La ville s'offre à notre regard. [H.M.]Haruki Murakami nous offre ici une tranche de nuit, une tranche de vie dans un Tokio à la fois réel et imaginé, à la fois sombre et lumineux, un clair-obscur où se joue le présent de deux soeurs et de celles et ceux qui tournent autour, de celles et ceux qui apparaissent et disparaissent dans cette nuit se prolongeant jusqu'au blême matin.
Celui qui nous raconte cette nuit, celui qui la décrit, c'est un narrateur impersonnel qui a un point de vue mobile ayant bizarrement conscience de sa propre existence en tant que point de vue.
Cela a été dit, mais nous ne sommes qu'un simple point de vue. Nous sommes dans l'incapacité d'agir sur la situation, quelles que soient les circonstances. [H.M.]
Nous, point de vue acéré et pur, ... [H.M.]Nous sommes dans une oeuvre de Murakami, on retrouve donc les questionnements propres à la jeunesse sur le passé et l'avenir, les interrogations existentielles et l'épreuve des choix.
Le monde avance sans à-coups en suivant son cours. La logique et l'action s'enchaînent sans intervalle. Du moins pour le moment. [H.M.]
Takahashi, lui non plus, ne parvient pas à déterminer clairement de quel côté du monde se situe son centre de gravité. [H.M.]
Tu sais, nos vies ne sont pas découpées simplement en «sombre» et «lumineux». Il y a une zone intermédiaire qui s'appelle «clair-obscur». La saine intelligence consiste à en distinguer les nuances, à les comprendre. [H.M.]Mais Murakami, cela veut aussi dire que le lecteur baigne dans un important environnement musical. Du personnage jeune tromboniste dont les répétitions se font de nuit dans un obscur local jusqu'au fond sonore des bars plus ou moins fréquentés. C'est donc encore une oeuvre de Murakami qu'on prend plaisir à lire autant qu'à écouter.
Ni Mick Jagger ni Eric Clapton ne sont devenus des stars avec un trombone. Est-ce que Jimi Hendrix ou Pete Townshend ont brûlé ou cassé des trombones sur une scène? Non, bien sûr, c'étaient toujours des guitares électriques. Avec un trombone, ç’aurait été ridicule. [H.M.]
Le disque se termine. L'aiguille se relève et le bras retourne sur son support. Le barman va jusqu'à la platine. D'un geste tranquille, il prend le vinyle et le glisse dans sa pochette. Puis en sort un autre, vérifie la surface sous une lampe et le pose sur la platine. Il appuie sur le bouton, l'aiguille descend dans son sillon. Un scratch à peine perceptible. Débute alors «Sophisticated Lady» de Duke Ellington. Avec un solo nonchalant de Harry Carney à la clarinette basse. [H.M.]
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