dimanche 25 juillet 2021

Sur le bout de la langue - Bertrand Périer

Les mots sont mes plus chers compagnons. [B.P.]
Voici un petit ouvrage a priori délicieux. Un amateur et amoureux des mots nous offre un parcours du vocabulaire associé à divers domaines. L'auteur, lui-même avocat, a avec le mot juste une relation qui dépasse bien celle qu'il aurait pu développer en raison de son travail. S'il aborde le champ juridique, bien sûr, il se permet des incursions dans le lexique associé à plein d'autres univers, que ce soit celui de la politique, celui des religions, de la nourriture, ou encore de la musique. J'y ai trouvé quelques perles, l'ensemble m'a assurément amusé, mais il demeure que j'en suis sorti un peu déçu. Peut-être y avais-je placé trop d'espoir ?
Enfant, dictionnaires et encyclopédies m’ont accompagné. Je les feuilletais avec gourmandise et passion, ils étaient des fenêtres ouvertes sur la science, l’art, l’histoire, les civilisations anciennes ou éloignées, la nature, la géographie.  [B.P.]
Je suis mélomane. Il y a quelque chose d’un peu étrange dans ce mot. Y aurait-il inévitablement dans l’amour de la musique une forme de « manie », d’excès, d’obsession, de démesure, de vice, de folie ? Serait-on mélomane comme on est mégalomane, mythomane, graphomane ou cocaïnomane ? Ne pourrait-on aimer la musique raisonnablement, la « consommer avec modération », selon les objurgations contemporaines des sociétés aux plaisirs tièdes ? L’amour de la musique est le seul que l’on désigne par un terme qui exclut la demi-mesure : on est bibliophile, on est cinéphile, on est francophile, mais on est mélomane ! [B.P.] 

 

dimanche 18 juillet 2021

Le banquier anarchiste - Fernando Pessoa


Nous finissions de dîner. En face de moi, mon ami le banquier, commerçant et accapareur notoire, fumait, l'air absent. [F.P.]

Voici un roman qui se présente tel un dialogue où l’ami banquier avance une suite d’argumentaires logiques, comme un enchevêtrement d’énoncés construisant peu à peu un raisonnement rappelant la façon de faire de Dupin dans Double assassinat sur la rue Morgue d’Edgar Allan Poe. Toutefois, les diverses conclusions, les étapes de cet échafaudage de syllogismes, s’empilent et se bousculent pour mener à une chute pour le moins paradoxale. La chute ne surprend pas en elle-même, elle est annoncée dès l’ouverture, c’est la fabrication de l’édifice logique qui constitue le sujet littéraire de ce roman. Mais, au-delà de ce tour de force, Pessoa avance les critiques de son monde. Du même geste, il dénonce la société bourgeoise et le communisme montant. Écrit et publié en 1922, par certains de ses thèmes, Le banquier anarchiste pourrait rappeler Le monde qui pourrait être de Bertrand Russell édité en 1918.

« Au fait : on me disait l'autre jour qu'autrefois, vous aviez été anarchiste...
- Que j'ai été, non : je l'ai été et je le suis toujours. Je n'ai pas changé sur ce point. Je suis anarchiste.»
[F.P.]

vendredi 9 juillet 2021

Sapiens, a graphic History, The Birth of humankind - Y.N.harari, D.Vandermeulen, D.Casanave

About 14 billion years ago, matter, energy, time and space came into being in what is known as the Big Bang. The story of these fundamental features of our universe is called physics. [Y.N.H]

J'avais lu l'essai Sapiens, une brève histoire de l'humanité et ce parcours macroscopique de l'histoire du genre humain m'avait beaucoup plu. J'y avais reconnu le talent de vulgarisateur de Harari. Cette aptitude, il la met ici, encore une fois et de merveilleuse façon, à contribution en s'alliant avec des habitués du médium de la bande dessinée pour nous offrir une joyeuse adaptation en roman graphique de son oeuvre maîtresse. On ne peut que conclure que le mandat a été respecté. Ce n'est pas une simple transcription en BD, c'est plutôt une nouvelle mise en scène autour d'une partie du contenu de l'essai qui porte le même nom. Yuval Noah Harari devient lui-même un personnage de l'aventure. Il s'agit là d'un artifice intéressant. Cette quête à propos de l'histoire de l'humanité, des origines jusqu'au procès de cet homo sapiens nomade qui a semé la mort lors de ses déplacements, nous transporte des premières pages jusqu'à la toute fin de ce premier volet.

Je demeure en attente de la suite.

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Harari

Yuval Noah

Homo Deus, une brève histoire de l’avenir

29/05/2019

Harari

Yuval Noah

Sapiens, une brève histoire de l’humanité 

05/08/2016



vendredi 2 juillet 2021

Le rêve de Champlain - David Hackett Fischer


Notre point de départ est une gravure française du début du XVIIe siècle. C'est une scène de bataille comme on en trouverait chez tout bon marchand de dessins anciens en Europe.
[D.H.F.]

Je ne connaissais pas tant l'histoire de Samuel de Champlain. Il me restait quelques traces de mes cours d'histoire du Canada, quelques lectures au hasard des commémorations historiques, mais sans plus. Je me suis donc lancé tout à fait ouvert dans cette somme consacrée à l'homme multiple qu'était Champlain, le soldat, le navigateur, le cartographe, l'ethnologue et même l'humaniste, selon l'auteur. On ne peut que louer le travail immense qu'a pu constituer l'écriture de cet ouvrage. David Hackett Fischer relate parfois avec un minutieux détail qui laisse songeur sur la place qu'a pu prendre l'invention ou tout du moins l'extrapolation historique. Mais, au-delà de cette inquiétude, Le rêve de Champlain demeure une lecture prenante et enrichissante même si elle a tendance à s'apparenter à une hagiographie. On y voit comment Champlain dans ses efforts de développement d'une société en terres d'Amérique a pu agir d'une façon différente que celle utilisée par les conquérants espagnols au sud du continent. La thèse que Fisher défend avance que Champlain a voulu construire une société où colons et Indiens auraient pu vivre en paix dans un équilibre où chacun apprenait de l'autre. Il demeure difficile de juger avec l'oeil d'aujourd'hui les agissements d'intervenants du XVIIe siècle. Le rapprochement que Champlain souhaite avec les peuples indiens est-il mu par l'humanisme ou par la stratégie militaire ? Quoiqu'il en soit, le regard que porte Fisher sur le parcours de Champlain demeure essentiel et je ne peux que remercier l'ami qui m'en a suggéré la lecture.

De 1599 à 1633, il traversa l’Atlantique au moins vingt-sept fois et fit des centaines d’autres voyages sans jamais perdre un navire. [D.H.F]

Après les délires de la rectitude politique, la haine idéologique, le multiculturalisme, le postmodernisme, le relativisme historique et les manifestations les plus extrêmes du cynisme universitaire, les historiens aujourd’hui redécouvrent les fondements de leur discipline avec une foi nouvelle dans les possibilités du savoir historique, et ce, avec des résultats surprenants. [D.H.F]

Samuel de Champlain sut maintenir des relations étroites avec de nombreuses nations indiennes tandis qu’il fondait des colonies européennes permanentes dans le Nouveau Monde. Il vécut parmi les Indiens et passa une bonne partie de son temps avec eux, tout en contribuant à l’essor de trois populations et cultures francophones : les Québécois, les Acadiens et les Métis. [D.H.F]