dimanche 17 novembre 2013

Philémon, Le train où vont les choses... - Fred



Je sens le frais du fond de l'air au fond. (F.)
Avant de nous quitter, Fred nous a livré cette dernière rêverie de Philémon, cette dernière excursion dans l'imaginaire éclaté d'un bédéiste qui aura marqué l'histoire de la littérature du neuvième art. Le train où vont les choses, c'est la lokoapattes, cette machine qui se nourrit d'imagination (tiens, donc...). Mais, la lokoapattes est en panne, elle n'a plus accès à la vapeur d'imaginaire qui la fait avancer vers son destin. Philémon saura l'alimenter et c'est en bouclant sur sa propre aventure que la poésie émerge de cet ultime tome d'un voyage onirique qu'on veut sans fin.


__________________

Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Fred
Philémon


dimanche 1 septembre 2013

Petits meurtres entre mathématiciens - Tefcros Michaelides

Ou comment deux amis débattent de maths et d'amour dans le Paris de la Belle Époque.
Je fus réveillé par des coups insistants sur la porte d'entrée. [T.M.]
Si le prétexte policier se situe en 1929 à Athènes, l'essentiel de ce roman débute en 1900 à Paris où se tenait un congrès qui aura changé la suite des choses dans le développement des mathématiques. En effet, c'est à ce deuxième congrès international des mathématiques que Hilbert, mathématicien allemand de Göttingen, énonce une série de vingt-trois problèmes qui, selon lui, devraient faire l'objet des travaux des mathématiciens dans les années à venir afin de rendre les mathématiques plus cohérentes.
« Qui d'entre nous ne serait pas heureux de soulever le voile qui masque le futur, pour jeter un regard sur les progrès imminents de notre science et sur les secrets de son développement pendant les siècles futurs ! »
C'est lors de ce congrès que les deux principaux intervenants de ce roman, Michaël Igerinos et Stefanos Kantartzis, se rencontrent et que débute une amitié qui durera trente années. Les premiers moments de cette relation se jouent sur une toile de fond parisienne et artistique. En effet, nos jeunes mathématiciens côtoient la faune bohème de la butte Montmartre. Ils y croiseront Pablo Picasso, Toulouse-Lautrec, Max Jacob.
Les nombreuses discussions entre les mathématiciens et les artistes seront autant d'occasions pour introduire des éléments d'histoire des mathématiques. Si la trame policière est relativement faible, la richesse des évocations historiques vaut le détour. Petits meurtres entre mathématiciens occupe une bonne place dans ma bibliothèque de fictions mathématiques.
  « J'ai des souvenirs heureux d'un temps infini passé seul dans ma chambre à donner libre cours à mes talents artistiques douteux et à exécuter (à la fois de façon littérale et métaphorique) des morceaux de grands compositeurs allemands. »

mardi 25 juin 2013

J'écris comme je vis, entretien avec Bernard Magnier - Dany Laferrière

Dany Laferrière: Je suis du pays de mes lecteurs. Quand un Japonais me lit, je deviens un écrivain japonais.
Une incursion dans l'univers de Laferrière. Un regard qui se pose à l'intérieur même de l'oeuvre, un regard qui est celui que Laferrière porte lui-même sur ses écrits. Une lecture comme celle-ci impose et détermine une nouvelle approche que je devrais avoir de mes prochaines incursions dans la sphère de cet écrivain japonais


L'entretien abordera, il va sans dire, des éléments biographiques, les premières lectures, les auteurs influents, les processus d'écriture mais aussi des thèmes moins convenus tels la dictature, la francophonie, l'esclavage, le féminisme, parmi d'autres. 

Toutefois, ce que je retiens le plus de cette lecture c'est le projet qui s'intitule Une autobiographie américaine.

Cette longue autobiographie en dix volumes, si on la passait en revue livre par livre, non pas dans l’ordre de publication, mais dans l’ordre narratif. 
C’est un seul livre qui commence par cette simple phrase: «J’ai passé mon enfance à Petit-Goâve, à quelques kilomètres de Port-au-Prince» pour se terminer par «Le pays réel, monsieur, je n’ai pas besoin de le rêver». entre ces deux phrases, il y a près de trois mille pages dactylographiées avec un seul doigt. 
C'est ce projet, plus que tout autre, qui m'incite à me plonger à nouveau dans la réalité américaine de Laferrière.

