samedi 26 novembre 2016

Casse-pipe à la nation - Leo Malet et Tardi

[Archives Janvier 2006]
Nous sommes en mai. [L.M.]

C'est une aventure de Nestor Burma, ce privé au menton proéminent et à l'intuition vive, créé par Leo
Malet. Le dessin de Tardi nous replonge dans les quartiers de Paris avec un réalisme impressionnant. Les personnages sont tracés à la ligne, mais le décor est riche de détails jamais superflus. C'est Paris, rien de moins. Et l'univers de Burma établi par Malet est toujours un univers trouble, un univers mi-noir mi-blanc où l'anarchiste côtoie le petit truand. Il s'agit d'une série jouissive à la fois dans le dessin et dans son scénario.

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Sur Rives et dérives, à propos de Tardi, on trouve :

Tardi
Moi René Tardi prisonnier de guerre au Stalag IIB 

mercredi 16 novembre 2016

Le mystère Henri Pick - David Foenkinos

En 1971, l'écrivain américain Richard Brautigan a publié L'Avortement. [D.F.]
Quel est ce dieu hasard qui remet une fois de plus Richard Brautigan sur ma route alors que, par mes nombreuses années passées de lecteur, je ne l'avais aucunement croisé? Certains y verraient un signe. Pour ma part, j'y vois surtout de nouvelles opportunités de lectures.

Un élément fictif apparaissant dans L'Avortement (Brautigan, 1971), une bibliothèque de manuscrits refusés par les éditeurs, constitue l'élément déclencheur du dernier roman de Foenkinos, Le mystère Henri Pick. La bibliothèque en question a pris forme dans la réalité en 1990 à Burlington, Vermont, mais a depuis déménagé ses pénates à Vancouver, Washington, où elle loge dorénavant (http://www.thebrautiganlibrary.org/index.html). Foenkinos en imagine une nouvelle incarnation à Crozon en Bretagne où une bibliothèque réserve un certain rayonnage aux projets de livres voués à l'oubli. Une jeune éditrice y fait la découverte d'un manuscrit «Les dernières heures d'une histoire d'amour». Cela constitue le mystère Henri Pick. Henri Pick, l'auteur, était, avant sa mort il y a deux ans, un pizzaïolo de Crozon n'ayant pas manifesté de don particulier pour l'écriture. Ce manuscrit constituait-il son secret? Le titre de son roman qui établit un parallèle entre l'agonie de Pouchkine, ce poète russe mort à 37 ans, et les derniers moments d'un couple, entre en résonance avec les histoires en déclin des couples qui interviennent dans le roman de Foenkinos et, finalement, notre aventure de lecteur se propulse ainsi sur divers niveaux, de l'écriture du roman à sa promotion dans les médias en passant par les méandres de l'édition. Tout cela ayant comme toile de fond une enquête menée par un journaliste littéraire qui a fait son temps et un certain regard sarcastique sur le milieu du livre.
Selon lui, la question n'était pas d'aimer ou de ne pas aimer lire, mais plutôt de savoir comment trouver le livre qui vous correspond. Chacun peut adorer la lecture, à condition d'avoir en main le bon roman, celui qui vous plaira, qui vous parlera, et dont on ne pourra se défaire. [D.F.]
Les lecteurs se retrouveront toujours d'une manière ou d'une autre dans un livre. Lire est une excitation égotique. On cherche inconsciemment ce qui nous parle. [D.F.] 
 Il préférait converser avec la ville, c'est-à-dire marcher. [D.F.]

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À propos des écrits de Foenkinos, sur Rives et dérives, on trouve:


Foenkinos
David
Qui se souvient de David Foenkinos ? 
Foenkinos
David
Vers la beauté

