J’aime cette femme qui court, affolée comme les poules sans tête de son enfance; j’aime ses parents, estropiés par l’usine ou les instruments du sol; j’aime sa famille assise autour de la table, emplissant les bancs jusqu’à déborder, jusqu’à couler entre les lattes du plancher.
De Patrick Nicol, je n’ai lu que récemment J‘étais juste à côté. J’ai été happé par son écriture et me suis bien promis de replonger dans l’un ou l’autre de ses écrits. Le hasard m’a fait croiser La nageuse au milieu du lac au détour d’une librairie de livres usagés. La décision fut rapidement prise et me voilà, de nouveau, en contact avec la plume de Nicol et je suis le parcours surprenant de sa pensée entre l’empathie et la critique sociale, entre l’expérience actuelle et la mémoire ranimée. La forme peut dérouter dans un premier temps, mais on accepte rapidement que La nageuse au milieu du lac se situe quelque part entre le roman et le recueil de textes, un magnifique collage où le fil rouge est constitué du rapport qu’entretient le narrateur, un enseignant de cégep, avec sa mère, qui, âgée de 80 ans, souffre de démence. Entre mémoire et souvenirs, entre enfance oubliée et vieillesse obligée, Patrick Nicol libère des moments de tendresse et nous offre ainsi un admirable ouvrage.
Dans un silence de Satie, on ne sait jamais quand la prochaine note tombera, ni laquelle ce sera. Malgré tous nos savoirs, et peut-être un peu à cause d’eux, nous l’attendons là où elle n’arrivera pas. Nous pensons compléter en esprit les phrases musicales, mais nous nous trompons. La note attendue arrive toujours à côté, plus haut, plus bas, en retard ou en avance. On dirait que l’artiste se moque de nous; je préfère croire qu’il nous taquine, et que ce jeu n’est possible, justement, que parce que l’auditeur a une certaine expérience de la musique.
_________
Sur Rives et dérives, on trouve aussi :
Nicol | Patrick | J’étais juste à côté |
Aucun commentaire:
Publier un commentaire