lundi 24 juin 2019

Les parapluies d'Érik Satie - Stéphanie Kalfon

On n’envie jamais les gens tristes. On les remarque. [S.K.]
J’étais curieux de lire ce premier roman de l’auteure Stéphanie Kalfon, les critiques lues m’avaient tenté. L’aspect musical de son écriture m’intriguait. Et puis, j’ai été séduit. Lu en bonne partie en ayant aux oreilles diverses interprétations des oeuvres connues ou moins connues de Satie, j’ai en effet pu apprécier l’incursion de la forme musicale dans l’oeuvre écrite, comme Satie insérait lui-même des images littéraires dans ses annotations d’interprétation.

Stéphanie Kalfon m’a fourni la meilleure description de son oeuvre alors qu’elle voulait évoquer la dernière chambre de Satie et l’état dans lequel ses amis l’ont découverte :
Les coulisses d’un homme libre et musical, né pour créer et non pour vivre. [S.K.] 
Voici une oeuvre d’une grande sensibilité qui, à la manière des pièces de Satie, fait vibrer des cordes qu’on ne soupçonnait pas, nous fait découvrir un être énigmatique, hypersensible et éternel enfant. Voilà donc un roman biographique, un hommage qui prend le rythme de la joyeuse mélancolie chère à Satie.
Satie doit choisir entre sa musique ou sa mélancolie. [S.K.] 
Je me dégoûte de plus en plus, car je vois bien que je suis né à mon époque [...] [S.K.] 

dimanche 16 juin 2019

L'oeuvre du Grand Lièvre filou - Serge Bouchard



À l'origine des temps, le Lièvre Filou a créé la Terre en courant un peu partout sur une île minuscule perdue à la surface de l'océan universel.
[S.B.]
L'anthropologue, commentateur de la société, chroniqueur du monde, instigateur de réflexions, conteur, chercheur de sens, inspirateur, observateur, guide dans les méandres de l'histoire de l'américanité et de la nordicité, Serge Bouchard, de sa plume aiguisée comme de sa singulière verve, a regroupé ici un ensemble de chroniques parues dans le magazine Québec Science. Voilà d'admirables commentaires qui constituent le résultat de cinquante années de voyages sur les chemins de terre comme ceux d'asphalte au travers l'étendue qui paraît sans limites du territoire créé par le Grand Lièvre filou. Architecture, développement de territoire, toponymie, histoire et géographie, critique, nature, cours d'eau et espace, Serge Bouchard s'intéresse à notre façon d'habiter le monde et met simplement de l'avant le respect et la mémoire qu'on doit à la nature et à l'environnement. Voilà un ensemble de textes qui suscite de façon remarquable la curiosité et la réflexion.

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Bouchard

Serge

Elles ont fait l’Amérique. De remarquables oubliés, tome 1 

30/06/2016

Bouchard

Serge

Un café avec Marie

30/12/2022


mercredi 5 juin 2019

L'arche de Socrate, Petit bestiaire philosophique - Normand Baillargeon

Ce petit bestiaire réunit quelques-uns parmi les plus notables des animaux qui peuplent la pensée et l'imagination des philosophes. [N.B.]
J'avais, il y a quelques années, entr'aperçu l'édition bruxelloise de ce petit bestiaire. J'avais été intrigué, mais je ne sais pourquoi, je ne me l'étais pas procuré. Puis, récemment, lors d'une entrevue radiophonique ou au moment de l'une de ses chroniques, j'entends l'auteur (qui a à son actif de multiples ouvrages) affirmer qu'il s'agit là d'une oeuvre dont il est particulièrement fier. La nouvelle parution d'une édition québécoise m'a donné enfin l'occasion de m'y plonger. Dans L'arche de Socrate, on parcourt les allées agréables et sinueuses d'un jardin zoologique et philosophique en découvrant, page après page, diverses utilisations métaphoriques, analogiques, allégoriques d'êtres de la gent animale, et tout cela à l'intérieur même du discours des penseurs, philosophes et scientifiques. Cela est ni plus ni moins qu'une porte d'entrée vers des questions philosophiques qui sont toujours d'actualité, vers des débats d'idées et des expériences de pensée qui demeurent d'une pertinence assumée. Le format, chouette et ludique, permet de revisiter ainsi quelques incursions animales connues, mais également de découvrir une variété insoupçonnée du bestiaire philosophique. Voici un ouvrage qui permet dans un agréable cadre de s'initier à quelques manifestations des échanges philosophiques à travers le temps et les cultures.
[…] je veux qu’on sache qu’aucun animal n’a été maltraité dans l’écriture de ce livre et que chacun de ceux qui sont évoqués ici a reçu tout le respect qui lui est dû. [N.B.]
Normand Baillargeon cite Bernard Suits qui répond à Wittgenstein pour trouver une définition du jeu. Ce sera : jouer à un jeu, c’est fournir "des efforts délibérés pour surmonter des obstacles arbitraires". Cela m'a rappelé la définition donnée par Queneau de l’auteur oulipien qui serait “un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir". 
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Sur Rives et dérives, on trouve également :

