Aucun message portant le libellé musique. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé musique. Afficher tous les messages

mercredi 28 décembre 2022

De préférence la nuit - Stanley Péan

Qu'est-ce que cette chose appelée jazz ?   

Je ne suis pas sûr que ce soit vraiment à cette question que répondent ces textes de Stanley Péan, à moins que ce ne soit de façon détournée et peut-être plus parlante, en nous faisant sentir l'époque, la société dans la marge de laquelle fourmillaient des orchestres naissants, des interprètes inspirés et des musiciens enflammés. Stanley Péan adopte un ton personnel pour nous faire vivre des parcours hors du commun, notamment ceux de Clifford Brown­­­, de Art Blakey, de Lee Morgan, ou encore Miles Davis, des parcours qui s'expriment dans un contexte de lutte pour les droits civiques des Afro-américains, des parcours qui se sont inscrits de diverses façons dans l'histoire culturelle, que ce soit au cinéma ou en littérature. Stanley Péan rapporte dans ces quelques récits ces magnifiques croisements et interfaces entre l'histoire du jazz, l'évolution de la société et celle de la culture. Voilà donc une lecture qui s'écoute, même si parfois elle peut paraître réservée aux connaisseurs, il faut se laisser secouer par le hard bop revendicateur qui propulsait une nouvelle voix au devant de la scène.

Et pour citer le pianiste Thelonious Monk, à qui l'on doit une centaine de compositions majeures du répertoire moderne, il faut, au moment d'entamer un chorus, avant de jouer la moindre note, s'assurer que celle-ci est véritablement préférable au silence. [S.P.]

________

Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Péan

Stanley

Crépusculaires

25/06/2023

Péan

Stanley

Jazzman 

19/09/2010

 

dimanche 22 août 2021

Les suites pour violoncelle seul, En quête d’un chef-d’œuvre baroque - Eric Siblin

Les premières mesures se déploient avec la puissance narrative d’un maître de l’improvisation. [E.S.]

Eric Siblin est un journaliste anglophone de Montréal. Spécialisé dans la critique de concerts rock et pop, il assiste, en raison de circonstances fortuites, à un concert où les Suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach sont présentées. Une illumination se produit. il est séduit et une quête va s’amorcer pour comprendre et s’instruire de l’origine de cette oeuvre magistrale.

Sa démarche le mène à Bach, évidemment, mais aussi au violoncelliste Pablo Casals qui aura redécouvert les Suites alors qu’elles n’étaient connues que de quelques-uns comme des exercices ou des études. C’est Casals, en effet, qui, au début du vingtième siècle, aura fait connaître ce chef-d’oeuvre au public en y dégageant toute la charge émotive qu’elles recelaient.  

L’ouvrage de Siblin est construit sur le modèle des six Suites dont les mouvements attribuent des titres aux chapitres. On passera ainsi d’éléments de la biographie de Jean-Sébastien Bach à des éléments du parcours de Pablo Casals en y faisant ressortir l’histoire des Suites pour violoncelle seul. L’auteur se permettra également de raconter sa propre démarche et son enquête. Au cours des pages, Siblin avance quelques hypothèses et s’engage dans de nombreux détails qui demeureront difficiles à valider. Évidemment, à la lecture, on ressent un important besoin d’écouter les Suites et elles accompagneront très bien la lecture. Toutefois, ce n’est pas dans ce livre qu’on trouvera un guide d’écoute qui permettrait à notre oreille de mieux apprécier toute la richesse de l’oeuvre. Ce qui est dit des Suites au plan musical est relativement convenu. J’aurais espéré plus. Malgré cela, le fait d’être sensibilisé à l’histoire des Suites pour violoncelle seul en affecte mon écoute et cela constitue un impact positif de cette lecture.

« Comment pourrait-on penser que Bach est « froid » alors que ces suites semblent scintiller de la poésie la plus brillante, disait Casals. À mesure que j’avançais dans leur étude, je découvrais un nouveau monde d’espace et de beauté […], les sentiments que j’éprouvais comptent au nombre des plus purs et des plus intenses de ma vie d’artiste! » [Pablo Casals cité par E.S] 

[…] qu’en est-il du superbe passage, approximativement vingt secondes après le début de la gigue de cette troisième suite, qui sonne comme un riff sous les doigts d’un guitariste rock? C’est une phrase audacieuse, tournoyante, qui ne serait pas déplacée sur une Gibson Les Paul maniée, disons, par Jimmy Page de Led Zeppelin. Le public de Bach, deux siècles avant l’invention de la guitare électrique, ne pouvait pas entendre ces notes de la même façon, même de loin. [E.S.]

