jeudi 24 février 2011

Deux (ou trois) clips curieux

Dans une première série, on voit un groupe français Hold your horses interpréter 70 Million. La magie réside dans la réinterprétation ludique de quelques oeuvres célèbres du domaine de l'art pictural. Le groupe, le réalisateur et l'équipe technique ont réussi un beau clin d'oeil avec les quatre jours de tournage et les quelque 3 000 euros pour cette production.

Voici donc le résultat :


70 Million de Hold Your Horses !


Et le même clip commenté ici par le réalisateur David Freymond :


Chroniclip #4 -"70 million"(Hold your horses)-David Freymond




Dans un autre ordre d'idée, voici un autre clip. Cette fois-ci, il s'agit du groupe OK Go qui interprète This too shall pass.  Ici, c'est l'invention qui est en première ligne. Dignes amateurs des machines de Rube Goldberg (des machines inutiles donc indispensables qui sacralisent la réaction en chaîne), les 20 ingénieurs de ce vidéo auraient mis six semaines pour construire celle-ci.


"This too shall pass" de Ok go (Musique)





samedi 5 février 2011

Pourquoi je n'ai écrit aucun de mes livres - Marcel Bénabou

[Archives, novembre 1991]

C'est une relecture de ce petit livre en lequel je m'étais reconnu. Un livre sur l'impossibilité, l'incapacité ou le spasme d'écrire. Lorsque j'ai décidé l'an dernier de débuter cette petite chronique de mes lectures, n'était-ce pas un peu chercher par les livres des autres à me livrer à l'écriture? N'était-ce pas l'alibi pour remplir quelques petits cahiers de ma plume? Ce n'est pas de la littérature? J'en connais qui ont des fragments littéraires une idée assez généreuse. Je ponds un fragment par lecture et ce micro-texte, cette micro-critique subit par le fait l'influence de l'auteur en question. À chaque fois, il s'agit d'une nouvelle situation, d'un autre état d'âme, d'un nouveau rapport avec le livre que je ferme. Mais, à chaque fois aussi, c'est un premier jet dont la structure demeure évidemment simple. Je n'ai, par exemple, pas tenter d'écrire sous contrainte lorsqu'il s'agissait d'oulipien reconnu, comme c'est ici le cas.


Les premières lignes d'un livre sont les plus importantes. On ne saurait trop les soigner. Critiques et lecteurs professionnels avouent sans honte qu'ils jugent un ouvrage sur ses trois premières phrases. Si elles leur déplaisent, ils arrêtent là leur lecture et entament avec soulagement le livre suivant.
C'est ce cap dangereux que vous venez à l'instant de franchir, lecteur . [M.Benabou, p.11]
Ainsi, il est une règle non écrite qui veut que les écrivains, et à plus forte raison les non-écrivains, ne publient pas leurs non-oeuvres. [M.Benabou, p.13]
 Au commencement, une phrase très courte. Une demi-douzaine de mots seulement; des mots simples, les premiers venus, ou presque. [M.Benabou, p.25]
Plus tard, lycéen, je prenais soin d'acheter, en quantité toujours plus grande qu'il m'était nécessaire, des agendas, répertoires, registres ou simples carnets, dont la plupart restaient vierges : les vastes projets auxquels je les destinais s'accommodaient déjà fort bien, en ce temps-là, de ne pas dépasser le stade de projets. [M.Benabou, p.95]

dimanche 12 décembre 2010

Boris Vian

[Archives, novembre 1989]

Que dire de Boris Vian? À revoir la liste des livres du Bison Ravi que j'ai côtoyés, il est clair qu'il a exercé sur moi une fascination et cela depuis l'adolescence. Mon premier contact, ce fut, comme plusieurs, «L'écume des jours», une merveilleuse histoire d'amour. C'est ensuite «L'Automne à Pékin» que j'ai partagé avec Richard, qui m'a souvent accompagné dans mes découvertes des oeuvres de Vian. Vian, c'est le pianocktail, c'est le Major, c'est l'ermite, c'est Anne (quelle idée d'avoir un nom de chien!), c'est la trompinette, c'est Saint-Germain-des-Prés et le Tabou, c'est Ville-d'Avray, c'est le Déserteur, c'est la 'pataphysique, c'est l'ordre de la Grande Gidouille.

Vian, c"est ma première passion littéraire. C'est la puissance des mots sur l'imaginaire, c'est le pied de la lettre mis au service de la création. Il nous laisse une oeuvre multiple à découvrir sous des angles encore plus nombreux.