Baillargeon
Normand
Heureux sans dieu 
Baillargeon
Normand
Légendes pédagogiques : l’autodéfense intellectuelle en éducation 
Baillargeon
Normand
Liliane est au lycée 

mercredi 29 mai 2019

Homo Deus : Une brève histoire de l'avenir - Yuval Noah Harari

À l'aube du troisième millénaire, l'humanité se réveille et s'étire, elle se frotte les yeux, l'esprit traversé par quelque affreux cauchemar revenant par bribes. [Y.N.H.]
Après Sapiens, l'historien Yuval Noah Harari récidive. Il nous offre une nouvelle fois une synthèse globalisante de l'histoire de l'humanité, globalisante au point qu'à certains égards, elle semble foncièrement réductrice. Cette fois, c'est en jetant un oeil vers l'avenir qu'il déploie son analyse du passé. Il ne faut pas faire, à mon avis, l'erreur de lire Harari comme si son oeuvre était de l'ordre d'une thèse définitive et indiscutable livrée par un prophète. On trouve, chez Harari, des raccourcis séducteurs, de charmeuses ellipses, mais les idées qu'il met de l'avant, les théories qu'il défend ont l'avantage d'être bien amenées, d'être décrites avec soin et de provoquer la réflexion dans des sphères qu'on avait peine à saisir, à imaginer, donc à discuter. Envisageons donc Homo Deus tel une contribution à la cogitation collective nécessaire sur le monde, son histoire et son avenir.
Les historiens n'étudient pas l'histoire pour la répéter, mais pour s'en libérer. [Y.N.H.]
De même, dans bien des pays à travers le monde, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, les témoins, à la cour, posent une main sur une Bible en jurant de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Il est paradoxal qu'ils jurent de dire la vérité sur un livre débordant de fictions, de mythes et d'erreurs. [Y.N.H.]
La plus grande découverte scientifique a été la découverte de l'ignorance. Du jour où les hommes ont compris à quel point ils en savaient peu sur le monde, ils ont eu soudain une excellente raison de rechercher des connaissances nouvelles, ce qui a ouvert la voie scientifique du progrès. [Y.N.H.] 
Dieu est mort : c'est juste qu'il faut du temps pour se débarrasser du corps.  [Y.N.H.]
[...] dans le désert du Kalahari, selon la blague, une bande typique de chasseurs-cueilleurs est constituée de vingt chasseurs, vingt cueilleurs et cinquante anthropologues. [Y.N.H.]

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Sur Rives et dérives, on trouve :

Harari

Yuval Noah

Sapiens, a graphic History, The Birth of humankind

09/07/2021

Harari

Yuval Noah

Sapiens, une brève histoire de l’humanité 

05/08/2016

dimanche 26 mai 2019

Le Meurtre du Commandeur - Haruki Murakami

Aujourd'hui, lorsque je me suis éveillé après une courte sieste, « l'homme sans visage » se tenait devant moi. [H.M.]
C'est à un voyage que nous convie Murakami. Pour moi, la lecture d'une oeuvre de Murakami correspond toujours à un périple, une expédition dans une contrée qui se trouve à une frontière floue entre le réel et l'imaginaire, entre le tangible et le fabuleux. Dans Le Meurtre du Commandeur, c'est dans une toile que nous nous insérons, dans une toile, mais aussi dans l'imaginaire de celui qui l'a conçue de même que dans l'esprit de celui qui l'a découvert et en a laissé s'extirper des personnages au son de l'opéra Don Giovanni de Wolgang Amadeus Mozart.

Le narrateur, portraitiste, en errance depuis sa récente séparation, tente un retour à la création en s'établissant dans ce qui fut l'antre d'un peintre de renom, père d'un collègue de formation. Dans ce lieu retiré, des personnages colorés s'imposeront et une faille s'ouvrira pour y découvrir l'étrange, le mystérieux, le fantastique. C'est ce narrateur qui est le protagoniste du roman et ce sont les démons de la création artistique qui sont exposés ici en léger décalage entre le Japon et l'occident, au milieu des quelques demeures qui se partagent une vallée, entre les mythes et les réalités, au travers les quelques portraits qui sont ébauchés ou amorcés jusqu'à ce qu'une idée apparaisse ou qu'une métaphore s'évapore.

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi ;

Murakami

Haruki

1Q84 

31/07/2015

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Haruki

Kafka sur le rivage

07/11/2016

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Haruki

La ballade de l’impossible

29/01/2018

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La course au mouton sauvage

28/09/2022

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Le passage de la nuit

07/02/2017

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L’éléphant s’évapore

27/07/2017

Murakami

Haruki

Les amants du Spoutnik

27/11/2019

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Haruki

L’étrange bibliothèque

21/10/2016