n'aura pas par ce collage produit un grand texte, mais il valait tout de même la peine de le lire.

Un jour, à Cambridge, le mathématicien Godfrey Hardy (1877-1947) faisait un cours devant la poignée d'étudiants capable de le suivre. Le voilà qui écrit une énorme formule très compliquée au tableau, en disant: « C'est évident » . Soudain, il s'interrompt. Visiblement, quelque chose ne va pas. Il replonge dans une méditation intense et muette... Il lâche là ses étudiants, file dans son bureau, où on le voit marcher de long en large, en proie à la même méditation intense... Enfin, au bout de deux heures, il retourne dans la salle, avise la formule restée au tableau et déclare : « Oui, oui; bien sûr, elle est évidente ». Puis, il poursuit son cours sans plus d'explication!  (p.11)

lundi 11 octobre 2010

Logicomix - Apostolos Doxiadis, Christos Papadimitriou


- Une bien triste histoire! Et pourtant... (A.D.)

Logicomix
est paru en 2009 en anglais sous le titre Logicomix. An Epic Search for Truth. Il est alors le roman graphique no 1 du New York Times. C'est en effet un roman graphique de grande qualité, mais c'est surtout l'histoire d'une aventure intellectuelle hors du commun, celle d'une quête, la recherche et la crise des fondements logiques des mathématiques. Cela peut paraître un peu obtus comme thématique d'une bande dessinée, mais les auteurs ont fait le pari d'aborder cette lourde question qui prend place au tournant des XIXe et du XXe siècles sous l'angle des hommes et de leurs passions. Les auteurs avertissent les lecteurs en ouverture, il ne s'agit aucunement d'un traité de logique pour les nuls. C'est une histoire, juste une histoire en BD, une histoire qui fait intervenir autour de Bertrand Russel, un ensemble de logiciens, mathématiciens et philosophes (Cantor, Frege, Whitehead, Poincaré, Hilbert, Gödel, Wittgenstein, entre autres). Une histoire où les passions s'entrecroisent et où la logique et la folie se côtoient en tendant entre elles un fil qui n'est pas si ténu.

Comme mathématicien, je retrouvais là des personnages et des événements que j'avais autrefois croisés, des personnages et des événements qui avaient nourri mes propres passions. Il est normal que j'apprécie les revoir ici dans un univers de BD sans qu'ils soient caricaturés, sans qu'ils perdent leurs natures propres. Mais, j'aimerais bien savoir comment des gens qui ne se sont pas frottés à cette aventure philosophico-mathématique vivent la BD de Doxiadis et Papamiditriou. J'ai l'impression que les auteurs ont su comment faire de cette histoire de quelques-uns, l'aventure de la plupart. Chapeau aux concepteurs et aux dessinateurs (Alecos Papadatos et Annie Di Donna).

On peut lire ICI un extrait de Logicomix.

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Sur Rives et dérives, j'ai aussi commenté :

Doxiadis
Apostolos
Oncle Petros et la conjecture de Goldbach

vendredi 17 septembre 2010

La formule préférée du professeur - Yoko Ogawa

Nous l'appelions professeur, mon fils et moi. [Y.O]
Un roman japonais. Une histoire de mathématicien. Un conte sur l'amour entre un professeur pas tout à fait présent et un jeune amateur de baseball.

La narratrice est aide-ménagère, elle sera au service d'un mathématicien d'une soixantaine d'années qui a vu sa carrière abruptement interrompue par un accident qui a causé la perte de continuité de sa mémoire. Le ruban sur lequel le professeur mémorise se qui se passe autour de lui n'a qu'une longueur de quatre-vingt minutes. Ainsi, l'aide-ménagère et son fils disparaissent de l'univers du professeur chaque jour. Et, tous les matins le rituel des présentations doit reprendre agrémenté d'une question numérique qui donnera l'occasion au professeur de faire la démonstration de sa passion des nombres (premiers, parfaits, amicaux, ...).

Ce sont donc trois passions qui se rencontrent et se redécouvrent de jours en jours : les nombres et les formules du professeur, le baseball des Tigers de Hanshin de Root, le fils de l'aide-ménagère, et la passion des humains de celle qui unit les deux premiers, celle par qui cette histoire prend place et qui nous la raconte.

mercredi 19 août 2009

Nicolas Bourbaki - Histoire d'un génie des mathématiques qui n'a jamais existé - Amir D. Aczel


C'était une lecture entendue. La lecture d'Impératif catégorique de Jacques Roubaud m'a replongé dans une époque où l'appréhension structurelle des mathématiques était ma vie, une période où Bourbaki était encore au centre des développements de cette science.

Nicolas Bourbaki, membre éminent de l'Académie des sciences de Poldévie, n'a, en effet, jamais existé. Il est le nom emprunté, sur la base d'un canular, par un groupe de mathématiciens français regroupés autour d'Henri Cartan, Claude Chevalley, Jean Dieudonné et André Weil (frère de la philosophe Simone Weil). Cette association des amis de Nicolas Bourbaki, à laquelle se sont joints plusieurs autres mathématiciens influents, a été le phare de l'organisation rigoureuse des mathématiques pendant le XXe siècle. La publication, sous le nom de Nicolas Bourbaki, des différents volumes de l'œuvre collective que constitue les Éléments de mathématique a marqué l'évolution, l'organisation, le développement ainsi que l'enseignement des mathématiques jusqu'au début des années soixante-dix et même au-delà.

