Henri Mouquin d’Handrax (1896-1960) : peintre mineur, oublié de nos jours. Je m’en suis entiché par hasard, après avoir acheté une toile de lui chez un antiquaire, pour une bouchée de pain. [B.Q.]
Bernard Quiriny nous entraîne ici dans l'univers hétéroclite d'un personnage exceptionnel. Le narrateur était venu, dans un petit musée régional, à la rencontre d'œuvres d'un peintre mineur qu'il apprécie, Henri Mouquin d'Handrax. Voilà l'occasion de faire la connaissance de son petit-neveu Archibald, l'actuel baron d'Handrax, un aristocrate qu'il serait convenu de qualifier de fantasque, fantaisiste, changeant, mais toujours extravagant. L'auteur nous offre comme dans un cabinet de curiosités de petites fenêtres ou de minuscules portes s'ouvrant sur de multiples aspects d'une vie qu'il serait euphémique de dire qu'elle est hors du commun.
On a droit à une visite du manoir, de ses pièces à fonction particulière, comme celle du train électrique ou encore celle qui, plongée dans le noir, nous permet de découvrir de nouvelles sensations tactiles en tâtant de mystérieuses matières. On est instruit des collections du baron. On prend connaissance des deux familles qu'il a fondées en les installant dans des ailes opposées de l'habitation. On aurait aimé assister à l'un des dîners de sosies qu'organise Archibald. Le baron, en effet, invite à des soirées spéciales celles et ceux qu'ils croisent lorsqu'ils paraissent avoir les traits de personnages historiques d'importance (Nietzsche, Mme Récamier, Nikola Tesla, George Sand et Churchill, par exemple, ont ainsi partagé un repas chez d'Handrax).
Voilà une pseudobiographie qui, écrite dans un style tout à fait classique et admirable, nous expulse du quotidien pour nous projeter dans un espace de fiction étrange, burlesque et drolatique. J'en reprendrais assurément.
– Hélas, mon cher. Hélas. – Oui ? – Vous ne ressemblez qu’à vous-même. [B.Q.]
On s’y sentait délicieusement bien, comme dans le jardin d’un vieux presbytère – le Baron en y pénétrant ne manquait jamais de déclamer les vers célèbres de Gaston Leroux : Le presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat. [B.Q.]
« C’est un art difficile, le livre d’aphorismes. Il faut qu’ils soient bons ; mais en même temps, il faut que certains soient en fait assez plats, pour que les meilleurs prennent du relief par contraste. Alors, paradoxalement, vous aurez dans les mains un meilleur recueil que si tous avaient culminé, car aucun ne serait ressorti, et le livre aurait paru moins bon. » [B.Q.]
Notre existence terrestre est une lutte quotidienne entre le sommeil et la vie. [B.Q.]
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