mardi 6 septembre 2011

La mort, entre autres - Philip Kerr

Je me souviens du temps qu'il faisait, en ce mois de septembre. [P.K.]
Philip Kerr et Bernhard Gunther remettent ça. Nous sommes en 1949 et l'essentiel se passe entre Munich, Vienne et un village des Alpes à la frontière entre l'Allemagne et l'Autriche. C'est la Trilogie berlinoise qui se poursuit. On est dans l'après-guerre lorsque les Américains et les Russes occupent encore le territoire allemand, dans un moment où la recherche des criminels nazis occupe une place prépondérante. Gunther, ancien policier, ex-SS, reprend son service de détective privé. Il sera mêlé, par ses enquêtes, à des réseaux de camarades qui cherchent à quitter ces lieux qui n'apparaissent plus hospitaliers pour des terres outre-Atlantique. Dans cet univers de guerre froide, Bernie Gunther est plongé dans un complot tortueux où il risquera sa peau.

Philip Kerr maintient la tension tout au long des 400 pages de ce polar historique. On demeure rivé à son texte. Même si la forme est parfois truffée de métaphores douteuses qui pourraient nous inciter à décrocher, l'intrigue est tellement prenante qu'on n'hésite pas à passer outre ce tic déplacé de l'écrivain.

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Kerr
Philip
La trilogie berlinoise 


lundi 5 septembre 2011

Homo erectus - Tonino Benacquista




Pour certains, il s'agissait d'un rendez-vous réservé aux hommes, où il était question de femmes. [T.B.]
Benacquista nous amène sur un terrain qui ne fait pas partie de ses champs habituels avec ce roman sur les rapports hommes-femmes vus, vécus, analysés et rendus par des hommes qui se rencontrent en des lieux secrets pour s'entendre, pour se dire. La confrérie comme certains nomment ce groupe n'est qu'un artifice pour rendre les expériences de trois hommes que tout distingue. Trois hommes dont les passés et les futurs n'ont aucun lien, mais qui, dans le présent partagent leurs émois. On a ici des histoires parallèles, des tranches de vies, des expressions de vécus, des pensées sur soi et sur les femmes et surtout sur les échanges, les chocs et les conflits que cela suscite.

C'est le livre d'une quête de l'Homme pour saisir le mystère féminin, une quête qui ne s'éteindra pas avec la dernière page du roman, tant s'en faut.

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Sur Rives et dérives, à propos de Benacquista, on trouve :

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Romanesque

31/01/2017

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Toutes les histoires d’amour ont été racontées, sauf une

06/12/2020

jeudi 23 juin 2011

Le crépuscule d'une idole, l'affabulation freudienne - Michel Onfray

J'ai rencontré Freud sur le marché de la sous-préfecture d'Argentan (Orne) quand j'avais une quinzaine d'années... [M.O]

Ce fut en grande partie une lecture de plage. On pourrait trouver qu'il s'agit d'un sujet et d'un texte de contenu trop sérieux pour l'associer ainsi à la brise du sud et au sable doux, mais la position du lecteur allongé devant l'infinie surface mouvante de la mer, enveloppé par le tumulte de l'onde constitue souvent un contexte qui prédispose à la réflexion et l'introspection que l'intrusion dans un tel texte commande. 

La préface m'a séduit. Onfray y décrit sa rencontre adolescente de trois livres et de trois auteurs qui auront une influence marquée sur sa pensée et sa démarche. Il s'agira de L'antéchrist de Nietzsche, du Manifeste du Parti communiste de Marx et de Trois essais sur la théorie de la sexualité de Freud. Il dit de ces rencontres : À quinze ou seize ans, je disposais d'un stock de dynamite considérable pour faire sauter la morale catholique, miner la machinerie capitaliste et volatiliser la morale sexuelle répressive judéo-chrétienne. De quoi faire la fête philosophique, et pour longtemps! Nous n'avons pas tous croisé ces auteurs à quinze ans, mais souvent des textes lus dans l'adolescence ont imprimé sur notre devenir des traces indélébiles.


Je ne reprendrai pas ici toute la polémique que Le crépuscule d'une idole a pu soulever en France. Au Québec, la vague a été nettement moins déferlante. La psychanalyse n'a pas ici l'espace privilégié que la France lui réserve.

