mardi 23 juillet 2019

Vers la beauté - David Foenkinos

Le musée d'Orsay, à Paris, est une ancienne gare. [D.F.]
Le protagoniste de ce roman, professeur aux Beaux-Arts à Lyon, se reconvertit en gardien de musée. On comprendra assez rapidement que c'est une meurtrissure de l'âme qui l'a amené ainsi à se réfugier loin de sa propre existence et c'est devant un portrait de Jeanne Hébuterne réalisé par Modigliani qu'il jongle avec ses incertitudes existentielles.  Le roman repose sur quatre parties. Alors qu'on tentait dans les deux premières de déchiffrer ce qui a pu faire basculer le personnage principal, dans la troisième, on se tourne vers le passé trouble d'une jeune personne nommée Camille qui, elle aussi, a tenté de s'exprimer par l'art et sa beauté. Vers la beauté c'est en quelque sorte deux appels au secours, deux cris de détresse, deux difficultés à vivre, exprimés avec une grande sensibilité. Toutefois, bien que j'ai été happé tout du long par cette lecture, je ne sais pourquoi, j'ai ressenti comme un manque, comme si un volet de la situation n'avait pas été abordé dans toute sa potentialité.
La curiosité délimite le monde des vivants et celui des ombres. [D.F.]

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Sur Rives et dérives, on trouve :



Foenkinos
David
Le mystère Henri Pick
Foenkinos
David
Qui se souvient de David Foenkinos ? 

jeudi 11 juillet 2019

La promesse de l'aube - Romain Gary

C'est fini. La plage de Big Sur est vide, et je demeure couché sur le sable, à l'endroit même où je suis tombé. [R.G.]
Je ne sais comment cela a pu se faire, mais je n'avais pas croisé l'oeuvre de Gary (ni celle d'Ajar) avant il y a quelques mois. Je m'aperçois maintenant qu'un univers m'attend et je compte bien m'y aventurer. J'ai osé commencer par La promesse de l'aube, cette oeuvre où Gary se raconte, où surtout il met en lumière tout ce qui le liait à sa mère. En fait, c'est par la voie d'un personnage secondaire, discret et effacé apparaissant au chapitre 7, un habitant du même immeuble que Gary alors qu'il était enfant à Wilno, que cette lecture s'est imposée. Ce personnage, c'est François-Henri Désérable qui le rend intrigant sous sa plume alors qu'il en fait son argument principal pour son magnifique roman Un certain M. Piekielny où il revisite l'oeuvre de Gary à travers une enquête et des réflexions sur l'écriture. La trame imaginée par Désérable présente probablement autant de latitudes que celle mise sur papier par Gary lui-même, mais il a suscité en moi le désir de m’engager dans cette lecture. Gary présentait une tendance à la fabulation et ce n'est pas seulement dans la création de son alter ego Émile Ajar que cela se manifeste. Mais, on ne lit pas La promesse de l'aube pour connaître le pedigree exact de Gary, on lit un roman et on se laisse emporter par le flot de l'amour, de la tendresse et du lien qui s'étale devant nous dans un style simple, riche et teinté d'humour.
[...] après avoir longuement hésité entre la peinture, la scène, le chant et la danse, je devais un jour opter pour la littérature, qui me paraissait le dernier refuge, sur cette terre, de tous ceux qui ne savent pas où se fourrer. [R.G.]
M. Piekielny ressemblait à une souris triste, méticuleusement propre de sa personne et préoccupée; il avait l'air aussi discret, effacé, et pour tout dire absent, que peut l'être un homme obligé malgré tout, par la force des choses, à se détacher, ne fût-ce qu'à peine, au-dessus de la terre. [R.G.]
- Eh bien! quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire... Une flamme d'ambition insensée brilla soudain dans les yeux de la souris. - Promets-moi de leur dire: au no 16  de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny... [R.G.]
J'étais assis dans ma chambre, au rez-de-chaussée de l'hôtel, devant la fenêtre ouverte, occupé à polir le dernier chapitre du roman auquel je travaillais. C'était un superbe dernier chapitre, et je regrette aujourd'hui encore de n'avoir jamais réussi à écrire ceux qui devaient le précéder. À l'époque, j'avais déjà au moins vingt derniers chapitres à mon actif. [R.G.]
Je prenais encore la vie pour un genre littéraire. [R.G.]