mercredi 8 avril 2020

Trois réveils - Catherine Perrin

Antoine ouvre les yeux dans le noir. Demeure parfaitement immobile, mais passe, en une fraction de seconde, de l'inconscience du sommeil à une vigilance aiguë. [C.P.] 
Catherine Perrin, claveciniste, animatrice à la radio et auteure, nous livre ici un roman sur les rapports ambigus, côté lumière et côté ombre, qu'un hautboïste entretient avec la musique. Antoine, que la musique interpelle, entrera au Conservatoire, ce laboratoire musical. C'est là qu'il découvre le hautbois et la sensualité des sons, c'est là aussi qu'il est confronté à ses démons intérieurs, à la pression, à l'inéluctable performance, au succès obligé. À travers des relations difficiles et un parcours sinueux semé de troubles bipolaires, c'est par la musique qu'Antoine s'avance, même si c'est sous une lyre dans un couloir occupé du métro de Montréal à faire danser au son de son instrument un serpent ou une poupée de chiffon. Ce roman, je ne l'ai pas reçu comme l'étalement d'un parcours organisé, mais plutôt tel un ensemble de tranches de vie toutes teintées de la musique qui émane de ses pages.
Les musiciens ont la chance de pouvoir s’aborder en disant, comme des enfants: « Veux-tu jouer avec moi? » [C.P.]
Il se sent chez lui près des anticonformistes qui ignorent l’être, occupés à composer chaque jour avec eux-mêmes et la survie. [C.P.]
Il voit se jouer sur cette affiche [...] l’histoire absurde et dévastatrice d’un jeune artiste qui perd toute confiance, simplement en mesurant qu’il n’est pas un génie. [C.P.]

Appréciation : 4/5 

lundi 24 juin 2019

Les parapluies d'Érik Satie - Stéphanie Kalfon

On n’envie jamais les gens tristes. On les remarque. [S.K.]
J’étais curieux de lire ce premier roman de l’auteure Stéphanie Kalfon, les critiques lues m’avaient tenté. L’aspect musical de son écriture m’intriguait. Et puis, j’ai été séduit. Lu en bonne partie en ayant aux oreilles diverses interprétations des oeuvres connues ou moins connues de Satie, j’ai en effet pu apprécier l’incursion de la forme musicale dans l’oeuvre écrite, comme Satie insérait lui-même des images littéraires dans ses annotations d’interprétation.

Stéphanie Kalfon m’a fourni la meilleure description de son oeuvre alors qu’elle voulait évoquer la dernière chambre de Satie et l’état dans lequel ses amis l’ont découverte :
Les coulisses d’un homme libre et musical, né pour créer et non pour vivre. [S.K.] 
Voici une oeuvre d’une grande sensibilité qui, à la manière des pièces de Satie, fait vibrer des cordes qu’on ne soupçonnait pas, nous fait découvrir un être énigmatique, hypersensible et éternel enfant. Voilà donc un roman biographique, un hommage qui prend le rythme de la joyeuse mélancolie chère à Satie.
Satie doit choisir entre sa musique ou sa mélancolie. [S.K.] 
Je me dégoûte de plus en plus, car je vois bien que je suis né à mon époque [...] [S.K.] 