______________

Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Laferrière
Dany
Journal d’un écrivain en pyjama 
Laferrière
Dany
L’Art presque perdu de ne rien faire 
Laferrière
Dany
L’énigme du retour 


lundi 24 juin 2013

Le magasin des suicides - Jean Teulé

C’est un petit magasin où n’entre jamais un rayon rose et gai. Son unique fenêtre, à gauche de la porte d’entrée, est masquée par des cônes en papier, des boîtes en carton empilées. [J. T.]

Surprenant, ce petit magasin qui se situe dans un avenir pas trop défini, mais post-cataclysme, semble-t-il. Surprenante, cette famille dont le mandat depuis dix générations est d'offrir à sa clientèle tout le nécessaire pour l'accompagner dans son suicide. Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort ! Les Tuvache offre ainsi des kits Alan Turing : L’inventeur de l’ordinateur s’est suicidé d’une drôle de manière. Le 7 juin 1954, il a trempé une pomme dans une solution de cyanure et l’a posée sur un guéridon. Ensuite, il en a fait un tableau puis il a mangé la pomme.
Le kit est décrit de cette manière :
— Dans cette pochette plastique transparente, vous voyez que vous avez une petite toile montée sur châssis, deux pinceaux (un gros, un fin), quelques tubes de couleurs et bien sûr la pomme. Attention, elle est empoisonnée !… Et ainsi, vous pouvez vous tuer à la manière d’Alan Turing. La seule chose qu’on vous demandera, si vous n’y voyez pas d’objection, c’est de nous léguer le tableau. On aime bien les accrocher, là. Ça nous fait des souvenirs.

Dans cet univers de désespoir, un être détonne. C'est le plus jeune, Alan, justement. 

Un drôle de regard sur le futur. Une approche déconcertante du suicide. Et, finalement, un conte qui se lit dans la joie...

__________________

Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Teulé
Jean
Le Montespan 

dimanche 23 juin 2013

Une histoire de tout, ou presque... - Bill Bryson

Si l'on imagine les 4,5 milliards d'années de l'histoire de la Terre comprimées en une journée, la vie commence très tôt, vers 4 heures du matin, avec l'apparition des premiers organismes unicellulaires, mais elle ne bouge plus pendant les seize heures suivantes. Ce n'est pas avant 20 h 30, quand les 5/6 de la journée sont déjà consumés, que la Terre a quelque chose à montrer à l'Univers : un simple revêtement grouillant de microbes. Puis apparaissent les premières plantes aquatiques, suivies vingt minutes plus tard par la première méduse et l'énigmatique faune australe de l'Ediacara. À 21 h 04, les trilobites font leur entrée en scène, suivis de près par les créatures des schistes de Burgess. Juste avant 22 heures, les plantes commencent à s'épanouir à terre - suivies peu après,deux heures avant minuit, des premières créatures terrestres. Grâce à une dizaine de minutes de douce température, à 22 h 24 la Terre est recouverte des grandes forêts carbonifères dont les résidus nous donnent notre charbon, et l'on distingue les premiers insectes ailés. Les dinosaures s'avancent lourdement sur la scène juste avant 23 heures, et ils la tiennent pendant environ trois quarts d'heure. Ils la quittent à minuit moins vingt et une et le règne des mammifères commence. L'homme émerge une minute et dix-sept secondes avant minuit. À cette échelle, la totalité de notre histoire connue tiendrait en quelques secondes, une vie humaine en moins d'un instant.[Page 407]

Ce sont des images comme celles-ci qui font, je crois, de l'ouvrage de Bryson, un grand livre de vulgarisation scientifique qui mérite de se situer parmi les essentiels. J'ai dévoré, le mot n'est pas trop faible, ses nombreuses pages qui m'ont fait réaliser une incursion pas banale dans l'histoire de l'Univers, de la Terre et de la vie qui s'y trouve. Bryson jongle judicieusement entre l'approche du concept scientifique et sa place dans l'histoire des sciences, et l'anecdote historique qui font des découvertes des œuvres incarnées de femmes et d'hommes réels. La lecture d'Une histoire de tout, ou presque... donne à l'œil qui regarde le monde une teinte distincte, un air éclairé.




____________________
Sur Rives et dérives, à propos de Bryson, on trouve aussi :

Bryson
Bill
Une histoire du monde sans sortir de chez moi