L'argument d'Onfray : Freud a été un philosophe qui détestait la philosophie et les philosophes. Son oeuvre, tirée de ses expériences personnelles, n'est en rien scientifique et s'apparente plutôt à une catégorie subjective de psychologie littéraire ou d'autobiographie philosophique. Onfray démonte la statue de Freud et répond à quelques-uns des raccourcis que certains auteurs ont aménagés pour décrire l'oeuvre psychanalytique. Il se sert de l'histoire de Freud, pas nécessairement celle que ces hagiographes officiels ont voulu montrer. Il reprend l'histoire de la naissance du concept et en livre une critique radicale. Il le fait dans un style clair et explicite. Son écriture porte toujours cette signature de celui qui veut se faire comprendre. Peut-être qu'il abuse de la répétition des arguments et parfois, on sent la redite un peu appuyée. On passe toutefois au-delà de cette difficulté d'écriture, le propos étant tellement porteur.

Derrière l'affabulation freudienne, Onfray découvre et met en exergue la logique ecclésiastique de la psychanalyse avec sa doctrine, son pape, ses évêques et ses cardinaux, son rituel, son orthodoxie. Il montre à quel point la psychanalyse se veut telle une vision du monde totalisante ayant réponse à tout et proposant un concept, l'inconscient, qui permettra l'interprétation de la totalité de ce qui a eu lieu, a lieu et aura lieu. Freud n'apparait plus comme le libérateur que certains croyaient, mais plutôt comme un inhibiteur de l'investissement politique, comme le tenant d'une illusion indémontrable.

Onfray repose son texte sur une recherche imposante traduite dans une bibliographie commentée de près de 20 pages. C'est loin de n'être qu'une pierre lancée dans la mare, c'est une vision réfléchie et lucide du freudisme qu'Onfray nous livre.

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Onfray
Michel
Apostille au Crépuscule, Pour une psychanalyse non freudienne 

samedi 30 avril 2011

Deux et deux font-ils quatre ? - Didier Nordon

[Archives, Avril 2000]



En introduction, l'auteur nous annonce qu'il mélangera les genres. C'est effectivement ce qu'il fait en quatre parties et neuf chapitres. La structure générale en est affectée. Mais certains des chapitres recèlent quelques réflexions intéressantes de la part de ce mathématicien qui avoue s'être placé en marge de la recherche : réflexions sur la démonstration et ses étapes « évidentes », réflexions sur les mots des mathématiques et leur sens usuel, sur la vérité mathématique, etc. Autour de ces réflexions, on trouve de petits essais anecdotiques, des mini nouvelles plus ou moins heureuses. L'auteur n'aura pas par ce collage produit un grand texte, mais il valait tout de même la peine de le lire.

Un jour, à Cambridge, le mathématicien Godfrey Hardy (1877-1947) faisait un cours devant la poignée d'étudiants capable de le suivre. Le voilà qui écrit une énorme formule très compliquée au tableau, en disant: « C'est évident » . Soudain, il s'interrompt. Visiblement, quelque chose ne va pas. Il replonge dans une méditation intense et muette... Il lâche là ses étudiants, file dans son bureau, où on le voit marcher de long en large, en proie à la même méditation intense... Enfin, au bout de deux heures, il retourne dans la salle, avise la formule restée au tableau et déclare : « Oui, oui; bien sûr, elle est évidente ». Puis, il poursuit son cours sans plus d'explication!  (p.11)

dimanche 17 avril 2011

Ce que disent les morts - Philip K. Dick

Il y avait une semaine que le corps de Louis Sarapis était exposé, dans un cercueil de plastique transparent sécurit, à la curiosité d'un public qui ne cessait de défiler. [P.K.D.]
C'est une nouvelle de Philip K. Dick, c'est une nouvelle qui date de 1964. On y trouve le concept de semi-vie, un statut se situant entre la vie et la mort où le corps est maintenu pour être réveillé à l'occasion d'événement particulier. Mais, le corps de Louis Sarapis ne semble pas pouvoir être placé dans cet état. Pourtant, la voix de cet influent homme d'affaires se trace un chemin à travers le quotidien des êtres qu'il a connus. Et cette voix s'amplifie, devient envahissante au point d'accaparer toutes les ondes.

Cela donne une nouvelle, soit, mais une nouvelle de science-fiction un peu décalée.

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Dick
Philip K.
Le Maître du Haut Château