samedi 25 avril 2020

Les choses humaines - Karine Tuil

La déflagration extrême, la combustion définitive, c'était le sexe, rien d'autre - fin de la mystification [...]. [K.T.]
Les temps d'aujourd'hui étant ce qu'ils sont, la société ayant attaqué à son corps défendant la question des rapports humains, les débats ayant cours sur la définition de l'agression, sur le consentement, sur le viol, Karine Tuil, en observatrice des lieux de pouvoir et du cadre sociétal dans lequel il s'exerce, nous invite à une réflexion qui n'aura pas de conclusion définitive.

Les premières pages du livre nous déconcertent. On y introduit de nombreux personnages et on ne saisit pas tout de suite les relations qui les unissent. Mais, on comprendra, par la suite, toute l'importance d'avoir élaboré et mis en place cette machinerie, car c'est sa connaissance qui nous permettra de participer comme lecteur/acteur au débat et au procès qui suivra.

On a donc un monde parfait qui tourne autour du maître (en déclin) de la scène médiatique parisienne, un être peu sympathique, imbu de lui-même vivant une double vie et cherchant toutes les occasions de multiplier les aventures. Il y a ses conjointes, celle d'antan, celle qui est officielle et celle du moment. Il y a son fils, jeune entreprenant de son époque, engagé dans des études à l'Université de Stanford. Et puis, tout tourne, le château s'écroule, ce fils, de bonne famille comme on dirait, est accusé de viol. Un viol dont la victime serait la fille de l'actuel conjoint de l'épouse officielle. On est entraîné dans les dédales des interrogatoires et du procès et on ne peut que se questionner, qu'interroger notre éthique, que plonger dans nos valeurs, arriver à une première conclusion, puis refaire un tour de réflexions, interpeler à nouveau nos perceptions, notre façon de voir les choses et remettre tout notre échafaudage en questionnement. Les choses humaines ne présente pas un cadre dogmatique, c'est un roman qui porte à réfléchir sur la perception qu'on peut avoir du pouvoir et des rapports humains sous toutes leurs formes.
Le livre de chevet d'Adam, c'était La Disparition de Georges Perec. [...] Il était convaincu que la contrainte de Perec - écrire en renonçant à l'emploi du " e " - trahissait inconsciemment la possibilité, toujours présente pour les juifs, de leur propre disparition. [K.T.]
[...] désormais, le bonheur ne s'obtenait plus que sur ordonnance. [K.T.] 
[...] avec l'âge, il était devenu maniaque, anxieux et hypocondriaque, obnubilé par l'hygiène et la peur d'être contaminé par un virus qui l'affaiblirait.  [K.T.] 
Son médecin lui avait dit lors d'une consultation qu'il devait éviter les sports violents pour ne pas se blesser - avec l'âge, les plaies cicatrisaient moins vite. C'était vrai aussi, hélas, des plaies du coeur. [K.T.] 
Appréciation : 4/5

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