mercredi 12 mai 2010

Le chiendent - Raymond Queneau

[Archives, mai 1991]

Les mots aussi sont des objets fabriqués. On peut les envisager indépendamment de leur sens. (p.186)
C'est le premier livre de Queneau (1933) et c'est déjà tout Queneau, c'est déjà quenellien à chaque page. Ce sont déjà les mots de Queneau et ses personnages qui sortent d'on ne sait où, qui prennent une dimension de plus le temps de sortir d'une foule de milliers d'individus. Et qui retournent à cette foule après avoir commenté de façon surprenante l'ensemble de leur histoire publiée dans le livre...
- C'est pas moi qui ai trouvé ça, dit la reine. C'est dans le livre.
- Quel livre? demandèrent les deux maréchaux errants.

- Eh bien, çui-ci, çui-ci où qu'on est maintenant, qui répète c'qu'on dit à mesure qu'on l'dit et qui nous suit et qui nous raconte, un vrai buvard qu'on a collé sur not'vie. (p.429)






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samedi 8 mai 2010

L'énigme du retour - Dany Laferrière

La nouvelle coupe la nuit en deux.
L'appel téléphonique fatal
que tout homme d'âge mûr
reçoit un jour.
Mon père vient de mourir.
(D.L.)
À la mort de son père, lui-même exilé,  Dany Laferrière sent le profond besoin d'effectuer un retour en l'île qui l'a vu naître, en l'île qu'il a quittée pour le Nord où il se réfugie maintenant. Il effectue un retour poétique tel Aimé Césaire dans Cahier d'un retour au pays natal. Mais le vers libre, le haïku et la prose poétique de Laferrière expriment la redécouverte d'un monde de souvenirs, l'expression d'un haïtien qui se remémore, en sachant dire ses mots à ceux du Nord, car il en connait la forme, car il en connait les repères. L'oeil de Laferrière est celui d'un expatrié qui renoue avec son passé, qui renoue avec sa famille toujours marquée par le départ du père, mais c'est aussi celui qui découvre où en est son coin d'île à la suite de régimes sans morale, ce coin d'île qui se vit dans l'expression vaudou, ce coin d'île qui se meurt, mais qui se dit toujours en vers. Je crois que L'énigme du retour mérite d'être lu plus d'une fois pour se dégager de l'anecdote et apprécier ce qu'il recèle d'universel, non pas que je doute de son efficacité, mais son monde est autre et on peut avoir besoin d'une deuxième lecture pour se faire à cette altérité.

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J’écris comme je vis, entretien avec Bernard Magnier 
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Journal d’un écrivain en pyjama 
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L’Art presque perdu de ne rien faire 

dimanche 18 avril 2010

La contrebasse - Patrick Süskind

[Archives, juillet 1990]

Un petit bijou d'écriture simple: un homme et sa contrebasse. On entend ses cordes vibrer. Autant celles de l'homme que celles de l'instrument.

J'avais offert ce livre à L. sans en connaître le contenu. Je ne crois pas avoir fait d'erreur. J'avais écrit un petit mot en page de garde, c'était à peu près ceci:
C'est en bois
Ça possède des cordes
C'est un peu plus gros
Mais, c'est presque une flûte.
En mémoire de nos duos.
À un vieil ami,
Longue vie!
Mais, pour revenir à La contrebasse, l'auteur du Parfum ne m'a pas déçu. Je me promets une lecture du Pigeon d'ici tôt.

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Le pigeon

dimanche 28 mars 2010

Bouvard et Pécuchet - Gustave Flaubert

[Archives, janvier 1991]
Exception : Dites qu'elle « confirme la règle », ne vous risquez pas à expliquer comment. [G.F.]
L'aventure de deux bonshommes à travers les méandres de la connaissance, deux bonshommes qui souffrent les attaques du scientisme du XIXe  siècle. Mais en font-ils les frais ou en sont-ils les émulateurs ? Flaubert s'est laissé aller à une critique cynique et cinglante au travers ses deux personnages qui passent et repassent de la crédulité à la lucidité sans qu'on s'en rende compte. La somme de travail impliquée par la recherche de la connaissance des deux commis, et par là même chez Flaubert, explique en elle seule l'admiration que certains oulipiens ont voué à cette œuvre. Le projet, s'il n'est pas typiquement oulipien, suppose toutefois une approche maniaque à la Perec. J'ai aimé.

samedi 27 mars 2010

Qui se souvient de David Foenkinos ? - David Foenkinos

Je ne sais pas si certains d'entre vous se souviennent de moi. (D.F.)
Moi, je n'en avais pas souvenir. Foenkinos, auteur et héros de cette autofiction, a publié pourtant un titre qui, il y a quelques années, avait marqué quelques points dans la vitrine libraire :  Le potentiel érotique de ma femme. Si ce titre ne m'était pas inconnu, j'aurais été bien en mal d'en nommer l'auteur. Et voilà cet auteur qui se met en scène, qui exprime sa difficulté de vivre son état d'auteur, qui décortique la recherche de l'idée qui s'est dérobée dans les allées d'un wagon de train entre Genève et Paris, qui vit devant nous une dépression romantique, qui glisse vers le désespoir, qui se cherche et repart vers Genève dans une quête presque aléatoire. L'écriture est légère et variée, Foenkinos nous amène dans un dédale de sentiments qui laisse voir son habileté à émouvoir. Je m'en souviendrai et j'irai sûrement jeter plus qu'un coup d'oeil au Potentiel érotique de ma femme.

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À propos des écrits de Foenkinos, sur Rives et dérives on trouve :


Foenkinos
David
Le mystère Henri Pick
Foenkinos
David
Vers la beauté