lundi 7 novembre 2016

Kafka sur le rivage - Haruki Murakami

- Et pour l'argent, ça s'est arrangé ? demande le garçon nommé Corbeau. [H.M.]
Le site VendrediLecture dans son petit jeu du lundi soumettait le défi de décrire notre lecture à l'aide de six mots, ni plus ni moins. Lisant à ce moment-là Kafka sur le rivage, j'ai soumis « Conte initiatique, métaphore de la vie». (ici) Cela me paressait assez juste. Mais Murakami, dès les premières pages, nous offre aussi un résumé du roman :
Le jour de mes quinze ans, je ferai une fugue, je voyagerai jusqu'à une ville inconnue et lointaine, et trouverai refuge dans une petite bibliothèque. [H.M.]
Et pour la métaphore, qui revient tout au long de notre lecture, Murakami prend Goethe à témoin :
Comme disait Goethe, la création tout entière est une métaphore. [H.M.]
Je mettrais en exergue plein de passages de Kafka sur le rivage. C'est une lecture qui m'a accompagné pendant un bon moment, le roman fait un bon nombre de pages, mais elle a occupé aussi mes réflexions, mes regards sur moi et sur le monde.
Tout en ce monde est constamment en mouvement. La Terre, le temps, les idées, l'amour, la vie, la foi, la justice, le mal. Tout est fluide, tout est transitoire. Rien ne reste éternellement au même endroit, sous la même forme. L'univers lui-même est une sorte d'énorme service postal. [H.M.]
Montaigne, à ce sujet, n'écrivait-il pas : Le monde est une branloire pérenne. Toutes choses y branlent sans cesse [...] La constance mesme n'est autre chose qu'un branle plus languissant? Des siècles de distance, des mondes différents, et pourtant un regard semblable.
- Ce qui est en train de se passer n'est pas ta faute, dit-il. Ni la mienne. Ni la faute d'une prédiction ou d'une malédiction. Ni de l'ADN, ni de l'absurdité du monde, ni du structuralisme, ni de la troisième révolution industrielle. Si nous mourons et disparaissons, c'est parce que le monde repose sur un mécanisme d'anéantissement et de perte. Nos existences ne sont rien d'autre que les ombres projetées par ce principe. [H.M.]
Haruki Murakami est amateur de musique, amateur de jazz, de classique, de rock, amateur de musique, quoi. Cela est présent dans toute son oeuvre et à ce titre, Kafka sur le rivage ne fait pas exception. La musique nous accompagne, que ce soit Crossroads par Cream, une oeuvre pianistique de Schubert, du Duke Ellington, le trio « À l'Archiduc » de Beethoven avec Rubinstein, ou Sergent Pepper's Lonely Hearts Club Band parmi plein d'autres pièces. Certains ont fait des compilations des morceaux de musique qui parsèment l'oeuvre de Murakami, on peut y consacrer plusieurs heures d'écoute.
Un corbeau crie à tue-tête au-dessus de moi. Ce cri perçant serait-il un avertissement, à moi destiné? [H.M.] 
Par-delà le bord du monde, il est un espace où le vide et la substance se superposent, où passé et présent forment une boucle. [H.M.]
Est-il nécessaire que je précise que l'univers de Murakami m'a séduit? Je fais le souhait que vous le croisiez dans une lecture prochaine.

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À propos des écrits de Murakami, sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Murakami

Haruki

1Q84 

31/07/2015

Murakami

Haruki

La ballade de l’impossible

29/01/2018

Murakami

Haruki

La course au mouton sauvage

28/09/2022

Murakami

Haruki

Le Meurtre du Commandeur

26/05/2019

Murakami

Haruki

Le passage de la nuit

07/02/2017

Murakami

Haruki

L’éléphant s’évapore

27/07/2017

Murakami

Haruki

Les amants du Spoutnik

27/11/2019

Murakami

Haruki

L’étrange bibliothèque

21/10/2016


lundi 31 octobre 2016

C'était demain - Edward Bellamy

 [Archives Juillet 2007]
J'ai vu le jour dans la ville de Boston, en l'année 1857. «1857, dites-vous? C'est une erreur; il veut sans doute dire 1957.» [E.B.]
Voilà un livre que j'avais offert à mon fils après en avoir entendu une présentation par Normand Baillargeon, l'édition est d'ailleurs présentée et annotée par Normand Baillargeon et Chantal Santerre. C'est une science-fiction sociale et politique, une utopie idéaliste. Bellamy présentait dans un futur qui n'était pas si loin de lui une société fonctionnant selon des principes auxquels il croyait et qu'il défendait. Il a utilisé la fiction pour illustrer ce monde qu'il espérait meilleur et plus juste. Le procédé est efficace et il semble que Looking Backward a eu un effet considérable au moment de sa parution en 1887. Il demeure mystérieux que l'impact n'ait pas franchi le mur des langues et que le milieu francophone ait gardé aussi peu de traces de cet écrit.

vendredi 21 octobre 2016

L'étrange bibliothèque - Haruki Murakami

La bibliothèque était beaucoup plus silencieuse qu'à l'ordinaire. [H.M.]
Alors que je commente cette lecture d'il y a quelques jours, je lis Kafka sur le rivage du même Murakami, et je retrouve un jeune, une bibliothèque et un passage initiatique. La lecture de Kafka sur le rivage est toutefois moins déconcertante que celle-ci, pour l'instant. Mais, je crois savoir que chez Murakami, le fantastique se cache dans les replis du réel. L'étrange bibliothèque se loge presque entièrement dans un tel repli.

Un jeune garçon, amateur de lectures et de livres, se rend à la bibliothèque pour remettre deux emprunts récents, s'informant à propos de la recherche d'un nouveau livre, il est dirigé vers la salle 107 au sous-sol. C'est là que l'étrange entre en scène et que nous sommes conviés dans un labyrinthe cauchemardesque où on croisera un vieux bibliothécaire, un homme-mouton et une jolie fillette.

Cette lecture, agrémentée des illustrations de Kat Menschik, se fait dans un court laps de temps, mais cet espace de temps se trouve suspendu quelque part entre le rêve et l'imaginaire.
La nuit de la nouvelle lune se manifesta furtivement, sans bruit, comme un dauphin aveugle. [H.M.]
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À propos des écrits de Murakami, sur Rives et dérives, on trouve:

Murakami

Haruki

1Q84 

31/07/2015

Murakami

Haruki

Kafka sur le rivage

07/11/2016

Murakami

Haruki

La ballade de l’impossible

29/01/2018

Murakami

Haruki

La course au mouton sauvage

28/09/2022

Murakami

Haruki

Le Meurtre du Commandeur

26/05/2019

Murakami

Haruki

Le passage de la nuit

07/02/2017

Murakami

Haruki

L’éléphant s’évapore

27/07/2017

Murakami

Haruki

Les amants du Spoutnik

27/11/2019