lundi 13 août 2012

Le sourire de la petite juive - Abla Farhoud


Cette nuit, j'ai rêvé que j'avais autant d'enfants que de livres. [A.F.]
Il est étrange de se retrouver comme acteur ou figurant au coeur même d'un livre qu'on tient sur notre table de chevet. Il est étrange que son décor habituel, notamment sa rue, fasse office de toile de fond à un ensemble de portraits, un ensemble de clichés ou plutôt de fusains, de personnages qu'il nous semble avoir croisés la veille ou l'avant-veille. Il est étrange d'avoir à lire cette série de dessins, parfois aux traits un peu forts, de résidants d'un bout de rue qui est mon cadre de vie depuis trente ans. Le double littéraire d'Abla Farhoud se livre et décrit les êtres dont elle partage un certain quotidien et quelques mètres de trottoirs. Son regard alterne avec celui de la petite juive, petite juive hassidim, dont, même après trente ans, on ne peut qu'imaginer la pensée tant sa communauté demeure en marge de la nôtre. On a ainsi devant soi une série de courts textes chacun cernant de façon plus ou moins précise l'univers imaginé ou recréé de quelques habitants d'une rue qui se situe à la frontière du Mile End et d'Outremont, à la frontière entre la réalité et l'imaginé.

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samedi 12 mai 2012

Makers - Cory Doctorow


Il y a de ces livres qui me poussent à arrêter de lire pendant un moment, qui nécessitent une digestion en bonne et due forme. Makers de Cory Doctorow en est.

C'est un livre qui va aussi vite que le présent, un livre un peu cynique, ce que j'apprécie rarement dans la littérature - il me fallait bien une exception.

Il y est question de la culture Maker, le Do it yourself de l'électronique, qui m'attire depuis un moment même si je n'ai aucun talent manuel ni de connaissance en électronique. Ce qui y apparaît dans toute sa gloire, c'est l'inventivité. De deux génies normaux, premièrement, des artistes, des créateurs. De la masse, ensuite, de tous ces gens qui ont des idées sans avoir les moyens de les réaliser, qui ont des talents complémentaires mais qui ne se rencontrent pas. On y voit un bouillonement rendu possible par une grande initiative capitaliste, la créativité propulsée par la logique du retour sur investissement rapide, de l'occupation précoce d'une niche de marché avant de se retirer aux premiers signes d'une compétition. Et l'humain, tout de même, qui ne baisse pas les bras lorsqu'il voit ce rêve, que Doctorow nomme le New Work, détruit par le mouvement capitaliste même qui l'a rendu possible. L'humain qui persiste dans une jungle qui n'est pas faite pour ses rêves, qui collabore, dans tous les sens du terme.

Dans ces mots transparaît également un thème cher à Doctorow, celui de la culture libre, ici principalement sous la forme de logiciel libre (qu'on peut librement utiliser, partager, modifier, etc.), qui est un des éléments qui s'oppose dans le livre à la mainmise du capitalisme sur la créativité. Justement, Doctorow rend Makers disponible librement (et gratuitement) sous forme de e-book.

Et puisque je me suis remis à lire, je vous parlerai peut-être prochainement, dans un tout autre ordre d'idée, de Gloire incertaine, de Joan Sales, sur la guerre civile espagnole en Catalogne.

lundi 13 février 2012

Fillion et frères - François Gravel

[Archives, Mai 2004]
Je ne sais plus ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas dans cette histoire, mais je sais que je parle toujours de lui, quelle qu'en soit la manière. [F.G.]
Il a encore réussi. François Gravel manie la phrase simple de manière efficace et sait raconter des histoires. Ici, c'est une histoire faite de milliers d'autres, plus petites, minuscules. Chaque événement est une histoire, et Gravel sait en jouer. Et c'est une part de notre Histoire qu'on retrouve dans les infimes épisodes que François Gravel nous dépeint.

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