Un dimanche à 13 heures ; le laboratoire serait désert, s'il n'y avait deux mathématiciens affairés. [C.V.]
Cédric Villani est un mathématicien français de haut niveau, récipiendaire de la Médaille Fields, l'une des plus hautes distinctions en mathématiques avec le Prix Abel, l'équivalent pour les mathématiciens d'un prix Nobel. Il aurait pu se réfugier dans la communauté mathématique et limiter au minimum ses interventions avec la société séculière, mais, conscient de l'impact qu'il peut avoir, il n'a jamais hésité à faire connaître ses opinions sur l'enseignement des maths, sur leur vulgarisation ou sur leur place dans l'univers des sciences comme dans notre quotidien.
Mais, ici, en nous livrant ce
Théorème vivant, il n'a pas voulu s'engager sur le terrain de la vulgarisation, il nous offre plutôt une oeuvre impressionniste où il cherche à nous faire sentir ce que peut représenter la recherche de ce niveau en mathématiques. On l'accompagne ainsi dans les démarches, les avancées, les hésitations, les doutes, les illuminations, les éclairs et les échanges quasi quotidiens avec son collaborateur pour l'établissement d'un théorème sur l'amortissement Landau dans l'équation de Boltzman (ou quelque chose du genre). Bien qu'on aura droit aux éléments de sa preuve et à des extraits de la démontration qui fera l'objet d'une publication importante, le contenu mathématique n'est ici que pour illustrer ce sur quoi travaille le chercheur, l'objet de sa passion.
On accompagnera l'auteur dans ses virées internationales, dans ses rencontres mathématiciennes, dans quelques moments familiaux, dans ses réflexions entourant une offre pour la direction de l'Institut Henri-Poincaré (qu'il acceptera).
Il nous montrera comment en recherche mathématique, il importe d'établir des liens entre des objets apparemment sans relation et que souvent c'est de ces liens que naissent de nouvelles approches, de nouvelles idées, de nouvelles théories.
En mathématique, c'est comme dans un roman policier ou un épisode de Columbo : le raisonnement par lequel le détective confond l'assasin est au moins aussi important que la solution du mystère elle-même. [p.45]
Les liens entre mathématiques et poésie sont très importants. Dans les deux cas, l'importance accordée à la forme est capitale. Le poète délivre un vers et le mathématicien une formule. Ils font le même travail de recréer le monde, au sens étymologique de "poiein". Le mathématicien travaille sur le reflet d'un système physique, et à travers une équation ou deux, il recrée les caractéristiques de ce système. [Extrait d'une entrevue sur vousnousils.fr, juin 2013]