dimanche 18 juillet 2021

Le banquier anarchiste - Fernando Pessoa


Nous finissions de dîner. En face de moi, mon ami le banquier, commerçant et accapareur notoire, fumait, l'air absent. [F.P.]

Voici un roman qui se présente tel un dialogue où l’ami banquier avance une suite d’argumentaires logiques, comme un enchevêtrement d’énoncés construisant peu à peu un raisonnement rappelant la façon de faire de Dupin dans Double assassinat sur la rue Morgue d’Edgar Allan Poe. Toutefois, les diverses conclusions, les étapes de cet échafaudage de syllogismes, s’empilent et se bousculent pour mener à une chute pour le moins paradoxale. La chute ne surprend pas en elle-même, elle est annoncée dès l’ouverture, c’est la fabrication de l’édifice logique qui constitue le sujet littéraire de ce roman. Mais, au-delà de ce tour de force, Pessoa avance les critiques de son monde. Du même geste, il dénonce la société bourgeoise et le communisme montant. Écrit et publié en 1922, par certains de ses thèmes, Le banquier anarchiste pourrait rappeler Le monde qui pourrait être de Bertrand Russell édité en 1918.

« Au fait : on me disait l'autre jour qu'autrefois, vous aviez été anarchiste...
- Que j'ai été, non : je l'ai été et je le suis toujours. Je n'ai pas changé sur ce point. Je suis anarchiste.»
[F.P.]

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