Il avait annoncé qu'il n'aurait jamais 40 ans. Il est mort à 39 ans, en 1959, mais on ne cesse de le redécouvrir.

Boris Vian, c'est aussi un oulipien par défaut ou un plagiaire par anticipation pour l'Oulipo (l'Ouvroir de littérature potentielle) que je ne découvrirai que quelques années plus tard.

Il incarne bien l'association littérature et musique que je me plais à considérer : sa trompinette, ses écrits sur le Jazz et la chanson.

J'aurai toujours du Vian à relire.

dimanche 28 novembre 2010

Voyeurs, s'abstenir - François Gravel

J'ai publié à ce jour quatre romans. (F.G.)
Cet auteur fictif (le narrateur) fait état des suites d'un roman (son quatrième) que nous ne lirons jamais, celui où il s'est inspiré d'un personnage de la sphère publique, Carl Vaillancourt, un
self-made-man québécois. Même si son « roman » le nomme Charles Pellerin, tout un chacun se permet de réagir à ce qu'il se permet d'inventer ou de relater de la réalité. On a alors droit à une série d'extraits de lettres, témoignages, courriels de gens qui veulent s'exprimer sur ce phénomène qu'a été Vaillancourt, sur la forme qu'il aura prise sous les traits de Charles Pellerin et sur les libertés que le narrateur-auteur aura largement emprunté.

François Gravel signe ici un roman différent, dont la forme n'est pas celle de l'histoire racontée, mais celle recréée par le reflet dans le miroir déformé que les lecteurs du roman nous présentent. Les différentes réactions auraient dû emprunter des écritures plus distinctes que celles qu'on retrouve ici. On sent trop souvent Gravel derrière la plume. Mais, on passe facilement par dessus cette petite entorse au style pour découvrir pièce par pièce l'univers de Vaillancourt et de l'être encore plus grand que la société avait créé autour de lui.

On aurait pu se lasser de cet artifice choisi par Gravel pour amener son sujet. Et pourtant, les courts extraits épistoliers sont autant des questions que des réponses et le voile demeure longtemps sur la réalité difficile à cerner de cet industriel et financier, amateur d'art religieux.

François Gravel a encore réussi à capter mon attention.

______________

Sur Rives et dérives, de Gravel, on trouve aussi :


Gravel
François
À vos ordres, colonel Parkinson

Gravel
François
Fillion et frères 
Gravel
François
La petite fille en haut de l’escalier
Gravel
François
Vous êtes ici


-->

lundi 11 octobre 2010

Logicomix - Apostolos Doxiadis, Christos Papadimitriou


- Une bien triste histoire! Et pourtant... (A.D.)

Logicomix
est paru en 2009 en anglais sous le titre Logicomix. An Epic Search for Truth. Il est alors le roman graphique no 1 du New York Times. C'est en effet un roman graphique de grande qualité, mais c'est surtout l'histoire d'une aventure intellectuelle hors du commun, celle d'une quête, la recherche et la crise des fondements logiques des mathématiques. Cela peut paraître un peu obtus comme thématique d'une bande dessinée, mais les auteurs ont fait le pari d'aborder cette lourde question qui prend place au tournant des XIXe et du XXe siècles sous l'angle des hommes et de leurs passions. Les auteurs avertissent les lecteurs en ouverture, il ne s'agit aucunement d'un traité de logique pour les nuls. C'est une histoire, juste une histoire en BD, une histoire qui fait intervenir autour de Bertrand Russel, un ensemble de logiciens, mathématiciens et philosophes (Cantor, Frege, Whitehead, Poincaré, Hilbert, Gödel, Wittgenstein, entre autres). Une histoire où les passions s'entrecroisent et où la logique et la folie se côtoient en tendant entre elles un fil qui n'est pas si ténu.

Comme mathématicien, je retrouvais là des personnages et des événements que j'avais autrefois croisés, des personnages et des événements qui avaient nourri mes propres passions. Il est normal que j'apprécie les revoir ici dans un univers de BD sans qu'ils soient caricaturés, sans qu'ils perdent leurs natures propres. Mais, j'aimerais bien savoir comment des gens qui ne se sont pas frottés à cette aventure philosophico-mathématique vivent la BD de Doxiadis et Papamiditriou. J'ai l'impression que les auteurs ont su comment faire de cette histoire de quelques-uns, l'aventure de la plupart. Chapeau aux concepteurs et aux dessinateurs (Alecos Papadatos et Annie Di Donna).

On peut lire ICI un extrait de Logicomix.

_____

Sur Rives et dérives, j'ai aussi commenté :

Doxiadis
Apostolos
Oncle Petros et la conjecture de Goldbach