vendredi 5 mai 2017

Boussole - Mathias Énard

Nous sommes deux fumeurs d'opium chacun dans son nuage, sans rien voir au-dehors, seuls, sans nous comprendre jamais nous fumons, visages agonisants dans un miroir, nous sommes une image glacée à laquelle le temps donne l'illusion du mouvement, un cristal de neige glissant sur une pelote de givre dont personne ne perçoit la complexité des enchevêtrements [...] [M.E.] 
Voilà une lecture qui m'a fait voyager... dans la littérature, dans le monde musical, vers l'orient et ses mystères, en activant généreusement mes réflexions et mes pensées. Et, ce voyage était porté par une plume hors du commun, avec une verve précise qui engendre des phrases qui évoluent avec la pensée de celui qui la manie, qui nous engage dans cette quête, qui nous bouscule vers l'au-delà, de l'autre côté des frontières dans un orient réel et imaginaire, un orient vécu par ceux qui y sont et rêvé par les orientalistes. Nous prenons part ainsi au voyage de Franz Ritter, ce musicologue viennois, dans sa vie, dans ses pérégrinations, dans ses explorations de spécialiste à l'intérieur de la musique occidentale du XIXe siècle influencée par les saveurs de Turquie, par l'Orient, par l'idée que l'on se faisait de cet univers des fragrances et des épices, dans ses explorations de la chose amoureuse et de l'amitié dans des terres méconnues.
[...] la musique est un beau refuge contre l'imperfection du monde et la déchéance du corps. [M.E.] 
À propos d'une petite valse pour flûte et violoncelle, l'auteur écrit :
La petite valse est une drogue puissante : les cordes chaleureuses du violoncelle enveloppent la flûte, il y a quelque chose de fortement érotique dans ce duo d’instruments qui s’enlacent chacun dans son propre thème, sa propre phrase, comme si l’harmonie était une distance calculée, un lien fort et un espace infranchissable à la fois, une rigidité qui nous soude l’un à l’autre en nous empêchant de nous rapprocher tout à fait. [M.E.]
Si, plus tôt dans l'année, j'ai avoué ne pas avoir été interpellé à sa juste valeur par L'usage du monde de Nicolas Bouvier qui partageait un décor semblable, ici, j'ai été envoûté, enivré par le discours, par le regard mélancolique sur un passé de voyages, de découvertes, de visites de lieux mythiques, Istanbul, Damas, Alep, Téhéran, Palmyre, par une déclaration d'amour de quatre cents pages, par une érudition qui ne m'est pas apparue ostentatoire, mais réelle et partagée avec bonheur. Je me suis laissé porter, béat, par ce pèlerinage inscrit dans une vie et un territoire que je n'aurai probablement jamais la chance de fouler.
Pour qui arrivait de Damas, Alep était exotique ; plus cosmopolite peut-être, plus proche d’Istanbul, arabe, turque, arménienne, kurde, à quelques lieues d’Antioche, patrie des saints et des croisés, entre les cours de l’Oronte et de l’Euphrate. Alep était une ville de pierre, aux interminables dédales de souks couverts débouchant contre le glacis d’une citadelle imprenable, et une cité moderne, de parcs et de jardins, construite autour de la gare, branche sud du Bagdad Bahn, qui mettait Alep à une semaine de Vienne via Istanbul et Konya dès janvier 1913 [...] [M.E.]
Il y aurait peut-être une apostille à rajouter à mon ouvrage, une coda, voire un codicille [...] [M.E.] 
Avait-il ressenti, lui aussi, l’effroi du désert, cette angoisse solitaire qui serre la poitrine dans l’immensité, la grande violence de l’immensité qu’on imagine receler bien des dangers et des douleurs — peines et périls de l’âme et du corps mêlés, la soif, la faim, certes, mais aussi la solitude, l’abandon, le désespoir ;  [...] [M.E.]
Sans l'Orient (ce songe en arabe, en persan et en turc, apatride, qu'on appelle l'Orient) pas de Proust, pas de Recherche du temps perdu [...] [M.E.]
Il y a tout l'univers dans une bibliothèque [...] [M.E.] 
À l’orient de l’Orient on n’échappe pas non plus à la violence conquérante de l’Europe, à ses marchands, ses soldats, ses orientalistes ou ses missionnaires — les orientalistes sont la version, les missionnaires le thème : là où les savants traduisent et importent des savoirs étrangers, les religieux exportent leur foi, apprennent des langues locales pour mieux y rendre intelligibles les Évangiles.  [M.E.]

___________

Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Énard

Mathias

Le Banquet annuel de la Confrérie des fossoyeurs

28/03/2021

Énard

Mathias

Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants

21/04/2019



jeudi 24 février 2011

Deux (ou trois) clips curieux

Dans une première série, on voit un groupe français Hold your horses interpréter 70 Million. La magie réside dans la réinterprétation ludique de quelques oeuvres célèbres du domaine de l'art pictural. Le groupe, le réalisateur et l'équipe technique ont réussi un beau clin d'oeil avec les quatre jours de tournage et les quelque 3 000 euros pour cette production.

Voici donc le résultat :


70 Million de Hold Your Horses !


Et le même clip commenté ici par le réalisateur David Freymond :


Chroniclip #4 -"70 million"(Hold your horses)-David Freymond




Dans un autre ordre d'idée, voici un autre clip. Cette fois-ci, il s'agit du groupe OK Go qui interprète This too shall pass.  Ici, c'est l'invention qui est en première ligne. Dignes amateurs des machines de Rube Goldberg (des machines inutiles donc indispensables qui sacralisent la réaction en chaîne), les 20 ingénieurs de ce vidéo auraient mis six semaines pour construire celle-ci.


"This too shall pass" de Ok go (Musique)





dimanche 19 septembre 2010

Jazzman - Stanley Péan

Ben quoi, écrivain-jazzman amateur, ç'a de la gueule, non?
Demandez à Boris Vian, il vous le dira bien.
(S.P.)
Stanley Péan, anime l'émission Jazz sur Espace Musique depuis plusieurs années. On peut lire son blog sur www.stanleypean.com  . Il écrit, c'est un nouvelliste et un romancier, mais ici, c'est sa relation avec le jazz, son exploration de cette planète qu'il livre en quelques pages. On a droit à une chronique de ses découvertes, au journal parfois anecdotique d'un être qui se meut dans ce monde étrange qu'est le jazz. Chaque set est suivi de suggestions d'écoute, une liste des oeuvres dont il a été question. On y trouve des classiques, mais aussi des plages méconnues. Car, Stanley Péan ne se complait pas dans les oeuvres du passé et considère que le jazz est toujours en évolution, toujours en construction et en recherche. Voilà une approche qui me plait.

____

Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Péan

Stanley

Crépusculaires

25/06/2023

Péan

Stanley

De préférence la nuit

28/12/2022