lundi 30 septembre 2019

Les vies de papier - Rabih Alameddine


On pourrait dire que je pensais à autre chose quand je me suis retrouvée avec les cheveux bleus après mon shampoing, et les deux verres de vin n'ont pas aidé à ma concentration. [R.A.]
Que j'ai aimé partager le quotidien et les histoires de cette dame, Aaliya, à la chevelure bizarrement bleue! J'ai apprécié la suivre dans les dédales beyrouthins de son récit de vie, parmi les étagères de la librairie qui l'a accueillie, dans les escaliers de sa maison à appartements où se réunissent parfois des voisines et des sorcières, ou encore dans les pièces redéfinies de son logement où elle camoufle les résultats de ses travaux clandestins de traduction de grandes oeuvres littéraires selon un surprenant modus operandi. Combien j'ai gouté parcourir les sentiers qu'ouvrait Aaliya dans ses multiples digressions pour s'aventurer dans des univers liés à la littérature, à l'histoire de la ville, à la guerre, au temps qui file, à la vieillesse ou à la solitude! On doit reconnaître le don de l'auteur, Rabih Alameddine, pour s'insérer si bien dans la tête d'une vieille dame qu'on oublie totalement que le livre qu'on tient dans nos mains est l'oeuvre d'un homme.
Une plaisanterie circulait quand j'étais petite, et elle a encore sans doute cours aujourd'hui: quelle est la définition des droites parallèles dans les livres de géométrie d'Arabie Saoudite? Deux lignes droites qui ne se croisent jamais, sauf si Dieu dans toute Sa gloire le veut. [R.A.]
[...] la plupart d'entre nous pensons que nous sommes ce que nous sommes en raison des décisions que nous avons prises, en raison des événements qui nous ont façonnés, des choix de ceux de notre entourage. Nous considérons rarement que nous sommes aussi façonnés par les décisions que nous n'avons pas prises, par les événements qui auraient pu avoir lieu mais n'ont pas eu lieu, ou par les choix que nous n'avons pas faits, d'ailleurs.  [R.A.]
Tolstoï, Gogol et Hamsun ; Calvino, Borges, Schulz, Nadas, Nooteboom ; Kis, Karasu et Kafka ; des livres du souvenir, d'intranquillité, mais pas du rire et de l'oubli. Des années de livres, des livres où coulent les ans. Du temps perdu, une vie perdue.  [R.A.]
Des livres partout, des piles et des piles, des rayonnages, des caisses de livres, des tas les uns sur les autres, moi dans un fauteuil vieillot qui n'a pas été rembourré depuis que je l'ai acheté, au début des années soixante. [R.A.]
Je me cale dans le fauteuil de lecture, je remonte mes jambes. En route pour un long et voluptueux voyage. [R.A.]

Aucun commentaire: