dimanche 13 novembre 2022

Voyage au bout de la nuit - Louis-Ferdinand Céline

Ça a débuté comme ça. [C.]

Un choc, que cette lecture !  Je n'avais pas lu ce classique du XXe siècle bien qu'il apparût dans ma liste de livres à lire depuis plusieurs années. Je ne sais ce qui me faisait hésiter. La découverte lors de ma lecture de ce style particulier qui intègre de façon très coulante le langage parlé m'a marqué. Je comprends que cette écriture peut, à l'époque, avoir bouleversé les façons de faire autant chez les lecteurs que chez les écrivains. Céline s'adresse au lecteur comme l'aurait fait le narrateur Ferdinand Bardamu s'il s'était tenu devant nous. Roman autant politique que personnel, il raconte le parcours du narrateur, de son expérience lors de la Première Guerre mondiale à son contact avec le colonialisme en Afrique, sa fuite vers l'Amérique et les machines du capitalisme naissant, puis son retour en France et son expérience de médecin des pauvres en banlieue parisienne. C'est un roman qui a, sans contredit, des saveurs anarchistes, un roman qui conteste, qui s'élève contre l'absurdité du monde, contre la guerre, contre l'exploitation coloniale, contre le colonialisme intérieur qu'est le capitalisme. Voilà un roman qui constate, mais n'avance pas de réponses et, en ce sens, il peut apparaître comme désespéré.

Il contient un nombre incroyable d'extraits que j'aurais aimé placer ici en citations.

[...] l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches. [C.]

Dans ce métier d'être tué, faut pas être difficile, faut faire comme si la vie continuait, c'est ça le plus dur, ce mensonge. [C.]

On est retournés dans la guerre. Et puis il s'est passé des choses et encore des choses, qu'il est pas facile de raconter à présent, à cause que ceux d'aujourd'hui ne les comprendraient déjà plus. [C.]

Je me postai devant la grande vitre de la génératrice centrale, cette géante multiforme qui rugit en pompant et en refoulant je ne sais d’où, je ne sais quoi, par mille tuyaux luisants, intriqués et vicieux comme des lianes. [C.]

Le véritable savant met vingt bonnes années en moyenne à effectuer la grande découverte, celle qui consiste à se convaincre que le délire des uns ne fait pas du tout le bonheur des autres et que chacun ici-bas se trouve indisposé par la marotte du voisin. [C.] 

Comme malades c’était plutôt des gens de la zone que j’avais, de cette espèce de village qui n’arrive jamais à se dégager tout à fait de la boue, coincé dans les ordures et bordé de sentiers où les petites filles trop éveillées et morveuses, le long des palissades, fuient l’école pour attraper d’un satyre à l’autre vingt sous, des frites et la blennorragie. [C.]

Puisque nous sommes que des enclos de tripes tièdes et mal pourries nous aurons toujours du mal avec le sentiment. [C.] 

La vie c’est ça, un bout de lumière qui finit dans la nuit. [C.] 

« Écoute ! qu’il a commencé.
– Je t’écoute, que j’ai répondu. »
[C.]

 

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