À cette époque, le champion du monde d'échecs s'appelait Alexandre Alexandrovitch Alekhine et il avait la coquetterie de ne pas vouloir porter de lunettes en dehors du jeu. [A.L.]
Je ne connaissais ni Alekhine ni Larrue, mais l'idée de ce roman tournant autour de la vie d'un champion d'échecs russe naturalisé français qui aura maintenu son titre avant et après la Seconde Guerre mondiale, qui aura été le premier champion du monde à reconquérir son titre et le seul à mourir alors qu'il le détenait, m'intriguait. J'ai trouvé là une intéressante histoire qui s'entretissait allègrement avec les chambardements du monde, avec l'absurdité de la guerre et les déclarations contradictoires qu'elle suscite. L'écriture est fluide, bien que le style et le registre employés par l'auteur semblent varier de chapitre en chapitre, ce qui m'a parfois déstabilisé. Dans l'ensemble, toutefois, j'aurai eu du plaisir à lire ce roman inspiré de ce personnage sombre et ambigu qu'aura été Alexandre Alexandrovitch Alekhine.
Alekhine ne semblait admettre aucune différence entre les guerres napoléoniennes qui avaient redessiné l'Europe et ses combats sur l'échiquier. Quand Alekhine parlait, Lupi avait l'impression que le jeu comptait autant que l'histoire réelle. L'influence dont Alekhine se sentait doté dépassait l'échiquier et le seul enjeu des tournois. Elle agissait directement sur le monde et sur les hommes. Par l'effet d'une sorte de confusion ancrée dans son esprit, les échecs n'étaient plus la métaphore d'une bataille, mais la bataille elle-même. [A.L.]
Staline tenait à jour des listes d'hommes à abattre, dressait des listes de bourreaux pour les abattre, puis des listes de bourreaux pour abattre les bourreaux, et ainsi de suite... [A.L.]
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