La nuit ne communique pas avec le jour. [M.É.]S'insérer dans ce poème historique, c'est accepter de s'engager dans un flux de mots, dans une série de vagues sur le Bosphore qu'on voudrait ne pas se terminer, dans une profusion d'images tirées du début du XVIe siècle et d'un contact particulier que Michel-Ange entretint avec la Sublime Porte. Mathias Énard, dont j'avais apprécié la verve et la plume dans Boussole, ne me déçoit pas ici, tout au contraire. J'ai totalement adhéré à cette narration d'une incursion de l'auteur du David en territoire byzantin pour y concevoir un pont sur la Corne D'Or et ainsi répondre à une invitation du sultan de Constantinople, le Grand Turc. Cet épisode historique a-t-il réellement pris cette tournure ou celle-ci n'est-elle pas issue de l'imagination de l'auteur imprégnée de l'atmosphère des Contes des Mille et Une Nuits? La véracité de l'événement importe peu quand on lit les promenades quotidiennes de Michel-Ange avec le secrétaire poète Mesihi de Pristina, quand on sent les carnets dans lesquels Michel-Ange trace des chevaux, des hommes, des éléphants ou la courbe d'une dague, quand on vit avec Michel-Ange l'étrangeté curieuse des sentiments en lieux inconnus. C'est l'atmosphère, c'est le recouvrement de l'éther, c'est le fluide subtil qui se dégage de ce roman qui, par-dessus tout, m'a séduit.
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1 commentaire:
Je l'avais lu pour la littérature au lycée et je me rappelle avoir eu du mal à accrocher. L'écriture est très poétique, c'est vrai, tout comme l'histoire mais certains passages m'ont lassée et d'autres m'ont laissée perplexe à certains moments... Mais un très beau roman, c'est vrai !
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