dimanche 12 avril 2009

Ces nombres qui n'existent pas - Barry Mazur


Rappelez-vous le Penseur de Rodin, ramassé dans son effort mental.

Le titre original était Imagining Numbers. Cela m'apparait plus pertinent. En effet, le sujet de cet ouvrage hybride est l'imagination et les nombres imaginaires et complexes, ceux qui se construisent à l'aide de l'impossible √-1.

L'auteur a fait le choix, discutable, de passer d'un thème à l'autre et de faire de chaque chapitre une rupture. On passe ainsi de l'image derrière le texte «le jaune de la tulipe» à certaines considérations historiques de la naissance du nombre complexe et de sa représentation.

Je ne fais peut-être pas partie du public cible de cet ouvrage, mais j'ai de la difficulté à le définir.

samedi 11 avril 2009

The Street, by Mordecai Richler

Comme certains d'entre vous le savent peut-être, je n'ai jamais autant lu en anglais que depuis que je suis en France. En partie pour ne pas oublier un élément que j'adore de Montréal, sa bilingualité. Et aussi parce j'ai la chance d'être fourni en matière première par la plus grande anglophile de Bordeaux (Françoise). Et pendant notre (court) séjour à Montréal, j'avais envie d'un petit pont vers cette autre culture qui fait aussi partie de moi. J'ai donc ramené The Street, dont l'auteur n'a plus besoin d'être présenté, et j'ai été délicieusement surpris par son contenu : une description pleine d'humour du ghetto juif du Mile-End dans les années 40, vu de l'intérieur, faite de petites histoires nostalgiques, de drames adolescents et d'auto-dérision.

Et ça éclaire pour moi les relations entre les communautés anglo, franco et juive de cette époque, quand un garçon, fan de Maurice Richard, explique que "if the Montreal Canadiens won the Stanley Cup it would infuriate the WASPs in Toronto, and as long as the English and French were going at each other they left us alone: ergo, it was good for the Jews if the Canadiens won the Stanley Cup." Et les stéréotypes croisés sur le pea-soup, un moron mâcheux de gomme, et sur le juif de St-Urbain, qui contrôle le marché noir et qui est secrètement riche comme crésus, sont méchants et délicieux, alors qu'au fond, explique Mordecai à propos de ses ennemis les French Canadians, "like us, they were poor and coarse with large families and spoke English badly."

vendredi 10 avril 2009

La charge de l'orignal épormyable - Claude Gauvreau


C'est effectivement toute une charge théâtrale. Ce texte, écrit en 1956 et présenté pour la première fois en 1972, surprend par sa modernité. Mycroft Mixeudeim, le protagoniste, une représentation de Claude Gauvreau, est aux prises avec la société, avec l'incompréhension de la société, avec la violence psychologique et physique de la société. C'est la crainte que cette violence vienne toucher ceux et celles qu'il aime qui le fait charger des portes fermées à double tour à la manière de cet orignal symbolique.

La violence, qui atteint un paroxysme surprenant, accompagne un flot de paroles qui se veut libérateur, qui veut se défaire du Québec de la grande noirceur, du Québec d'avant Le Refus Global dont Gauvreau aura été l'un des signataires.

La pièce était présentée en avril 2009 au Théâtre du Nouveau Monde. On a pu apprécié la scénographie efficace, la musique de Walter Boudreau qui venait accompagner de près le jeu et l'intensité dramatique de la prestation de François Papineau.

dimanche 5 avril 2009

La logeuse, roman tragique - Éric Dupont



Sur l'estran désert, errent une mère et sa fille parmi les cris stridents des mouettes et les algues flasques. (E.D.)


Ce roman se termine sur une phrase qui parle de l'auteur : Un jour, il faut bien apprendre à compter [à conter]. Éric Dupont sait conter. Il l'a démontré l'été dernier avec ses énigmes littéraires publiées dans Le Devoir. Il le fait sentir de façon encore plus aigüe dans ce roman gaspésien qui se déroule presqu'entièrement à Montréal, dans ce roman réaliste où le fantastique tient le haut du pavé, dans cette tragédie romanesque qui aurait pu s'intituler «Chercher le vent» si Guillaume Vigneault était né quelques années plus tard. Ce roman à tendance marxiste où les Arrière-petites-filles de Lénine se dévoilent à qui mieux-mieux nous laisse sur l'espoir de lire d'autres écrits de ce gaspésien, montréalais d'adoption.

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À propos de Dupont, sur Rives et dérives, on trouve aussi :


Dupont
Éric
La fiancée américaine 
Dupont
Éric
La route du lilas