Comme mathématicien, j'étais bien conscient de cette prépondérance bourbakiste dans le développement structurel des mathématiques du XXe siècle. Ce que je connaissais moins et que cette lecture m'a fait découvrir, c'est la place que Bourbaki a occupé dans la naissance du structuralisme.

Je ne savais pas que le structuralisme trouvait son origine en linguistique, que c'est Saussure et Jakobson (dans les années trente) qui avaient délimité les principes fondateurs de la linguistique structurale, que cette linguistique structurale s'exprime par la prééminence de la structure dans l'étude d'une langue [nos linguistes me corrigeront, j'espère]. J'ai appris que l'utilisation que Lévi-Strauss a fait du concept en anthropologie résidait en partie sur un lien qu'il avait établi avec André Weil (de Bourbaki) et que c'est l'application de la théorie des groupes à un problème proposé par Lévi-Strauss qui initie le mouvement structuraliste à l'extérieur de la sphère linguistique.

Finalement, cet ouvrage m'aura permis de constater les liens multiples entre un groupe de mathématiciens, la notion de structures en mathématiques et la ramification de l'influence structuraliste dans des domaines aussi divers que la psychologie avec Piaget, la psychiatrie et la psychanalyse avec Lacan, l'économie avec Leontief, ... et la littérature avec l'Oulipo, l'Ouvroir de littérature potentielle (eh oui). La boucle est donc bouclée.

samedi 2 mai 2009

La mathématique du chat de Philippe Geluck - Daniel Justens


J'ai découvert Le Chat récemment. Il existe pourtant depuis 25 ans. J'ai découvert Le Chat par la voie des blogues de mathématiciens. En effet, à l'occasion, l'un ou l'autre des blogueurs mathématiciens que je fréquente mentionnait une allusion mathématique du Chat. Cela m'a intrigué assez pour que j'y jette un coup d'oeil plus attentionné. Et ce coup d'oeil a été révélateur. Le Chat est un philosophe dont la pensée aborde tous les aspects de la nature humaine. Le Chat fait réfléchir, Le Chat fait également réfléchir sur la mathématique, et pas seulement sur le calcul de base, mais également sur ses fondements et quelques théories profondes. Surprenant? Allez consulter cette présentation PDF de l'auteur, vous y verrez quelques extraits du livre.

dimanche 12 avril 2009

Ces nombres qui n'existent pas - Barry Mazur


Rappelez-vous le Penseur de Rodin, ramassé dans son effort mental.

Le titre original était Imagining Numbers. Cela m'apparait plus pertinent. En effet, le sujet de cet ouvrage hybride est l'imagination et les nombres imaginaires et complexes, ceux qui se construisent à l'aide de l'impossible √-1.

L'auteur a fait le choix, discutable, de passer d'un thème à l'autre et de faire de chaque chapitre une rupture. On passe ainsi de l'image derrière le texte «le jaune de la tulipe» à certaines considérations historiques de la naissance du nombre complexe et de sa représentation.

Je ne fais peut-être pas partie du public cible de cet ouvrage, mais j'ai de la difficulté à le définir.

jeudi 26 mars 2009

Impératif catégorique - Jacques Roubaud



À droite de mon bureau il y avait une fenêtre, une des cinq grandes fenêtres en trois pièces sur la rue. (J.R.)
Publié dans la collection Fiction & Cie du Seuil, cet Impératif catégorique n'a de lien avec Kant que son titre et le devoir qu'a l'auteur à se livrer à un double projet poétique et mathématique. Ce récit autobiographique constitue l'une des «branches» de l'aventure humaine de Jacques Roubaud. Amorcée avec Le grand incendie de Londres, ce projet se prolonge dans plusieurs ouvrages. Roubaud y raconte au moyen de ce qu'il appelle des «momentsproses» un parcours d'écriture et de recherche mathématique. il décrit en portant un regard critique, mais aussi nostalgique, son accession à la carrière mathématique, sa rencontre avec Jean Bénabou et la théorie des catégories, son travail de chercheur pour donner un cadre mathématique à la linguistique chomskienne, son incursion dans l'univers bourbakiste. Il nous livre aussi des sonnets et ses premiers écrits poétiques.

Roubaud nous parle de sa conversion à la théorie des catégories. Il mentionne toutefois que «les catégoriciens [ont fait] figure de secte dans la communauté mathématique». Abstract nonsense disent certains. «Et quels théorèmes démontre-t-on avec çà?» disent d'autres.

Cette lecture m'a replongé dans un univers où la mathématique constituait le centre de mon monde. C'était il y a quelques décennies.

Est-ce que j'ai mentionné que Jacques Roubaud était un oulipien?

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On peut lire aussi, sur Images de mathématiques, un texte que Jacques Roubaud a dédié à un portrait du mathématicien-catégoricien Jean Bénabou : http://bit.ly/2RQKmsV.